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3,93

sur 572 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est à travers otages intimes que je découvre cette auteure.

Etienne, photographe de guerre, revient à la liberté après avoir été gardé captif longuement.

Il constate qu'il ne suffit pas d'être vivant pour être libre, il se sent toujours emmuré dans sa mémoire traumatique et hanté, il est mal dans sa peau, les mêmes images reviennent en boucle : le mur, les visages meurtris par les violences de la guerre qui tue. Lui Etienne s'est tu ; cela le terrifie d'avoir si peu de courage.

Jeanne Benameur a beaucoup de talent grâce à un style d'écriture qui décortique les pensées, c'est parfois pesant mais tout à fait normal, elle nous rend « un peu » otage du livre…c'est son tour de force.

C'est chez sa mère qu'il va tenter de retirer les chaines invisibles qui l'enserrent. Elle le respecte, tout en étant à la maison, reste à distance, de ses longs silences à marcher dans la forêt. Il pense qu'il va parvenir à émerger tout seul, mais cela ne va pas se passer ainsi. Puis il retrouve ses deux amis d'enfance, Enzo qui est ébéniste et Jofranka, avocate à la Haye qui vient en aide aux femmes victimes de la guerre à verbaliser les souffrances endurées.

A travers des chapitres courts, l'auteur nous embarque dans cette amitié triangulaire hors du commun qui s'est enracinée dès leur petite enfance et petit à petit ces deux amis et avec l'amour maternel inconditionnel mais distancié, l'aident à s'ouvrir et s'autoriser à être libre.

C'est parce qu' ils sont parvenus à se parler sans faux semblants que cette amitié survit et les rend libres et non otages, pas d'entraves, que des cordages d'amour et cela j'ai beaucoup aimé et chacun reprend le cours de sa vie.
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Dans l'avion du retour, Etienne, photographe de guerre, laisse derrière lui une image qu'il n'a pas faite, lui ayant valu d'être pris en otage.

Cette image, il se la remémore : c'est celle d'une mère donnant des bouteilles d'eau à ses enfants, avant de fuir la ville à l'arrière d'une voiture noire. Une mère qui sauve la vie.
Sur le tarmac, une autre mère attend, la sienne, avec ses « soupirs suspendus dans le coeur ».
Mais de son retour de captivité, il laisse surtout une porte entrouverte sur une part d'ombre, qui viendra s'ajouter à une autre part, d'absence celle-là, de son père. L'incomplétude des êtres agit comme un leitmotiv dans ce roman, elle les aimante parfois, à l'instar des amis d'enfance d'Etienne : « La part absente ne peut contenir aucun amour. Chacun d'eux trois avait la sienne et chacun la jouait dans leur trio. »
Absences qui vont parfois jusqu'à s'inscrire dans leur propre itinéraire, comme Etienne lui-même, dont l'ancienne compagne se plaignait d'être prise en otage à cause de ses départs incessants...

C'est cette part d'otage en chacun de nous que Jeanne Benameur questionne, part que nous n'atteignons pas toujours.
Son écriture envoûtante sillonne dans ces zones d'ombre, elle dessine les contours du vide, de l'absence, de l'incomplétude, en creusant les non-dits, les silences indicibles.
Avec en filigrane une autre part d'ombre, essentielle celle-là, que tutoie la mère : « Celle qui a fait naître atteint cette évidence, dans une part opaque d'elle-même. Elle sourit elle pleure de joie et de longue fatigue, autour d'elle on se réjouit mais elle, elle a touché à l'endroit sacré : la vie et la mort ne sont pas unies, elles sont juste jointes, et elle n'aura jamais assez de ses deux mains pour prier. »
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Je dois vous avouer que j'ai une relation particulière avec les romans de Jeanne Benameur, presque intime. Cette auteure bouscule les codes, écrit des romans qui nous parlent de nous, mais aussi des livres pour enfants, des pièces de théâtre, des poèmes magnifiques, elle parle quelquefois aussi de sa terre natale, l'Algérie. Bref, le soleil vient dans ses mots perdus et parfois sombres, il y a de la lumière dans ceux-ci, parfois nous les retrouvons plus proches de nous en soulevant simplement les phrases comme des doigts qui effleurent les lames d'un store.
Jeanne Benameur parle de la vie, des vies intimes, forcément des nôtres, sinon pourquoi serions brusquement touchés dans l'effroi du coeur. Ici son roman Otages Intimes pourrait mettre une distance avec le lecteur car le récit nous éloigne de nous pour différentes raisons. Des raisons géopolitiques, des raisons psychologiques. Mais brusquement, nous entrons dans ce roman et comprenons alors pourquoi il est question d'intimité. L'empathie vient aussi parce que le lecteur est invité à se glisser dans les phrases du récit, la géométrie n'est pas toujours affaire de distance. Ici, brusquement nos pas hésitent, trébuchent sans doute encore, éblouis par le chemin qu'il reste à parcourir vers le récit, ce que l'auteure veut nous dire.

Étienne est reporter-photographe de guerre. Lors d'un reportage dans un lieu que le récit ne précise pas, il est enlevé, séquestré durant un temps très long, Combien de fois avons-nous observé des visages d'otages sur nos postes de télévision, visages figés, quasiment anonymes, effroyablement lointains de nos existences ? Malgré la compassion, ils nous ont paru si éloignés de nos vies ordinaires... Lorsqu'ils sont libérés, ils entrent dans cette lumière fulgurante des projecteurs durant quelques instants et puis après, plus rien... Que deviennent-ils ? Que font-ils de ce poids immense de cette captivité qui doit, j'imagine, continuer de peser si lourdement après leur libération ? Comment font-ils avec cela ? Je me le suis souvent demandé...

Plus tard, Étienne est libéré.... Et c'est là que nous entrons dans son histoire, puisque sans nous, point d'histoire. Que serait l'histoire de cet homme libéré, du moins libéré physiquement, si nous ne faisions pas brusquement irruption auprès de lui, l'écouter, écouter les battements de son coeur, regarder ses yeux éblouis qui contemplent la liberté revenue. Nous sommes presque éblouis comme lui.

C'est alors que tout commence peut-être pour Étienne, pour nous aussi. Pour les autres qui sont proches de ce dernier. Il revient au village de son enfance. Et nous aimons d'emblée les siens, notamment ses deux meilleurs amis d'enfance, Enzo, qui travaille le bois, joue du violoncelle et Jofranka, devenue avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerre. Lorsqu'ils étaient enfants, ils ont accompli un rite pour « mélanger leur sang ».

C'est un roman à plusieurs voix. Celles-ci nous emportent dans une histoire poignante. Comment revenir à la vie normale après avoir été otage, loin ailleurs, menacé d'être exécuté à chaque seconde ? Comment retrouver plus tard les siens au village le plus intime de sa vie ? N'est-ce pas un chemin pour mieux se retrouver ? Revenir à l'enfance ?

Jeanne Benameur nous amène avec sensibilité à nous interroger sur nos propres existences éphémères et fragiles. Celle d'Étienne est une manière de nous dire cela. L'émotion nous vient brusquement et c'est lorsqu'Étienne convoque l'enfance que nous comprenons l'instabilité sur laquelle, nous pauvres lecteurs, marchons comme sur un fil ténu entre la quiétude et l'impossible.

Nos vies sont éphémères et dérisoires et nous souhaitons les rendre grandes et infinies. Il faut sans cesse réapprendre la vie. Jeanne Benameur nous aide un peu à cela. Par un miracle qui lui appartient, sans doute à cause des mots mais bien plus encore, nous devenons intimes avec les amis d'enfance d'Étienne, avec son enfance, avec son village où il a grandi. Peut-être d'ailleurs avons-nous grandi ici, parmi ceux-là puisqu'ils nous sont devenus familiers. Sinon, comment comprendre que cette histoire nous touche aussi fortement... ? Mais l'acte fondamental du livre, c'est bien ce retour après avoir été otage.

Comment revenir après cela ? Peut-être que, grâce à ce livre, devenons-nous un peu intimes avec nos propres vies...

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Étienne, photographe de guerre, a été kidnappé pour servir d'objet d'échange. L'auteur aborde dans ce livre les traumatismes de la guerre, les dégâts de la violence et de l'enfermement avec lesquels on doit vivre, après. L'évocation du confinement, par des phrases courtes, ciselées est telle que j'ai dû suspendre ma lecture plusieurs fois pour sortir de l'angoisse et de l'étouffement. Étienne choisit de renouer avec son enfance pour revenir au monde, à la vie. Il ne sait pas que par sa quête il va, comme par miroir, faire émerger chez sa mère et ses amis leur part à eux, d'otage. Chacun va y faire face, va dénouer le fil pour se réapproprier cette part et devenir enfin entier et libre.
Chaque lecteur est interpelé par cette question « quelle est la part d'otage en chacun de nous ? » et le processus de libération va s'étendre loin au-delà des seuls personnages de ce livre. Il en est d'ailleurs question aussi dans ce livre dans le récit de ces vies croisées. C'est un beau cadeau que nous fait Jeanne BENAMEUR, car il conduit à la vie pleinement vécue si nous acceptons de faire le chemin.
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Être otage, c'est être une monnaie d'échange.
Être otage, c'est être privé de liberté pour la valeur que l'on représente.
Être otage, c'est aussi être prisonnier de ses émotions, de ses valeurs.
Étienne est photo reporter de guerre. Il a vu le sang et les larmes, il a côtoyé la mort, il a été témoin des mille souffrances des civils victimes de la barbarie.
Avec beaucoup de pudeur et de poésie, Jeanne Benameur nous raconte le retour à la liberté d'Étienne, otage détenu pendant plusieurs mois. S'il retrouve sa liberté d'aller et venir, il ne ressent pas la liberté d'être.
C'est dans son village natal, près de sa mère et de ses amis d'enfance, qu'il va franchir la barrière mentale qui l'a toujours empêché d'être lui-même, otage de ses sentiments, de son respect des conventions.
Par petites touches, dans une profondeur émotionnelle qui submerge le lecteur, l'autrice écrit dans le respect de ses personnages, leur porte une tendresse infinie. Elle les mène vers l'éblouissement de la vie lorsque l'on a rompu ses chaînes.
C'est de toute beauté.
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Etienne, photographe de guerre pris en otage vient d »être libéré et rentre dans son village natal où vivent sa mère et son ami d'enfance.
Les personnages sont forts et attachants. L'analyse des personnalités est profonde.
Une multitude de thèmes est abordée, toujours avec délicatesse comme sait si bien le faire Jeanne Bénameur, de son écriture scandée qui est si proche de la poésie..
Elle parle, par l'intermédiaire de ses personnages, de liberté, de guerre et de violence , d'amitié et d'amour, des liens familiaux…..
Et puis, comme souvent, elle parle des mots, des mots qui hantent, qui ensorcellent.
A travers des histoires différentes, Jeanne Bénameur nous plonge à chaque fois dans l'émotion, dans la réflexion, dans la complexité des mots et de la parole.
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Je suis vraiment séduite par cette lecture.
Les critiques sont mitigées, tranchées, ...
J'étais à la fois dérangée par les situations, les récits douloureux et c'est raconté de manière tellement douce...

Le récit commence par les dernières heures de captivités d'Etienne.
Ensuite son retour chez sa maman, ses retrouvailles avec ses amis et surtout revivre.

Comment vit-on l'après captivité?
Savourer un lit, une odeur, ...
Le silence au début dérange, tellement il était présent lorsqu'il 'était enfermé.

Que sont devenus les gens qu'Etienne a laissé, ceux qui l'ont attendu?

Ma première lecture de cette auteure sans aucun doute pas la dernière!!!!

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Après des mois de captivité dans un pays déchiré par la guerre menée contre les islamistes, Etienne, photographe de guerre est libre, ou plutôt libéré car, enfin, comment peut-on se sentir libre après LA captivité.

« Depuis, c'est l'entre-deux. Plus vraiment captif, mais libre, non. »

Est-ce qu'il aura toujours peur, si à l'intérieur, la mort a fait son travail en faisant de lui une marchandise ?
C'est un subtil texte poétique et pudique à vous en couper le souffle que nous offre jeanne Benameur, doux comme une caresse, pudique comme un retour à la vie.

Jamais un mot trop fort ou trop dur. Tout est subtil, équilibré comme une musique d'enfance qui ramène Etienne dans sa campagne natale auprès de ses amis, de sa mère.

Les gestes du quotidien sauvent un peu, les paroles n'aident pas vraiment, et tous le comprennent assez vite.
C'est mieux comme ça. Ne pas insister ; le corps est un labyrinthe plein d'écho qui laissera entrer la nature, les notes. Les silences ont aussi toute leur place, là.

L'écriture intimiste sur le retour de cet otage qui vient bouleverser l'existence de ceux qui l'ont attendu, nous susurre qu'il faut, malgré tout, retourner au chaos du monde, et qu'il est bien douloureux de se poser quand on n'a jamais cessé d'errer.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui explore magnifiquement le thème de l'intime et qui montre que l'otage n'est pas toujours celui que l'on croit, et que nos existences, comme le texte, avancent sur un fil, perpétuellement en équilibre instable.

Lien : http://justelire.fr/otages-i..
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Jeanne Benameur écrit sur l'intime des personnages en s'attachant aux mots pour qu'ils soient au plus près des sentiments. Elle évoque ici ce que l'emprisonnement a laissé comme traces sur Étienne, journaliste, otage d'un pays ravagé. A travers lui d'autres otages se livrent : sa mère, ses amis, son ex, tous ont vécu l'enfermement de leurs ressentis, sentiments.

Avec délicatesse elle raconte les conflits, les absents, un regard croisé avec une inconnue mais aussi le lent travail de reconstruction, sur l'intime, sur les blessures de l'âme.

Un roman où se côtoient l'amitié, la musique, l'amour, les questionnements, la nature, l'enfance car finalement tout se rejoint, se mêle, pierre après pierre sur le difficile chemin de la reconstruction impossible.
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Un court roman pour parler de l'intime, de l'après. Que vit-on quand on a vu l'horreur jour après jour, quand on s'est cru perdu à jamais ? Peu de personnages mais une résonance de voix qui exprime le retour, la vie, la liberté.
J'ai bien accroché avec le style même si toutefois l'histoire ne m'a pas vraiment plu. En 2020 je lirai sûrement d'autres livres de Jeanne Benameur que je découvre ici.
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