J'aime les fresques, j'aime entrer dans la vie des personnages que je rencontre dans mes romans, j'aime quand un auteur me dépeint la société. Et j'aime les thrillers. Ah, puis j'aime les pavés aussi. Autant dire que ce beau bébé de plus de 650 pages avait tout pour me plaire.
Là où l'auteur est extrêmement fort, c'est qu'on rentre vraiment dans l'intimité des habitants de ce petit bled paumé qu'est Orient. Et à travers ses habitants, qu'ils soient là depuis des décennies (comme le paysan du bout du village, ou encore le prof de géo qui a enseigné à tous les enfants du coin) ou installés tout récemment (comme ces artistes pas assez riches pour acheter dans les Hamptons, ou le jeune paumé recueilli par un des habitants) on va voir un exemple miniature de la société, et bien évidemment de ses travers...
Non seulement on va pénétrer l'intimité de tous ces gens en même temps que Mills va découvrir son nouvel environnement, mais on va avoir une vision d'ensemble de leur façon de voir l'avenir et leur vie en tant que communauté. Entre les membres du Comité historique, fiers partisans du c'était-mieux-avant, les écolos paniqués par la présence de Plum, laboratoire d'expérimentations hyper secrètes du gouvernement, et les nouveaux riches habitants qui tentent de se faire une place, Mills a tôt fait d'être considéré comme un extraterrestre.
Alors, quand des cadavres d'animaux bizarres (aka = qui n'existent pas dans la nature) sont découverts, et que quelques décès suspects ont lieu dans la communauté, inutile de dire que le suspect numéro un, c'est de suite le nouveau venu dont on ne connaît rien, parce que c'était probablement un sacré délinquant avant de débarquer dans notre village où tout est rose. On n'est plus seulement dans une méfiance infondée, on arrive dans une suspicion clairement assumée, et on n'est pas bien loin de la peur juste parce que.
Si vous y voyez une allégorie de contexte socio-politique à base de flux migratoires, de murs ou autres élections, c'est votre problème. Moi, j'ai pensé à Battlestar Galactica et aux Cylons. (non) (mais, ça marche un peu quand même)
Au final, ma comparaison n'est pas vraiment foireuse, parce qu'au fur et à mesure qu'on découvre les sales petits secrets des habitants, entre tromperies, magouilles, inimitiés et mensonges, on tombe clairement dans le thriller, sans même s'en rendre compte. Et dans un thriller en huis-clos, où tous les voisins sont des suspects. Où tous pourraient être assassin. Pire, où beaucoup auraient d'ailleurs un bon mobile.
Chaque personnage a des motivations propres, des desseins, des traits de caractère bien spécifiques, et tout ça est un régal à lire.
Au final, si vous aimez les récits en huis-clos, si vous aimez vous immerger dans une communauté avec des portraits d'une grande finesse psychologique, et si vous aimez voir les gens devenir paranoïaques parce que l'impensable se produit dans leur quotidien, lisez
Long Island.
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