Je dois cligner plusieurs fois des yeux pour me convaincre qu'il ne s'agit pas d'une hallucination.
Autour du Grand Pin foudroyé, que je reconnais grâce à sa forme singulière, sont dessinés, dans une matière phosphorescente, trois immenses cercles concentriques.
Un violent frisson court le long de ma colonne vertébrale et mon pouce se porte sur mon poignet. J'ai sous les yeux l'exact motif de ma cicatrice.
ll a dit qu’il viendrait après ses « vacances », cette période où les Profiteurs s’entassent tous au même endroit pour admirer la Mère, alors qu’ils l’ignorent le reste du temps. Quel peuple étrange…
J’ai survécu aux représailles de la mafia, à un appendice rebelle et à plusieurs tentatives d’homicide… Tes moqueries sont la musique la plus douce que j’aie entendue depuis des mois.
Je me demande si les molvens ont eu besoin d’évoluer, eux aussi, de développer leurs pouvoirs si particuliers comme moyen de défense contre leurs principaux prédateurs : les humains.
À l’endroit où elle était tombée jaillit une source bouillonnante et tumultueuse, faite d’étincelles incandescentes et de particules d’étoiles, qui irradia le monde de ses bienfaits. Par la suite, l’Astre du Jour prit soin des Offrandes qui avaient besoin de lui pour grandir et s’épanouir.
Ironiquement, je me dis qu’un peuple pour lequel le clan est plus important que l’individu a de meilleures chances de survie que celui où l’individu est plus important que le groupe. Les molvens seront certainement toujours là quand les humains se seront sabordés depuis longtemps.
— « L’or de la terre », ce sont les molvens. Notre Sève est dorée comme l’Astre du Jour. La « souffrance qui s’abat sur l’or de la terre », ce sont les molvens qui tombent malades les uns après les autres dans ce monde en perdition.
— En perdition, carrément ? Tu n’as pas l’impression d’exagérer ?
Il laisse échapper un rire triste.
— Parce que toi, tu as l’impression que le monde va bien ?
— Notre première rencontre m’a bouleversé. J’étais le papa d’un petit garçon. En rentrant de la maternité, je me suis mis à peindre tout ce que je ressentais, toutes ces émotions, cette joie intense, cette peur de ne pas être à la hauteur, cette angoisse de te perdre, cette envie d’un avenir commun…
— Ah, vaste sujet… L’amour est une armure, vois-tu. Elle t’entrave et t’alourdit, mais également, te protège et t’enrichit. Les deux faces d’une même pièce, en somme…
C’est toujours la même chose avec lui. Je ne comprends pas la moitié de ce qu’il raconte.
Sans Melig, il me semble qu’une partie de moi a disparu. Quand il a prélevé mes larmes il y a quelques mois, nous avons échangé une parcelle de quelque chose, un brin d’âme qui a rendu Melig un milligramme humain, et moi un milligramme molven.