The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle - INTERVIEW with Stuart Turton
Si ce n’est pas l’enfer, le diable prend à coup sûr des notes
Par chance, les feuilles et les brindilles sont tellement démoralisées par la pluie de tout à l'heure qu'elles n'ont plus le cœur à crier sous mes pieds.
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Tant de souvenirs et de secrets, tant de fardeaux. Chaque vie pèse si lourd. Je ne sais pas comment il est possible d'en porter ne serait ce qu'une.
Je ne puis qu'imaginer ce que ça doit faire d'être tellement préoccupé par l'avenir qu'on est pris par surprise par le présent.
... Anna laisse tomber le tesson de verre et vient s'asseoir à côté de moi. Je sens sa chaleur, sa solidité. Elle est la seule chose réelle dans un monde d'échos.
Quels que soient les talents de Miller dans ce monde, mentir n'en fait pas partie. Son visage âgé est un amas de rides et de chair pendante, suffisamment de matière pour offrir une scène à ses émotions. Chaque froncement de sourcils et une tragédie, chaque sourire, une farce. Un mensonge situé quelque part entre les deux, suffit à faire s'écrouler le spectacle dans sa totalité.
Je sens mes souvenirs tout juste hors de portée. Ils ont du poids et une forme, comme des meubles recouverts d'un drap dans une pièce obscure. J'ai simplement égaré la lumière qui me permet de les voir.
Demain pourra être ce que je voudrai, ce qui signifie que, pour la première fois depuis des décennies, je peux avoir hâte que ce jour arrive. Au lieu d’être une chose à craindre, il pourra être une promesse que je me fais à moi-même. Une chance d’être plus courageux ou plus bienveillant, d’arranger les choses. D’être meilleur que je ne le suis aujourd’hui.
Chaque jour après celui-ci sera un cadeau.
Je dois juste continuer de marcher pour y parvenir.
L’intelligence est une force, et ils n’accepteront pas une femme plus forte qu’eux. Leur fierté les en empêchera, et leur fierté est ce qu’ils ont de plus cher.
J’oublie tout à chaque pas.
Je finis par crier “Anna” et referme brusquement la bouche de surprise.
Mon esprit est vide. Je ne sais pas qui est Anna ni pourquoi j’appelle son nom. Je ne sais même pas comment je suis arrivée ici. Je me tiens dans une forêt, protégeant mes yeux du crachin. Mon cœur cogne, j’empeste la transpiration et mes jambes tremblent. J’ai dû courir, mais je ne me souviens pas pourquoi.