L'auteur
Antoine Hubert est un auteur wallon (Namur). Il aime beaucoup le Mexique. le livre porte sur la beauté du pays, mais aussi sur les abus. Ils sont encore pires que ce que je imaginais.
Pourtant, il ne faut pas oublier que malgré tout ce qui va très mal au Mexique,
Antoine Hubert continue de choisir d'y vivre. Il vit à Guadalajara, où se déroule une partie de l'histoire, au pied du volcan Tequila. Il a reçu le prix Rossel pour son premier roman "
Danse de la vie brève".
Histoire
Dans son journal intime, une jeune femme (Melitza, 23 ans) raconte ses expériences, ses sentiments et ses réflexions qu'elle vit depuis environ un an, en compagnie de son père, et d'un personnage mystérieux, probablement chaman, ou du moins issu de cet environnement. Les entrées du journal intime ont été publiées et annotées par son père. Pendant la période qu'elle écrit ce journal, Melitza raconte ce qui lui est arrivé
comment elle a été violée par la police, et pourquoi ils ont dû s'enfuir par la suite. Ils se retrouvent dans un endroit paradisiaque. Mais plus tard, ils se retrouveront dans une grande révolute insurrectionnelle qui a lieu à Oaxaca.
Style
L'auteur se met à la place d'une jeune femme, et sait parfaitement saisir ce ton. Même lorsqu'il laisse le père écrire, cela ressemble exactement au style d'un père de fille. le ton est poétique, un peu philosophique, parfois avec de très belles pensées philosophiques.
L'auteur a bien fait de faire connaître toutes les facettes du Mexique au lecteur. le livre débute par l'horreur, qui est suivie d'une longue période dans une nature merveilleuse, où l'on peut lire sur la beauté du Mexique, puis, retour à l'horreur...
Mais même dans les pages horribles, on remarque que l'auteur aime beaucoup le Mexique. Comme le livre est écrit par un Namurois qui vit au Mexique. l'auteur sait très bien ce que nous connaissons et ne connaissons pas de ce pays.
Et le père donne sa fille Melitza une éducation libre : elle apprendra à connaître la vie tout en la vivant. C'est ce que fait Melitza, elle nous en parle et nous apprenons ensemble.
Sage mais naïf
Le père de Meltiza est philosophe et lui, ainsi que sa fille, ont une vision tendre et humaine du monde et de l'autre, mais en même temps de nombreuses réflexions profondes - celles-ci ne submergent pas le lecteur, elles ne surgissent qu'occasionnellement.
Mais j'ai aussi constaté que la philosophie devient parfois de la naïveté. le Mexique, pays de la drogue et des chamans, a produit de nombreuses recherches sur le cerveau qui étaient intéressantes. Mais cela ne signifie pas que "chaman" est automatiquement synonyme de "bon" et de "grande sagesse". Ici et là, je sens que l'auteur est un peu plus enclin (ou juste désireux ?) que moi à la foi, bien que de façon très modérée. Il semble aussi être partisan d'une éducation libre. Pour cette histoire, cela donne un beau résultat : le lecteur peut apprendre avec Melitza. Mais dans la vie réelle, une éductation libre ne donne que des enfants difficiles...
Le Mexique, waw !
L'histoire nous fournit une description du Mexique merveilleusement beau, de la nature, mais aussi des Indiens, des chamans, des traditions.
Mexique la république bananière
Cela contraste fortement avec l'autre facette qui nous est présentée : le république bananière qu'est le Mexique. Les cartels de la drogue, et les cartels de la police, la cruauté dans les deux (je savais que c'était mauvais, mais je ne savais pas que c'était si mauvais), les mauvais soins médicaux, le soulèvement populaire (qui ne mène à aucun changement) dans lequel les gens ont des idéaux, mais que les autres utilisent pour se venger et tuer qui ils veulent dans la confusion... Les lynchages du peuple.
À la fin du livre, vous savez que vous ne pouvez faire confiance à personne : ni aux criminels, ni à la police, ni à la politique, ni aux idéalistes, ni aux révolutionnaires, ni au "peuple", et même le chaman a un rôle douteux.
Il y a encore la belle nature, dont nous savons qu'elle est détruite par ceux qui détiennent le pouvoir et l'économie.
Ce livre est dédié aux journalistes
Les journalistes sont assassinés tout le temps au Mexique. Ce livre est dédié à un journaliste qui voulait filmer le soulèvement populaire d'Oaxaca, mais qui a été assassiné pendant le tournage.
Actualisation
N'oublions pas que depuis que le livre a été écrit, la situation a déterioré encore au Mexique : d'abord le coup dur des sanctions économiques établies par Trump.
Et maintenant en plus, le coronavirus qui sévit fortement.
Décidément, cela ne semble jamais s'arrêter pour ce pays tellement beau.