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Critique de Anatole64


Jusqu'à la page 322, ça va, puis :

Il s'agit donc, au contraire, de se diviser l'âme. de découvrir l'autre, tous les autres à l'intérieur de soi. Ces autres m'habitent : ils sont la somme de tous les individus que je ne suis pas. Ils cristallisent les vocations que j'ai manquées, les occasions que je n'ai pas saisies, les désirs que je n'ai pas pu assouvir, les possibilités que j'ai écartées, les choix que j'ai refusé de faire, les idées auxquelles je n'ai pas adhéré, les dogmes que je n'ai pas crus, les questions que je n'ai pas posées. Ils sont mes rêves et mes regrets, mes ombres et mes murmures, mes spectres et mes futurs. Et, tous ensemble, ils constituent mon anti-moi. Cet anti-moi, il m'appartient de ne pas l'ignorer. Mais d'exister face à lui. de cultiver, lui et moi, une relation d'amitié, c'est-à-dire d'opposition féconde. de dialoguer, de débattre, de combattre ensemble, avec et contre nous. Car « contre » et « avec », et sur ce point le latin et l'hébreu sont d'accord, sont des mots synonymes. Penser contre moi-même, voici ce qui me permet précisément de penser, d'exister avec moi-même. Mais avec un moi toujours absent, car toujours à venir. Il suffit que je m'écarte de ma conscience immédiate, que je renonce à l'idée d'être moi – que je cherche à me chercher. Alors, mon existence devient un lit de noce et un champ de bataille. Je « dé-coïncide » (François Jullien) de mon identité, je me dé-fusionne de ma présence au monde. Je confronte mon esprit à mon corps, mon corps aux autres corps, ces autres corps aux constellations d'autres esprits possibles, je questionne ces esprits à la lumière de mes instincts, mes instincts à l'ombre des concepts. Je désordonne. Je disloque. Je découds. J'entrelace. Je mets les antipodes en perspective. J'embrouille. Je tisse des noeuds de liens adverses. Je crée en ma conscience un grand cercle de vie.

Une exégèse serait la bienvenue.
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