Dans Le temps de la poupée, Sharon se rend compte que Rowena son bébé a disparu de son berceau dans sa chambre, remplacée par une poupée en plastique. La névrose post-natale se développe avec le mythe du kidnappeur qui conditionne l’instinct maternel dans une nouvelle à l’ambiance psychotique assez inquiétante pour recouvrir le décalage presque humoristique du délire égocentré.
Dans L’étang, Paula retourne vingt-cinq ans après avec sa fille Richie au bord de l’étang de son enfance dans lequel son cousin Jeffrey s’est noyé après une dispute. Le fantastique psychologique est macabre, découlant de l’obsession pour un passé toxique qui envahit le présent et concrétise les angoisses familiales, les fantômes de la culpabilité.
Dans Dans le noir, Jan et Jonas assistent encore aux violences que leur père fait subir à leur mère, cette fois tombée dans le coma. Cette nouvelle allie le réalisme de la violence faite aux femmes et des traumatismes de l’enfance à un fantastique vaporeux d’une sorte d’invisibilité relative, d’effacement des deux enfants qui devront repousser le déterminisme et la fatalité.
Dans Résurrections, prix raisonnables, Humphrey découvre à l’occasion des obsèques de son beau-père la pratique répandue consistant à remplacer à volonté les défunts par des copies robotisées. Cette nouvelle classique déploie un humour désabusé et paranoïaque face à une immortalité retirant tout sens au deuil et à l’existence.
Dans Le pouvoir du nom, une jeune découvre en parlant à sa mère qu’elle est une hermétique douée d’un talent surnaturel, élevée dans l’ignorance de son père. Cette quête d’identité se construit sur une révélation et une confrontation magique avec le pouvoir sur les autres et sur soi.
Dans Un pacte avec Dieu, la femme de la nouvelle précédente échappe à ses parents pour se réveiller dans un lit d’hôpital après un accident de la route. Cette suite permet de développer un peu plus ce monde surnaturel d’une substance et d’une temporalité manipulées, confrontant le personnage principal à l’éthique et au fait religieux, à l’altruisme et au pouvoir sur les autres.
Dans Une nouvelle vie, Millie est une vieille qui se voit proposer un cadeau par un djinn sorti de la lampe qu’elle astiquait. Cette courte nouvelle poétique à chute est une variation sur le thème du carpe diem, conte inversé sur le temps et l’existence.
Dans Les garçons sous la pluie, Delia est déprimée par le temps froid et humide en observant des silhouettes qui attendent sous la pluie dans la rue. Une nuit elle rêve que l’une d’entre elles disparait et, au matin, son mari lui révèle qu’un adolescent a été retrouvé mort près de chez eux. Le fantastique psychologique est lesté d’une inertie dolente et d’un mesmérisme métaphysique qui traversent les ombres du quotidien.
Dans Vivre et mourir un peu, Jess et Jim sentent le monde mourir de leur hôtel aux Pays-Bas. Cette nouvelle aux accents surréalistes illustre l’entropie ressentie et la fin programmée de l’humanité.
Les nouvelles éparses de ce recueil développent un fantastique paranoïaque avec une obsession pour la parentalité et la maternité, une fascination pour les raisons cachées qui s’agitent derrière le voile de la réalité.
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