Ne vous y trompez pas.
Jean-Luc Bannalec n'est pas un auteur de romans policiers Breton comme son nom pourrait le faire penser. Jörg Bong, son véritable patronyme allemand, a en effet pris un pseudo pour écrire ses ouvrages qui tous ont pour cadre la Bretagne.
C'est cette particularité qui m'a conduit à choisir "
Enquête troublante à Concarneau" lors de la dernière Masse Critique. Après nous avoir conduit successivement à Pont Aven en 2014, puis aux Glénan, à Guérande, à Tregastel, l'auteur nous propose une balade dans la ville-close.
Les enquêtes du commissaire Dupin sont devenues une véritable success story en Allemagne depuis que la télévision en a fait une série policière. Un énorme engouement qui s'est confirmé au fil des épisodes au point que chaque été de nombreux touristes font le voyage, comme un pèlerinage, avec en main leur bible consciencieusement annotée pour marcher sur les traces du "Kommisar" Dupin.
Rien d'étonnant car cette enquête à Concarneau, Konk-Kerne en breton, est avant tout un magnifique catalogue des beautés de la région. L'auteur ne nous épargne aucun lieu touristique au fil de l'enquête : La Torche et Pors Carn plages réputées les plus belles pour pratiquer le surf, la presqu'île du Gabellou, le port de Trévignon, les criques de Beg-Meil véritables cartes postales et bien sur Concarneau. Voulez-vous de bonnes adresses ? Il vous indique les brasseries l'Amiral ou Chez Hops où l'on peut boire la Storlok, bière locale, sans oublier l'Armorik le whisky breton, l'eau-de-vie de cidre Lalambig, ou plus sobrement l'eau minérale de Plancoët.
Les fins gourmets ne sont pas oubliés. Voilà la saucisse de Molène et les pédoncles pour un fameux ragout, le saucisson secs black angus, les bisques de homard ou les palourdes des Glénans que vous pourrez déguster au restaurant Les Sables blancs, ou au Ty mab de Douarnenez, à moins que vous préfériez la Corniche , la meilleure sandwicherie du monde (sic) pour déguster comme le commissaire Dupin le sandwich standard : pâté de porc, tomates, cornichons croquants et salade fraîche.
Dans cet Éden on en oublierait presque que nous sommes dans un roman policier et qu'il y a un cadavre. Celui du Docteur Chaboseau qui a eu la mauvaise idée de faire le grand saut à travers la baie vitrée de son bureau personnel situé au quatrième étage de sa demeure.
Une enquête difficile pour le Commissaire Dupin car les suspects sont nombreux, à commencer par la veuve qui semble peu troublée par le décès de son époux.
Le docteur était aussi un homme d'affaires et dans ses divers investissements ses associés pouvaient trouver un avantage à sa mort.
À moins que la clé de l'énigme ne se trouve dans le passé. Les placards ne gardent pas toujours les cadavres. L'heure des comptes avait peut-être sonné....
Ce roman policier terroir m'a évoqué mes lectures passées, la collection "Spécial police" qui me permettait d'explorer la France du Nord au Sud, d'Est en Ouest, où il était question d'héritage, de rivalités commerciales dans des PME, de rancunes familiales, de jalousie à l'ombre d'un clocher, de serments devant une tombe.
Jean-Luc Bannalec y a rajouté une touche plus moderne. Un air de vacances, qui rend ce récit plus léger. On parvient au bout des 338 pages pour ne garder en mémoire qu'un moment de congés au bord de la mer sous un parasol , détaché du meurtre, comme on aurait pu le découvrir dans un entrefilet du Télégramme.
Je remercie Babelio pour l'organisation de cette nouvelle masse critique.
Merci aux Éditions des Presses de la Cité pour cette excursion en bord de mer en cette période de confinement. Un peu d'air iodé, comme le dit la chanson : c'est bon pour le moral.