Quel bouquin ! Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer … Tout est passé à la moulinette de l'ironie ou du cynisme (s'est selon) : liens familiaux, amour conjugal, amitiés, fiançailles, … le cynisme a trop souvent mauvaise presse et c'est dommage, car le terme est péjoratif et on en accuse indifféremment tous ceux et celles qui, par l'humour, les railleries ou l'ironie, ridiculisent notre société. Malheureusement, cynisme et ironie sont généralement confondus. Cette dernière, utilisée abondamment par l'industrie du spectacle et les médias. Ce genre d'humour souligne l'impuissance des individus sans offrir de moyen de s'approprier l'espace sociétal ridiculisé. Il dépossède ainsi la majorité des gens de toute emprise et de tout pouvoir. Face à la morale dominante qui ne permet plus qu'on se moque de tout,
Daniel Bastié dézingue tous azimuts. Au fil des pages, on retrouve une belle-mère qu'on incinère pour être débarrassé d'elle, une autre qui revient par le tube cathodique et une dernière dont on utilise les cendres pour en faire une litière pour les chats. Quant à la bague de fiançailles, elle est ingérée pour ne pas passer entre les mains de voyous et récupérée quelques jours plus tard de la manière dont on devine. le reste est à l'avenant ! Comme c'est plutôt bien rédigé, le tout passe sans problèmes. Reste à ne pas placer ce volume entre les mains de trop jeunes lecteurs, car c'est parfois un peu « sexe ». Voilà un extrait :
« Deux jours se sont écoulés sans nouvelles de qui je sais. Encore un mufle qui administre des camouflets aux filles qu'il croise ! Il n'a pas de couilles ou, alors, je ne corresponds pas au profil qu'il attend. Il pourrait au moins m'envoyer un SMS ou venir sonner à ma porte. Il commence à m'énerver et je sens des fourmis me taquiner les mollets. Il s'agit d'une expression ! Je pourrais tout aussi dire qu'il m'exaspère, que je n'en peux plus des mecs de sa trempe qui s'amusent à jouer avec le coeur des femmes et qui les prennent pour ce qu'elles ne sont pas. J'irais bien lui asséner un uppercut qui l'enverrait valser contre un mur. Alors que je sens grimper dans mon ventre un feu intense, mon portable vibre, accompagné d'une petite musique que je suis allée capturer sur le Net et qui me fait du bien chaque fois que je l'entends.
- Allo ?
- C'est moi !
Je reconnais immédiatement le timbre un peu grave de sa voix. Presque enroué. Je pare au plus bref :
- Alors ?
- Je t'emmène souper demain midi. Comme c'est samedi, je suppose que c'est OK.
Pas besoin de tergiverser. J'assure d'un oui tonique
- Pour ce que tu as demandé … j'ai bien réfléchi. Dans la voiture, je te banderai les yeux. Tu es partante ?
Avec un gars que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, je me serais défiée. Par contre, suivre aveuglément un type qui vous a tapé dans l'oeil depuis belle lurette ne peut faire aucun tort.
- Je serai prête pour douze heures. Parfumée et bichonnée comme une princesse.
Je me laverai aussi les fesses, au cas où ? Je sais déjà quelle robe je vais enfiler. La noire, avec des épaulettes et un décolleté qui s'échancre pour mettre mes seins en valeur. Dire que je compte les minutes est un euphémisme. »