Où l'on apprend que les époux Trotski quittent l'Europe vers un nouvel exil, ils sont inquiets.
Ils vont être reçus à Coyoacàn à la « Casa Azul » chez le couple
Diego Rivera –
Frida Khalo.
Où l'on se rend compte que dès leur première rencontre, Léon Trotski est ému par la beauté de Frida et son parfum envoûtant.
Où ils deviennent amants et que deux souffrances et deux épidermes se rencontrent.
Où l'on découvre que
Diego Rivera est un immense artiste aux fresques non moins immenses, chatoyantes et colorées.
Où, coquin de sort, on nous raconte que Frida est bisexuelle.
Où l'on est émoustillé par les rencontres amoureuses de Frida et Léon qui s'adonnent à des jeux sexuels débridés.
Où ça va coincer, Natalia, la femme de Trotski se doute de leur liaison.
Où nous sommes prévenus de la visite d'
André Breton et de son épouse, ce qui va compliquer les rapports des uns et des autres, le « trotskisme » ne faisant visiblement pas bon ménage avec le « surréalisme ». Frida compte les points.
Dans ces échanges, Trotski m'apparaît hypocrite et Breton décevant.
Où les trois couples (Rivera, Breton, Trotski) caracolent dans la campagne mexicaine à la découverte du patrimoine et surtout de leurs différences. Etouffant !
Où l'on est heureux pour Frida qui va s'aérer la tête et le reste à New-York, marre des incessantes tromperies de Diego ! La rencontre d'un ancien amant transi va la faire basculer dans un immense bonheur.
Où Diego apprend sa relation avec Léon.
Où Breton l'invite pour une exposition à Paris, mais ne s'en occupe pas.
Elle part.
Paris la déçoit, les Surréalistes la déçoivent, elle les trouve imbus de leur personne, elle croise
Desnos,
Aragon,
Eluard, ces hommes sont de « glace », inaccessibles, elle les surnomme « Grands Cacas ». Seul
Max Ernst et
Marcel Duchamp trouvent grâce à ses yeux.
Où, Jacqueline, la femme de Breton comprend son désarroi. Elles se déclarent leur désir déjà présent lors de leur rencontre au Mexique mais resté voilé. Elles s'abandonnent à leur amour.
Où l'on est heureux qu'enfin Frida puisse exposer à Paris et c'est grâce à
Marcel Duchamp.
Il lui trouve un galeriste avec lequel elle a une liaison et, un hôtel content de quitter l'appartement des Breton, la présence d'un enfant la perturbe, elle qui n'a fait que des fausses couches !
Tous ces déplacements sont rythmés par ses problèmes de santé, elle alterne sa vie trépidante avec de longs passages à l'hôpital.
Où Frida prend un transatlantique pour New-York toute à la joie après cinq jours de mer de retrouver Nick, un amant romantique. « Je vais me marier » lui déclare-t-il sans autre explication. Bien sûr, dès que tout va mal les ennuis de santé recommencent.
Revenue au Mexique qui lui manquait, Diego demande le divorce prétextant qu'il a d'énormes besoins sexuels et qu'elle a trop de mal à jouir. Quelle classe !
La meilleure défense c'est l'attaque, Frida accepte.
Où, l'on s'aperçoit que l'amitié entre Diego et Léon est bien consommé, à tel point que le couple Trotski quitte la « Casa Azul »
De son côté, Frida, qui a de plus en plus de mal à accepter la promiscuité avec Diego va s'installer dans la maison de son enfance, la fameuse « Casa Azul ».
Où l'on constate que son réel refuge c'est la peinture mais difficile à vendre. Trop de sang, trop de souffrance, trop de morts.
Au travers de sa toile « Les deux Frida», on sent toute la dualité de cette femme d'exception :
La femme aimée, la femme trahie, la femme heureuse, la femme désespérée, la femme forte, la femme épuisée par la maladie.
Où Frida sombre dans le cognac et la souffrance, alitée un poids de vingt kilos soulageant sa colonne vertébrale.
Son besoin d'argent est important, la bourse « Guggenheim » lui est refusée sans explication. Pas assez reconnue ?
Où Frida qui a besoin de voir du monde convie Léon qui, affligé par la guerre et ses trahisons, est aussi triste qu'elle. Ils rapprochent leur mal-être. Ce « chaud au coeur » de l'instant nous livre des vies en sursis.
La guerre fait rage en Europe. Mexico devient le refuge des européens chassés par le conflit.
Les surréalistes en tête.
Pendant que Frida s'étourdit en sorties et escapades avec des détracteurs de Diego, un attentat est perpétré chez les époux Trotski.
Où d'une biographie limpide on bascule dans un roman policier.
Qui a manigancé cette agression ? Des noms circulent, Frida est entendue par la police.
Trotski est indemne.
Frida est maintenant divorcée, mais Diego lui manque.
« Plus je souffre mieux je peins » déclare-t-elle.
A nouveau, Frida et Léon se rejoignent pour de longues entrevues où chacun déverse ses doutes et ses souffrances. Jamais Staline ne renoncera à l'assassinat de Trotski.
Où justement, ce jour là, Frida attend la visite de Léon, c'est la police qui fait irruption et sans ménagement l'embarque.
Où, un coup de piolet dans le visage envoie Trotski à l'hôpital, son agresseur est une ancienne connaissance de Frida.
Ce nouveau drame s'abat sur elle, elle est terrassée.
Léon est opéré, il ne survit pas.
Où Frida sombre dans une dépression accentuée par les douleurs atroces de sa colonne vertébrale. Elle ne peint plus.
Où, sur les conseils de son médecin-ami, elle rejoint Diego à San-Francisco où elle est hospitalisée, la vitamine doit impérativement remplacer l'alcool.
Il souffrait trop de la voir souffrir.
Un nouvel arrivant chamboule la vie de Frida, Heinz, présenté par Diego.
Où Frida en tombe immédiatement amoureuse. Malgré son état, leurs ébats au sein même de l'hôpital donnent un réel piquant et une excitation jamais ressentie par Frida.
Où, une escapade new-yorkaise heureuse avec Heinz ne suffira pas à affaiblir la force du couple Diego-Frida « monstres à deux têtes d'une même bête qui détruit tout ce qu'ils approchent ».
Où l'on est loin de s'imaginer que Diego et Frida vont se remarier avec les conditions que Diego accepte : Je vis de mes propres revenus, je paye la moitié des frais, plus de sexe entre nous et je baise avec qui je veux. Bigre !
Où l'on s'en doutait, les contrats sur le papier ne correspondent pas à leur application concrète. Si, en façade Frida est heureuse, dans son être, la solitude et la souffrance toujours, reste son quotidien.
Ses amants d'un jour ne sont qu'un exutoire à un malaise profond, sa colonne vertébrale l'oblige à de longues hospitalisations aux multiples opérations. Elle peint sur son lit de douleurs.
Un de ses derniers déplacements avant son amputation de la jambe se fera pour une exposition rétrospective dans un lit à baldaquin.
Où ces derniers voyages se feront à la Casa Azul, mais en rêve dans sa vie de cauchemar.
Quand son infirmière rentrera dans la chambre, elle cachera la bouteille de Brandy et lui fermera les yeux…
Où, pour finir, Diego disposera les cendres dans une urne et en mangera une poignée…
Où j'espère que ce résumé trop précis peut-être ne vous empêche pas de lire cette merveilleuse multi-biographie, le but étant de vous faire profiter de quelques ressentiments qui m'ont fait vibrer et, en fait vous transmettre l'envie de vous plonger dans tous ces sentiments ambivalents, dérangeants, extrêmes.