[1877] Après voir travaillé tout sa vie dans une mine, un homme refuse de la quitter et s'y installe avec sa famille, décide de la faire rouvrir et d'y fonder une ville. Des incidents mystérieux surviennent...
[1879] Opposition et rivalité d'une cité utopique fondée pour que les travailleurs d'une usine puissent y vivre (un peu comme La Saline d'Arc-et-Senans) et d'une cité faite pour mater ses ouvriers.
[1887] La terrible Ayesha, ou "Elle", vit dans une cité ancienne et cachée que les héros s’évertueront à découvrir. Roman d'aventures, roman d'amour, à lire de préférence à l'adolescence, sous peine d'être déçu par l'histoire et les personnages.
[1892] Hanté par le deuil de son épouse, Hugues Viane parcoure une ville empreinte d'une grande mélancolie qui se confond avec le souvenir de la défunte. Cette longue nouvelle (ou court roman, comme on voudra) reste aujourd'hui un des marqueurs de la littérature symboliste.
[1895] Théâtre. Mais théâtre ésotérique, Joséphin Péladan ayant été le fondateur de la Rose-Croix. Pour ceux qui ont lu les quatre premiers tomes d'Adèle-Blanc-Sec, il y est fait allusion à Péladan dans Le Démon de la Tour Eiffel, lorsqu'Adèle se rend au théâtre pour voir une pièce nullissime qui a pour cadre la Mésopotamie (et où Pazuzu est outrageusement présent). ;)
[1895] Carcosa n'y fait que de brèves apparitions sous forme d'allusions et de citations, mais elle habite les âmes dérangées des personnages. Car même loin de la mystérieuse Carcosa, les villes modernes où circule, sous le manteau, le livre "Le roi jaune", laissent déferler la folie via cet ouvrage maléfique.
[1903] La cité mystérieuse dont il est question ici ne constitue pas le sujet du roman et n'apparaît qu'en aparté, vers la fin du récit. Je n'en dévoilerai pas plus.
[1915] Prague y prend des allures de labyrinthe inquiétant, fantastique, fantasmé. Le lecteur, en suivant le parcours à la fois onirique et spirituel du personnage principal (pas évident à identifier) s'y perd invariablement. Une lecture à éviter les jours de grande fatigue !
[1926]
La nouvelle la plus connue de Lovecraft. Quelles monstruosités vont surgir de R'lyeh, cité engloutie (à la géométrie non euclidienne, ça va de soi), où le Grand Cthulhu rêve et attend ?
"Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn"
Était-ce vraiment une bonne idée de s'arrêter à Innsmouth, cette ville où les habitants se montrent particulièrement inamicaux et où les bruits chuintants le disputent à une persistante odeur de poisson pourri ? Un des incontournables de Lovecraft.
[1932 - 1953] Zothique, dernier continent de la fin des temps. Zothique, terre de tous les territoires et de toutes les cités les plus décadentes, s'adonnant aux sciences occultes. Zothique, où il ne fait pas bon se promener...
[1956] Diaspar, la Cité éternelle, abrite sur une Terre transformée en désert tout ce qui reste de l'humanité après un milliard d'interminables années d'existence. Cette ville intelligente, dirigée par un ordinateur omnipotent, maintient les humains en vase clos. (Merci à Callicarpa)
[1957] Un homme revient dans sa ville natale, qu'il ne reconnaît pas, pas plus que ses habitants. Mais les apparences sont trompeuses... (évidemment, puisqu'on est chez Philip K. Dick !) Roman dans une veine fantastique peu habituelle à l'auteur, qui reprend l'éternel thème du combat entre le Bien et le Mal.
[1969] Richard Muller s'exile volontairement dans le terrifiant labyrinthe de la planète Lemnos, bâti un million d'années auparavant par des extraterrestres inconnus. Tous ceux qui ont tenté d'y pénétrer avant lui sont morts d'une façon atroce. Mais neuf ans plus tard, Muller est toujours en vie et bien portant. Il s'est familiarisé avec les pièges, les méandres, les embranchements trompeurs, les innombrables trappes mortelles de cet édifice aux dimensions d'une ville. (Merci à Callicarpa)
[1970] Un homme s'endort dans l'avion qui doit l'amener à Helsinki. Il atterrit bizarrement ailleurs, dans une ville inconnue, où l'on parle une langue complètement inconnue de lui, bien qu'il soit... linguiste. Alors qu'il lui est impossible de communiquer avec qui que ce soit, il est également constamment happé par la foule habitant la ville, sans rien y comprendre.
[1970 - 1978] La cité d'Ambre possède deux cités-reflets, Erbma et Tir Na Nog'th. Ambre est la réalité stable à partir de laquelle les enfants du roi Oberon peuvent se projeter indéfiniment dans d'autres mondes nés de leur imagination.
[1974] Un incontournable du genre. Une cité qui se déplace sans cesse vers l'avant sur des rails posés au fur et à mesure, et qui ne doit jamais revenir en arrière sous peine de désintégration. Un soleil en forme d'ellipse. Des expériences hallucinatoires...
[1981] La terre est ravagée et des cités souterraines ont été construites. Plusieurs siècles plus tard, des savants, derniers dépositaires de la civilisation, vivent avec leurs doubles technologiques et mènent leurs expériences pour créer une nouvelle race immortelle. Elisa, fruit de ces expériences génétiques, sera confrontée aux dangers de la science et remontera à la surface à la recherche des derniers humains.
[1987] Histoire de la découverte, de la redécouverte et de l'étude des cités mayas, de ses artefacts, de son architecture. Comme souvent, ce Découvertes Gallimard est bien adapté au sujet archéologique (alors que c'est souvent moins le cas pour la littérature, par exemple).
[2000] Le roman se déroule dans une cité-état, Nouvelle-Crobuzon, symbole d'hybridation, et qui s'étale en largeur comme en hauteur, avec train aérien, livraisons et déplacements depuis les immeubles à l'aide de cordes ou de passerelles. Mélange de steampunk et de fantasy, dans un monde baigné de science et de magie (pour le meilleur et pour le pire), où la ville est dirigée par des élites corrompues et faisant énormément appel à la répression via sa milice.
[2001] Une Barcelone étrange, où le narrateur côtoie femmes fatales, ombres inquiétantes et autres personnages. Pour ma part, cependant, un roman décevant.
[2008] Pour son passage sur la ville des goules, Gölheim, qui fait frissonner d'effroi. ;) "Bod leva les yeux vers la ville et fut frappé d'horreur : une émotion le submergea, un mélange de répulsion et de peur, de dégoût et de répugnance, avec une pointe de stupeur.
Les goules ne bâtissent rien. Ce sont des parasites et des charognards, des dépeceuses de carcasses. La ville de Ghölheim est une chose qu'elles ont trouvée, il y a longtemps, mais qu'elles n'ont pas construite. Nul ne sait plus (à supposer qu'un humain l'ait jamais su) quelle sorte de créatures ont élevé ces édifices, ont criblé la roche de tunnels et de tours, mais il est certain que personne, hormis le peuple des goules, n'eût souhaité y rester ni même approcher de ce lieu.
Même depuis le chemin au-dessous de Gölheim, même à des lieues de distance, Bod voyait que les angles étaient faux, que les murs avaient des pentes absurdes, que c'était l'incarnation de tous les cauchemars qu'il eût jamais endurés, comme une énorme bouche hérissée de dents gâtées. Cette ville n'avait été bâtie que pour être abandonnée, toutes les terreurs, les folies et les répulsions des créatures qui l'avaient fondée se dressaient dans sa pierre. Le peuple des goules l'avait trouvée, s'y était plu à merveille et s'y était senti chez lui." La mention des "angles faux" est un clin d’œil à qui-vous-savez, et, plus généralement, ce passage sur la cité des goules rend hommage à "La quête onirique de Kadath".
[2009] Une enquête policière au sein de deux villes imbriquées, Besźel et Ul Qoma, mais où tout diffère (État, architecture, langue, etc.) et où les habitants de chacune des cités sont tenus d'ignorer ceux de l'autre.
[2011] Des humains acceptés et intégrés dans un territoire indigène non humain ont fondé la ville de Légationville, accolée, presque imbriquée, à celle de leurs hôtes. Problème : malgré toute la bonne volonté des deux parties, les humains et les Ariékans sont incapables de communiquer.
[2016] Un homme revient vivre dans le quartier de son enfance (celui de la Bnf à Paris, même si ça n'est jamais vraiment dit), plus ou moins en ruines. Un nouveau quartier s'élève, mais qui recèle une ambiance pour le moins étrange. Des gens disparaissent sans crier gare. Les eaux montent. Un roman, non pas fantastique comme on l'a présenté à sa sortie, mais avec une véritable atmosphère. Fin franchement décevante, le style peut irriter.
[2018] Twin Peaks, avec sa Black Lodge et sa White Lodge, ne pouvaient décemment pas être écartée de cette liste. Le cheminement de Pacôme Thiellement n'est pas toujours aisé à suivre (tout comme Twin Peaks, me direz-vous) et comporte un aspect éminemment subjectif, mais se révèle intéressant par bien des aspects.
[07/11/2019] Catalogue d'exposition de La Maison d'ailleurs autour des concepts d'utopie/dystopie et des Cités obscure des Peeters et Schuiten. Très belle mise en page, deux essais passionnants tout en étant accessibles sur l'utopie et la dystopie, avec un entretien complémentaire de ces essais entre Marc Attalah et le duo Peeters / Schuiten. Je recommande chaudement.
[2020] Bien que je n'aie pas accroché à ce recueil de nouvelles, force est de reconnaître que l'atmosphère des villes en ruines, suintant la solitude et la mélancolie, est là et bien là.