Dis-moi quelque chose
Comme un grand besoin de larmes
Quand la mer se retire
Quand les forêts se dépeuplent
Quand nos certitudes n'ont plus d'ailes
Ni rien à espérer
Dis-moi quelque chose
Pour retenir un instant encore
Le noyé
Et cette manière que l'on a parfois
De traverser la vie
À la merci de l'autre rive
Dis-moi quelque chose
Qu'on pourrait remonter du puits
Un geste ancien
Une parole incertaine
Ou un seau de regrets
Tous ces riens abandonnés au temps
AH ! MON AMIE…
Ah ! mon amie,
C’est toi aussi qui écrivais
J’habite un jour dont je ne suis pas maître.
Moi aussi il m’arrive de penser
Que je ne suis décidément maître de rien :
Pas plus maître de mes mains
Que du temps qui passe dans cette maison de misère,
Pas plus maître de mon destin
Que de cette eau qui coule sous les ponts
Et dans mes histoires sans queue ni tête,
Pas plus maître de moi
Que de ce poème où je n’ai décidément pas rendez-vous,
Ni avec l’amour ni avec la rime.
Là est l’immense
Qui approcherait le mot silence
Et les sept colonnes du silence,
Celui-là entrerait dans l’immense.
Car là est l’immense
Et l’immense est là,
Et aussi la parole donnée.
En cette période d’élections, certains hommes poli-tiques
français feraient bien de se rappeler cette réflexion de l’ami
poète belge !
un poème
peut-il sortir du souffle de l'amour
se peut-il
qu'il soit alors plus léger que l'air,
plus blanc que la neige,
plus léger que les larmes du ciel,
Des poèmes que les oiseaux ont bus
extrait 3
Combien de signes
Et de poèmes inachevés
L’oiseau n’aura-t-il pas laissés
Sur le rebord de la fenêtre ?
Combien d’autres
Sont-ils, hélas, à jamais perdus
Dans le vide
Et l’obscurité des hommes ?
Dis-moi quelque chose
Sur lequel notre vie puisse s'élever
Un mot
Qui à lui seul pourrait ouvrir
Le silence les regards noueux
Et les portes de la fragilité
Que sais-tu …
Que sais-tu vraiment de l’arbre
Si tu n’habites pas toi-même l’arbre ?
Que sais-tu des nuages
De la transparence ou du vert de l’herbe ?
Qu’en sais-tu
Puisque tu ne t’en es jamais approché ?
Et que sais-tu au juste de toi-même
De toi
Qui vis couché dans les ruches
Et la cendre,
Toi l’absent
et l’encore éloigné du cœur tremblant
Que sais-tu vraiment de tout cela
Qui nous entoure et déjà nous aime ?
Des poèmes que les oiseaux ont bus
extrait 1
Les plis
De la rivière aux loups,
Et ce long doigt de fée
Qui traverse l’assoiffé et le désir
D’être.
Un oiseau est là aussi
Qui boit la parole toute blanche
Et ce quelque chose
De l’imperceptible monde.
…