Le seul moment pour que le meilleur reste à venir, c'est... maintenant.
Ce qui veut dire que je devrais goûter chaque instant, fiançailles ou pas, au lieu
de rêver à une vie future meilleure et incertaine.
Soyons clairs. Je suis une bonne cuisinière quand je cuisine. Mais je ne vais pas gaspiller l'énergie et l'argent nécessaires à la préparation de mon célèbre veau saltimbocca ou de mon poulet chasseur pour trois gosses jamais contents qui préfèrent les calories à l'état brut et le fromage de synthèse à 69 cents.
Il y a aussi tous les CD de Will sur une étagère, ses magazines, ses pièces de théâtre, sa paperasse, et les livres de littérature américaine qu’il n’a pas pu revendre après deux semestres à la fac.
Comme il m’ouvre la porte du hall par l’Interphone, je pense qu’il m’attend avec impatience à la porte de son appartement. Pensez-vous ! Je dois frapper deux fois pour qu’il m’ouvre, et encore, en bâillant et en s’étirant, preuve qu’il sort à peine du lit. Même débraillé et à moitié endormi, il est sublime ! Enfin, c’est l’effet qu’il me fait…
Kate m’a dit un jour, après avoir avalé deux bourbons au bar du Royalton, qu’il y a en Will quelque chose de vaguement efféminé qui la gêne. Depuis ce jour, je me surprends parfois à guetter chez lui des signes de sa supposée homosexualité, comme par exemple une allure affectée ou un regard trop appuyé, en présence de James, le portier de son immeuble, un homme trop beau pour être honnête, si vous voyez ce que je veux dire…
Mais pour l’instant rien de tel, et je me demande où Kate est allée chercher tout ça ! Peut-être que pour elle, qui vient du Sud profond, les comédiens sont forcément tous homosexuels.
Puis-je lui reprocher ce type de préjugés ?
Quoi qu’il en soit, autant que je sache, Will est un Homme avec un grand H. Il mesure un mètre quatre-vingt-cinq, n’a ni barbe ni moustache, mais une mâchoire volontaire et une charmante fossette au menton. Ses cheveux sont bruns et épais, et toutes les coupes lui vont. Ses yeux, ni tout à fait bleus, ni tout à fait gris, sont de la nuance de mon pull favori chez J. Crew. Dans le catalogue, ils appellent ça « teinte fumée ». Il est tellement actif qu’il n’a pas un gramme de graisse en trop. Il porte souvent des pulls à col roulé, et il sent bon l’eau de Cologne.
Dans le temps, en Sicile, il était permis d'insulter quelqu'un, à condition d'être sa mère. En revanche, il était impensable de laisser quelqu'un insulter la personne qui vous avait mis au monde.
– Soyons claires. Mike de New York croit que tu as rompu avec Mike de Californie ?
– Plus ou moins.
– Et Mike de Californie croit toujours que vous entretenez une relation exclusive ?
– Oui.
quand on travaille dans la publicité, on peut presque tout mettre sur le dos du travail sans que cela ne semble louche. C'est mon excuse préférée après les syndromes prémenstruels.
– Et comme tu vas t’installer ici et chercher un appartement, autant en louer un ensemble.
– Oh, dit-il.
Oh tout court.
Comme Oh non.
Oh non lâche-moi le baskets, pot de colle.
Je veux qu’il me dise qu’il a passé les quinze dernières années pétrifié dans le temps, à soupirer après moi. Après ce que nous aurions pu vivre ensemble. Voilà ce que je veux.
Tu ne chercheras point la femme de ton voisin sur Google.
Quand je dis on, il s’agit du on dont parle toujours ma grand-mère. Le on qui dit que la beauté se fane vite, que quand le chat n’est pas là, les souris dansent, et qu’amour et mariage vont de pair.
Non, ça, je crois que c’est de Frank Sinatra.