Wole Soyinka Un siècle d'écrivains (France 3, 1996)
L'émission « Un siècle d'écrivains », numéro 60, diffusée sur France 3, le 21 février 1996, et réalisée par Abdelkrim Djaad et Ahmed Rachedi.
L'homme meurt en tous ceux qui se taisent devant la tyrannie.
Il n'y a qu'une seule demeure pour le mollusque, un seul abri pour la tortue, une seule coquille pour l'âme humaine. Il n'y a qu'un seul monde pour l'esprit de notre race. Si ce monde dévie de son cours et se fracasse sur les rochers du néant, quel monde nous donnera asile?
SADIKOU : Dans ce cas, ne tournons pas autour du pot : Baroko te demande pour épouse.
LAKOUNLÉ : (bondit, laissant tomber le fagot)
Quoi ! O le porc cynique, le chameau ! L'insatiable coureur gâteux !
SIDI : La paix, mon petit Kounlé. Tu deviens fatiguant ! Le message est pour moi, pas pour toi.
LAKOUNLÉ : (aussitôt à genoux, couvre de baisers la main de Sidi ;)
Ma Ruth, ma Rachel, mon Esther, ma Bathsabée, vous qui rassemblez toutes les perfections révélées depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse, n'écoutez pas la voix de cette infidèle...
Acte II, A MIDI...
Tout le monde s'était ému du sort des gorilles du Rwanda. Mais on laisse se perpétuer un massacre. Aujourd'hui, nous devons parler de l'extermination d'êtres humains. Parler d'une espèce menacée, parler des Tutsis. L'Afrique du Sud est notre rêve, le Rwanda notre cauchemar.
(déclaration au journal "El Pais" du 23 mai 1994)
ELESIN :_La tempête décide où et quand elle entraîne
Les géants de la forêt. Lorsque l'amitié appelle,
L'ami véritable accourt.
L'amour de la nourriture est le commencement de la sagesse.
Amis, savez-vous que le cheval est conçu pour ce destin unique, porter une charge, c'est-à-dire l'homme sur son dos. Sauf cette nuit, cette nuit seulement où l'étalon immaculé chevauchera triomphant sur le dos de l'homme. Du temps de mon père, je fus le témoin de cette étrange vision. Peut-être le verrais-je aussi ce soir pour la dernière fois.
«Au contraire. La polygamie est un concept tout à fait moderne. Oh, je ne nie pas que la pratique est ancienne, mais qui parlait de polygamie alors?»
LE GUERRIER. Les générations à venir seront cannibales, très honorable médecin. Les générations à venir s’entre-dévoreront comme nous l'avons fait. Peut-être pourriez-vous inventer un remède, vous qui savez guérir tant de maladies. J'ai choisi le métier de soldat pour défendre mon pays, mais ceux à qui j'ai donné le pouvoir de disposer de ma vie ont abusé de ma confiance.
Le dogmatisme mort-né du "j'ai raison, tu as tort" est revenu à son point de départ du combat des idéologies, et il a de nouveau atteint son apothéose : "j'ai raison, tu es mort". Le monologue de l'unilatéralisme aspire sans cesse au manteau prophétique des Elus et, bien sûr, aggrave la position manichéenne du monde, nous invitant sous peine d'en payer les conséquences à choisir entre "eux" et "nous". Il nous faut, en d'autres termes, rejeter la position que George Bush a énoncée si clairement dans son ultimatum : «ou bien vous êtes avec nous et contre les terroristes, ou bien vous êtes du côté des terroristes» et dans sa déclaration : «nous n'avons pas besoin de l'approbation du monde puisque nous sommes guidés par Dieu», tout aussi fortement que nous répudions la proclamation d'Oussama Ben Laden : «La terre est maintenant divisée en deux, le monde des fidèles de l'islam et celui des infidèles et des mécréants». Qu'est-ce que cela signifie pour les milliards d'incroyants convaincus qui peuplent la planète ? Qu'est-ce que cela veut dire pour les hindous, les bouddhistes, les zoroastriens, les fidèles d'Orisha et de cent autres religions marginalisées par cette division du monde entre les deux mastodontes ensanglantés de la foi que sont l'islam et le judéo-christianisme ?