William Bayer nous parle de sa famille d'écrivains.
L'important, ce n'étaient pas les propos qu'ils avaient échangés : c'était la danse silencieuse de leurs yeux, pénétrant ces recoins secrets du coeur humain où, sans préavis, naissent l'attirance et l'amour. Ce ballet oculaire avait dû être encore rehaussé par leur environnement : l'air printanier, que parfumaient les fleurs et le gazon fraîchement tondu ; les rayon obliques de la lumière dorée ; enfin, la douceur ambiante qui donnait un lustre appétissant à leur peau baignée de soleil, tout en libérant ces stimulants aromatiques dont Mr Butterfield, notre professeur de sciences naturelles, nous avait appris qu'ils s'appelaient des "phéromones".
Jodie n'avait guère de patience avec les astrologues et les mages, ces gens qui, à peine les présentations faites, vous demandaient votre signe astrologique et, quand vous le leur donniez, hochaient la tête d'un air entendu comme si l'information expliquait votre caractère.
« Chaque fois que tu dis un mensonge, c'est une petite partie de toi qui meurt. »
Dehors il fait nuit. Le vent glacial lui fouette le visage. La neige qui tombe est si épaisse qu'il ne voit pas le sol. Frissonnant dans le froid, il se sent impuissant à résister à cette force qu'on appelle l'instinct de mort, Thanatos. En équilibre sur la corniche tel un funambule sur son fil, il reste immobile quelques instants, écarte les bras, puis exécute un saut de l'ange tout en douceur à travers le rideau de flocons tourbillonnants...
En tout cas, elle était belle, avec un parfait visage d’Américaine et une merveilleuse chevelure, brune et épaisse. Cultivée, ambitieuse, séduisante, la langue aiguisée, c’était une de ces filles capables de préparer une omelette mais qui ne supportaient pas l’idée de faire la lessive.
Ils couraient vite, quasiment à un rythme de sprint. [...] et il lui fit peur, lui donnant l'impression qu'il s'imaginait en train de frapper Suzie à chaque fois que l'un de ses pieds martelait le sol.
Les images dansèrent. « Miroir, joli miroir... »
Gelsey coupa net le refrain. Il y avait nombre de citations littéraires sur le thème du miroir qu'elle pouvait évoquer pour annihiler Blanche-Neige. Les miroirs étaient un sujet de littérature depuis que la première femme avait contemplé son reflet dans une flaque d'eau. Son père aimait citer Shakespeare et les poètes anciens, mais Gelsey, pour sa part, préférait les modernes. Anne Sexton : « Prenez mon miroir et mes plaies/ et effacez-les. » Simone de Beauvoir : « Capturée dans le piège immobile, argenté. » Sylvia Plath : « Je suis limpide et exact, je n'ai pas de préjugés... je ne suis pas cruel, seulement fidèle... la plupart du temps, je médite sur le mur d'en face. »
(...)
Peut-être le Dr Z. avait-il raison. Peut-être y avait-il un secret en bas, dans le labyrinthe, un secret au-dessus duquel elle vivait depuis des années sans parvenir encore à le voir. Auden avait supplié : « Ô regarde, regarde dans le miroir/ Ô regarde dans ta détresse. » Dylan Thomas avait tempêté : « Il n'empêche qu'un monde de furies/ Brûle dans bien des miroirs. » Yeats avait chanté : « J'enrage devant mon image dans la glace. » Et Borges avait écrit qu'il entendait monter « des profondeurs des miroirs le fracas des armes. »
Homme Lubrique, Homme-Miroir, sœur de rêve... labyrinthe, miroirs de miroirs... folie-miroir. Seigneur, c'est donc sans fin ?
Puis elle avait découvert que l'édition n'avait pas grand-chose à voir avec la littérature, que son objectif principal était un produit : le "livre".
La fauconnerie s'apparente à la tragédie grecque : c'est la purgation des passions - pitié, terreur - avec la participation indirecte du fauconnier. Quand je sors avec mon oiseau et que je le regarde effectuer sa reconnaissance, prendre position, se lancer dans un piqué et plonger pour attaquer, alors je suis avec lui : ensemble, nous participons à la danse éternelle du chasseur et de sa proie.
Il y a une réflexion charmante, dit la psychiatre en l'aidant à ouvrir sa porte, cette réflexion de Camus : " Le bonheur aussi est inévitable."