Après avoir lu "
Drood" l'an dernier, ce roman dans lequel
Dan Simmons joue avec la rivalité qui opposait
Charles Dickens à son ami
William Wilkie Collins, je m'étais promis de lire "
Profondeurs glacées". En effet, il est question plusieurs fois dans "
Drood" des représentations de cette pièce de théâtre coécrite en 1856 par Dickens et
Wilkie Collins. de plus, elle est directement inspirée de l'expédition dramatique de Sir John Franklin pour trouver le passage du Nord Ouest en 1845, expédition dont
Dan Simmons – lui encore - a tiré "
Terreur", un roman absolument grandiose ! Donc, autant de bonnes raisons pour boucler la boucle en découvrant cette oeuvre.
Mais j'ai été déçue. J'espérais un roman plus consistant avec des passages dramatiques relatifs à la désastreuse expédition de Sir John Franklin. En fait, j'avais oublié que ce court roman – presque une nouvelle – est au départ une pièce de théâtre, et qu'à ce titre, l'intrigue devait être montée de façon à pouvoir être jouée sur scène. D'où des scènes "figées" en intérieur pour la plupart - salle de bal, hutte sur la glace, hangar à bateaux – et une narration qui démarre au présent, précédée des didascalies de la pièce de théâtre originelle.
Et puis, deuxième déception, ce roman ne traite pas directement de l'expédition ratée de Franklin, mais s'en est inspirée pour se muer en une intrigue très romanesque avec des ingrédients chers à Dickens, l'héroïsme et la rédemption, et à
Wilkie Collins, le don de double vue, la vengeance et le suspense évidemment, sa "marque de fabrique".
Comme Michel le Bris l'explique dans sa passionnante préface, c'est une oeuvre qui a été profondément remaniée depuis sa création, d'abord par Dickens qui voulait en gommer les aspects scandaleux écrits par son ami
Wilkie Collins, puis plus tard par
Wilkie Collins qui souhaitait y rétablir certains thèmes du texte initial, comme le cannibalisme ou la lutte des classes. le roman tel qu'il nous est finalement parvenu me semble avoir bien pâti de cette guerre de pouvoir entre les deux écrivains jaloux l'un de l'autre. Malgré sa genèse intéressante, il reste un texte mineur dans l'oeuvre de
William Wilkie Collins.
Challenge XIXème siècle