À l'occasion de la 19ème édition du festival "Quai du Polar" à Lyon, Santiago Diaz vous présente son ouvrage "Le bon père" aux éditions Cherche Midi.
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Note de musique : © mollat
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Tu n'es pas exactement normale, je ne vais pas te mentir. Mais les personnes les plus intéressantes ne le sont jamais. En fait, les génies sont souvent des personnes très particulières.
_ Je peux te poser une question personnelle ?...
_ Tu pourrais coucher avec moi et tu ne le fais pas, donc je ne crois pas que je t'en voudrais pour une simple question.
_ Pourquoi fais-tu cela ?
_ Parce que demain mon agence m'enverra une enveloppe avec deux cent cinquante euros. Tu sais combien d'heures doit travailler cette fille pour gagner cette somme ? demanda N... en désignant la serveuse ...
_ Certes, mais son travail est ...
_ Attention à ce que tu vas dire ... C'est peut-être compliqué pour beaucoup de gens, mais je considère que mon travail est tout aussi respectable .... Cela dépend du prisme social au travers duquel on le regarde.
_ Que veux-tu dire ?
_ Que dans la Rome antique, les hommes allaient tous dans les saunas pour sucer d'autres hommes mariés et que tout le monde trouvait cette situation normale. Qu'y-a t-il de mal à ce que je couche avec des hommes de mon plein gré ? Je leur offre ma compagnie, du sexe, et ils m'offrent de l'argent. Il n'y a pas à se prendre la tête.
_ votre question sous-jacente, c'est pourquoi je vous emmerde, c'est bien ça ?
Le juge la regarde avec l'antipathie que provoque habituellement Indira Ramos chez ses interlocuteurs.
_ C'est vous qui le dites, monsieur le juge.
_ Je sais que vous vous croyez au-delà du bien et du mal et que selon vous, nous sommes seulement là pour vous faire chier. Mais je dois faire mon travail.
_ Alors, faites-le. Classez l'affaire et laissez-moi retourner au commissariat. J'ai vraiment du boulot.
_ Sortez de mon bureau !
Ramos le remercie d'un geste discret et se lève pour s 'en aller. Mais au lieu de pivoter vers la sortie, elle est clouée sur place par une force invisible et terriblement puissante. Elle est obnubilée par l'apparence désastreuse du mur qu'elle regarde.
_ Quelque chose ne va pas, capitaine ? demande le juge, irrité.
Elle lutte de toutes ses forces pour se mordre la langue, faire non de la tête et sortir du bureau, mais le malaise prend le contrôle :
_ Putain, mais comment pouvez-vous être aussi tranquille avec autant de bordel sur votre bureau...
_ Quoi ?
Le juge, déconcerté, se retourne de nouveau, sourcils froncés. Ramos fait le tour de la table et décroche plusieurs cadres, qu'elle commence à replacer ailleurs, sous le regard médusé du juge... Pourquoi n'achetez vous pas..., le mieux ce serait de mettre les diplômes d'un côté et...
_ si dans trois secondes vous n'êtes pas dehors...., je vous jure sur la tête de mes enfants que vous finirez vigile dans un putain de centre commercial !
Les deux premières balles percent le toit métallique ; la troisième va se loger entre les sourcils d'Adriano.
Il est surprenant qu'un trou aussi net sur le front puisse recouvrir de sang et de cervelle une telle surface sur le mur du fond du hangar.
Quand j'étais en dernière année de fac de journalisme, j'assistais aux conférences que donnait un criminologue réputé, et j'ai découvert à cette occasion que je présentais toutes les caractéristiques des deux pour cent de la population mondiale incapables de ressentir de l'empathie pour leurs semblables.
Sous les initiales C. P. sont notées des sommes et des dates.C’est une dette. Elle commence il y a six mois à dix-neuf mille euros, et Nicoleta a réussi à la ramener à treize mille euros deux mois plus tard. Puis elle grimpe encore durant quelques jours pour atteindre vingt mille euros, et ainsi de suite jusquà l’annotation d’hier : la dette s’était maintenue à quinze mille deux cents euros et aujourd’hui elle s’élève à quinze mille cinq cents. Je regarde Nicoleta dormir dans le fauteuil et réalise que sa vie se complique à chaque fois qu’elle se drogue.
Quand les machines à sous avaient arrêté de lui procurer l’adrénaline dont elle avait besoin, la juge Almudena Garcia était passée à des drogues plus dures : courses de chevaux, roulette, paris sportifs… Jusqu’à ce qu’elle ait trouvé quelque chose qui assouvisse toutes ses envies : le poker. Elle n’avait jamais aimé les cartes, mais ce jeu-là l’avait captivée d’emblée.
Ce qui commence à la préoccuper, ce sont ses cheveux blancs. À trente-six ans, elle n’en a pas encore beaucoup et elle réussit à les tenir en respect. Toutefois, au cas où, et plus par hygiène que par coquetterie, elle porte les cheveux courts. Le vrai problème surgira lorsqu’elle devra se teindre : elle est convaincue que la couleur lui causera des éruptions cutanées.
Je me range sur le bas- côté et défais ma ceinture de sécurité ainsi qu'un bouton de mon chemisier; en trente- huit ans de vie, j'ai pu constater que l'amabilité des fonctionnaires dont j'ai croisé le chemin a toujours été exactement proportionnelle à ce que je leur montrais de mes charmes.
Almudena sait qu’elle n’a pas toujours été aussi juste que ses fonctions l’exigent, que parfois la vie et l’expérience l’ont conduite à juger en obéissant davantage au cœur qu’à la raison. Mais quand vous avez devant vous quelqu’un dont la culpabilité se voit comme le nez au milieu de la figure, même si le fameux bénéfice du doute ne peut totalement être écarté, il est inévitable d’exercer le pouvoir qui vous a été confié. Il lui paraît clair qu’elle a envoyé plus d’un innocent en prison, mais le système n’est pas parfait et, en son for intérieur, elle est convaincue que, même si c’est malheureux, c’est beaucoup mieux que de laisser courir de potentiels coupables.