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Citations de Sebastian Barry (409)


La mer, l'île, les rochers et le phare le saluèrent. Il ressentit une joie resplendissante - se souciait-il même qu'elle prenne fin, comme ça se produit avec toutes les joies ? Il avait tant aimé June. Quand elle vivait encore, il pouvait s'écouler de longs moments sans que Tom y pense puis tout à coup, sans raison apparente, il la remarquait, il remarquait un geste, et il était frappé. Pendant plus d'une heure, tandis que la lumière du matin envahissait la pièce et lui baignait le visage, il ne pensa à rien ni personne. Il chérit le souvenir de sa femme comme si elle était encore en vie. Comme si personne n'avait été broyé, n'avait eu à traverser à la hâte les couloirs de l'existence, que la puissance de son amour était si forte qu'elle en était capable, capable de la garder, légère et éternelle, dans l'étreinte d'un jour ordinaire.
La lumière du soleil plantait ses millions d'épingles dans la mer mouchetée et scintillante, luisante de tout son éclat, comme dans l'instant qui précède une déflagration. Seul, seul, Tom sourit et sourit. Il ferma les yeux. Les rouvrit. La mer était toujours là.
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Le deuil dure environ deux ans, paraît-il, c'est une platitude sortie des manuels pour endeuillés. Mais nous portons le deuil de notre mère avant même d'être nés.
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La mémoire d'un homme contient une centaine de jours, alors qu'il en a vécu des milliers. C'est ainsi. On dispose d'un stock de jours, qu'on dépense comme des ivrognes sans cervelle. C'est pas une critique, juste une constatation.
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La mémoire, il me faut le croire, si elle est délaissée devient une sorte de pièce remplie de boîtes ou un débarras dans une vieille maison, son contenu est tout mélangé, peut-être pas seulement par négligence mais aussi à force d'y chercher au petit bonheur et, par-dessus le marché, d'y jeter des choses qui n'ont rien à y faire.
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Comment une bonne histoire devient-elle une mauvaise histoire au bout d'un certain temps ?
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C’est rare d’avoir du baume au cœur, il faut stocker ces moments pour pas les oublier.
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C'est une des grâces de la vie maritale que pour une raison magique nous paraissons toujours le même aux yeux de l'autre. Même nos amis n'ont jamais l'air de vieillir. C'est une vriae bénédiction dont je ne me suis jamais douté quand j'étais jeune. Mais voyons, autrement , que ferions-nous ? Il ne s'est jamais trouvé personne dans une maison de retraite qui n'a pas regardé d'un air dubitatif les autres résidents. Ce sont eux les vieux, ils forment le club dont personne ne veut faire partie. Mais nous ne sommes jamais vieux à nos yeux. Parce que, à la fin du jour, le bateau sur lequel nous naviguons est notre âme, pas notre corps.
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C’était l’unique fois où il avait frappé son fils, ce qui lui avait coûté un quart de son âme. Car il s’était juré à lui-même, ainsi qu’à June, de ne jamais frapper un enfant comme ils avaient été frappés, elle, lui, dans leurs exils éloignés mais tant redoutés, avec ces bonnes sœurs, ces prêtres, ces frères qui les battaient à mort, ou était-ce à vie, eux, cette soi-disant progéniture du diable. « Mieux vaut être mort-né, hurlait le frère, que d’incarner l’immonde progéniture d’une prostituée. » C’étaient ses mots.
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Il y a beaucoup de monde sur terre, alors quand il s'agit de massacres ou de famine, de vivre ou de mourir, on compte pas vraiment. Il y a trop de monde. On pouvait bien mourir de faim dans les marais, dans ce désert qui en était pas un, dans ce voyage qui était moins un voyage qu'une fuite vers l'Est. Les gens meurent sans cesse, par milliers, partout. La terre s'en moque, ça lui est égal.
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Parfois, on sait qu'on est pas très intelligent. Pourtant, parfois le brouillard de vos pensées se lève, et on comprend tout, comme si le paysage venait de se dégager. On se trompe en appelant ça sagesse, c'en est pas. Il parait qu'on est des chrétiens, des choses comme ça, mais c'est pas vrai. On nous raconte qu'on est des créatures de Dieu supérieures aux animaux, mais tout homme qui a vécu sait que c'est des conneries.
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Vivre, c'est pas juste prendre et agir, c'est aussi réfléchir. Mais mon cerveau est fait pour englober le monde. (p. 216)
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Les hommes qui commencent durement dans la vie paient chaque cent d’une dette qui finit par se comptabiliser en dollars. S’il avait été beau dans sa jeunesse, il était maintenant une beauté hypothéquée. Les rats de l’âge le guettaient depuis l’ombre.
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"Je vis un voyageur épuisé par la route
Vêtu d'habits déguenillés ."
John . B Matthias .
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L'automne approchait, et dans leurs villages, les Indiens avec qui on avait signé un traité se préparaient à lutter contre cette vieille tueuse qu'on appelle famine. Cette méchante créature aigrie au coeur sombre qui exige nos vies en guise de rançon.
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Peut- être que pour eux, on représentait le souvenir d'un ailleurs. Peut-être qu'on incarnai les filles de leur jeunesse, ou bien la première fille dont ils étaient tombés amoureux. On était si propres et si gentilles que j'aurais aimé faire moi-même ma connaissance. (p. 21)
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La terreur et les blessures de mon histoire se sont produites parce que, quand j'étais jeune, je croyais que les autres étaient les auteurs de mes heurs et malheurs ; je ne savais pas qu'on pouvait ériger un mur de briques et de mortier imaginaires contre les horreurs et les mauvais tours cruels du temps qui nous assaillent et être ainsi l'auteur de ceux-ci
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Quand on tient une personne en grande estime, c'est un immense plaisir rien que de la contempler, de la voir simplement se déplacer dans l'air de la journée, de remarquer cette habitude qu'elle a de faire ci ou ça, sa façon de pivoter la main, et comment cette personne, cette personne que vous vénérez, redresse le menton ou lève les bras pour s'attacher les cheveux.
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John Cole et moi, on s’est présenté au bureau de recrutement ensemble, bien sûr. C’était les deux ou rien, à prendre ou à laisser. L’un comme l’autre, on devait vraiment avoir l’air sans le sou. Des jumeaux. On avait pas quitté le saloon avec nos robes, alors on devait avoir l’air de vagabonds. Il venait de Nouvelle-Angleterre, où la terre de son père avait fini par s’épuiser. John Cole avait douze ans quand il est parti sur les routes. Dès que je l’ai vu, je me suis dit, un camarade. Et quel camarade. Je trouvais ce garçon assez élégant, même avec son visage pincé par la faim. J’ai fait sa connaissance sous une haie dans ce maudit Missouri.
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À Saint-Louis, on se rend compte que tout a changé. Au port, il y a de grands entrepôts aussi hauts que des collines. Tous les affranchis se trouvent là, comme une moisson d’âme, et presque chaque visage qu’on croise sur les rives est une déclinaison du noir au marron clair. On a besoin d’eux partout. Pour transporter, suspendre, tirer. Mais ils ont plus l’air d’esclaves. Leur chef est noir, les ordres proviennent de poumons noirs. Il y a plus de fouets comme avant. Je sais pas trop dire, mais ça a l’air mieux. Winona et moi, on aperçoit pas une seule tête indienne. Mais c’est vrai qu’on traîne pas à la recherche des cafards et de la vermine des bas-fonds non plus. On fait que passer, et à vrai dire, il y a même quelque chose d’agréable, là. Saint-Louis, détruite par la guerre, avec ses maisons en ruine à cause des obus, commence à se reconstruire. L’impression que deux univers se confrontent. Est-ce que je suis américain ? Je sais pas. Winona et moi, on prend place dans les cales avec des pauvres hères comme nous. C’est un plaisir de faire un bout de trajet sur le fleuve. Ce bon vieux Mississippi. La plupart du temps, c’est une bonne fille raisonnable à la peau douce et lisse. Si vieille et pourtant dotée d’une jeunesse éternelle. Le fleuve prend jamais de rides, et si c’est le cas, ça dure que le temps d’un orage.
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Sebastian Barry
Les gens meurent sans cesse, par milliers, partout. La terre s'en moque, ça lui est égal.
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