Mrs Wilkins a beau habiter dans un quartier résidentiel de Londres, Hampstead (vu dans Quatre mariages et un enterrement), son mari, qui la trouve moche et sotte, lui conseille d'économiser (une poire pour la soif) et de ne pas dépenser en fringues. de toute façon, elle est moche, dit-il.
Elle lit une annonce dans le Times :
« Petit château médiéval. Italie. Glycines et soleil, à louer au mois d'avril. »
Franchement, un château, ce n'est pas pour elle, pourtant elle repère une autre femme qui lit la même annonce, et prend sur elle pour l'aborder.
Elle qui se prend pour une nulle s'exalte soudain, fait douter Mrs Arbuthnot de sa santé mentale, puis la persuade que passer un mois en Italie, avec sa poire pour la soif, ce serait idéal.
Le soleil, les glycines.
Sortir de la vallée de larmes de la vie.
La poire ne suffisant pas elles invitent deux autres participantes, Mrs Fischer et Lady Caroline.
Mrs Wilkins voit le bonheur qui peut lui advenir.
Mrs Arbuthnot, grenouille de bénitier, à l'idée de partir au soleil, « éprouvait de mélange de bonheur, de remords et de crainte qui est d'ordinaire le privilège des femmes adultères ». Sauf que son mari ne vit pas vraiment avec elle, il écrit et n'a pas le temps de rentrer chez lui.
Mrs Fischer est une vieille femme radine jouant sur ses rhumatismes pour obtenir la meilleure chambre. Elle restera tout le mois ou presque, campée sur ses positions des convenances à tenir, et sous le prétexte qu'elle a connu Tennyson, Carlyle,
Ruskin…elle s'arroge la meilleure place.
Lady Caroline est jeune, blasée de tout et surtout de l'amour qu'elle suscite par sa beauté. Elle veut qu'on lui foute la paix, point.
Ces quatre femmes doivent donc se partager un château, avec toutes les difficultés et les doutes que cela comporte. Heureusement, le domestique basané qui les as accueillies « a oublié de les assassiner ».
Un arbre de Judée, des capucines, des brassées de lys blancs, des cyprès, le soleil, le ciel bleu et la mer avec vue sur Gènes : cette beauté absolue de la nature va influer sur chacune des femmes et les aider à s'ouvrir, à prendre conscience, l'une, Mrs Arbuthnot, appelons-la Rose, de sa bigoterie qui a éloigné son mari, l'autre, lady Caroline, de son égoïsme d'enfant gâtée, enfin Mrs Fischer, des vieilleries dont elle s'entoure en ne parlant que du passé.
le bonheur s'installe, avec rebondissements, l'humour « so british » toujours présent pour typer l'une et l'autre, car typées, elles le sont, enfin, le bonheur, vu par Mrs Wilkins, dont le petit nom sonne beau : Lottie.
Elizabeth von Arnim, plus de vingt ans après « Elizabeth et son jardin anglais » réédite la force des jardins à changer la vie et l'esprit.
Un enchantement, ce bouquin.
Un petit clin d'oeil Thrinecis et à Sylvie @Toscane , qui m'ont gentiment invitée.