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Citations de Salman Rushdie (662)


Aussi, ma première pensée quand je vis cette silhouette meurtrière se précipiter vers moi fut : « C’est donc toi. Te voilà. » On raconte que les dernières paroles de Henry James ont été : « Elle a donc fini par venir, la chose distinguée. » La mort venait à moi, également. Mais elle ne m’a pas frappé comme une chose distinguée. Je l’ai trouvée anachronique. Ce fut ma seconde pensée : « Pourquoi maintenant ? Vraiment ? Il s’est passé tant de temps. Pourquoi maintenant, après toutes ces années ? » Le monde était assurément allé de l’avant et cette question était réglée. Et pourtant ici, approchant à toute vitesse, il y avait une sorte de voyageur temporel, un fantôme meurtrier surgi du passé.
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"Over the Rainbow" est, ou devrait être, l'hymne de tous les émigrants du monde entier, de tous ceux qui partent en quête du lieu où "se réalisent les rêves que tu oses faire".
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Nous vivons une époque où l’on nous somme de nous définir de plus en plus étroitement, de comprimer notre personnalité multidimensionnelle dans le corset d’une identité unique, qu’elle soit nationale, ethnique, tribale ou religieuse. J’en suis venu à me dire que c’était peut-être cela le mal dont découlent tous les maux de notre époque. Car lorsque nous succombons à ce rétrécissement, lorsque nous nous laissons simplifier pour devenir simplement des Serbes, des Croates, des musulmans, des hindous, alors il nous devient plus facile de voir en l’autre un ennemi, l’Autre de chacun de nous et tous les points cardi-
naux entrent alors en conflit, l’Est et l’Ouest se heurtent, ainsi que le Nord et le Sud.
La littérature n’a jamais perdu de vue ce que notre monde querelleur essaie de nous forcer à oublier. La littérature se réjouit des contradic-tions et dans nos romans et nos poèmes nous chantons notre complexité humaine, notre capacité à être simultanément à la fois oui et non, à la fois ceci et cela, sans en éprouver le moindre inconfort. L’équivalent arabe de la formule “il était une fois” est kan ya ma kan, que l’on peut traduire par “C’était ainsi, ce n’était pas ainsi”. Ce grand paradoxe se trouve au cœur de toute fiction.
La fiction est précisément ce lieu où les choses peuvent être à la fois ainsi et pas ainsi, où il existe des mots dans lesquels on peut croire profondément tout en sachant qu’ils n’existent pas, n’ont jamais existé et n’existeront jamais. À cette époque où l’on vise à tout simplifier, cette magnifique complexité n’a jamais été plus importante.
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La conséquence de cette préoccupation presque totale pour la matière que lui offraient autrefois le tube cathodique et, à l’époque nouvelle des écrans plats, les dispositifs aux diodes lumineux, au plasma biologique et aux cristaux liquides fut qu’il succomba à un trouble psychologique de plus en plus envahissant dans lequel la frontière entre vérité et mensonge se brouillait jusqu’à devenir indiscernable, de sorte que, par moments, se sentant incapable de distinguer l’une de l’autre la réalité de la “réalité”, il commença à se considérer comme citoyen naturel (et habitant potentiel) de ce monde imaginaire de l’autre côté de l’écran auquel il vouait un tel culte et qui, selon lui, lui prodiguait ainsi qu’à tout un chacun les principes moraux, sociaux et pratiques en fonction desquels tout homme et toute femme devraient mener leur vie. Le temps passant et comme il sombrait de plus en plus profondément dans les sables mouvants de ce que l’on pourrait qualifier de réalité irréelle, il se mit à se sentir impliqué sur un plan émotionnel dans la vie d’un grand nombre d’habitants de cet autre monde, plus brillant, dans un sentiment d’appartenance qu’il se sentait en droit de revendiquer, telle une Dorothée contemporaine qui envisagerait de s’installer définitivement au pays d’Oz, et, sans bien savoir à partir de quand, il commença à éprouver une passion malsaine, car totalement à sens unique, pour certaine vedette de la télévision, la belle, la spirituelle et adorée Miss Salma R., toquade qu’il qualifia d’amour, de manière tout à fait impropre. Au nom de ce prétendu amour, il décida toutes affaires cessantes de poursuivre sa “bien-aimée” de ses assiduités de l’autre côté de l’écran de la télévision pour atteindre cet insigne et glorieux royaume de la réalité haute définition qu’elle-même et ses semblables habitaient, et, tant par ses exploits que sous l’effet de la grâce, de gagner son cœur.
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Il y avait chez Madame la Philosophe un fond de stoïcisme masochiste et, par mauvais temps, on la trouvait souvent dehors, ignorant le vent et le crachin ou plutôt les acceptant comme d’authentiques représentants de l’hostilité croissante de la terre à l’égard de ses occupants, assise sous le feuillage d’un vieux chêne lisant un livre détrempé d’Unamuno ou de Camus.
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Blue Yasmeen ouvrit la bouche mais fut incapable d’émettre le moindre son. «Geronimo Manezes ?» répéta la femme au tapis, toujours agacée. La journée avait été longue. «Quel appartement ?» Yasmeen pointa le doigt vers le plancher. «Au premier», parvint-elle à articuler. La femme au tapis volant prit un air écoeuré.
«Voilà pourquoi je n’aime pas me servir de tapis volants, dit-elle, leur foutu GPS se détraque tout le temps.»
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On sait très peu de choses, même si on a beaucoup écrit à ce sujet, de la nature véritable des jinns, ces créatures faites de feu sans fumée. Sont-ils bons ou mauvais, diaboliques ou bienveillants, cela fait l'objet d'âpres discussions. Ce que l'on admet généralement, ce sont les caractéristiques suivantes : ils sont fantasques, capricieux, impudiques, ils se déplacent très vite, changent de taille et de forme et réalisent bon nombre de vœux des mortels, hommes et femmes, qu'ils en décident ainsi ou s'y trouvent contraints, et leur perception du temps est radicalement différente de celle des êtres humains.
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Il lut l'extrait d'Orange Mécanique dans lequel Alex et ses sbires attaquent l'auteur d'un livre intitulé Orange Mécanique. Il avait beaucoup réfléchi à ce que Burgess appelle "l'ultraviolence" (y compris la violence contre les auteurs), à la séduction du terrorisme et à la manière dont cette violence donnait à des jeunes gens perdus et sans espoir un sentiment de toute-puissance et de cohérence.
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De braves gens allaient céder à la peur et prétendre que c'était par respect.
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Quelque chose de nouveau était en train de se produire, la montée d'une nouvelle intolérance. Elle se répandait à la surface de la terre mais personne ne voulait en convenir. Un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l'islamophobie.
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Pour être libre, il fallait d'abord présumer qu'on l'était.
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Le paradoxe est un nœud qui permet à un homme de se donner l'air intelligent alors qu'il lui ligote l'esprit aussi étroitement qu'un poulet qui va passer à la casserole.
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 Il était immigré. Il était un de ceux qui avaient échoué dans un endroit qui n'était pas celui où il avait débuté. L'immigration arrachait toutes les racines traditionnelles de l'individu. La personne enracinée prospérait dans un endroit qu'elle connaissait bien, suivait des habitudes et des traditions qui lui étaient familières ainsi qu'à sa communauté, parlait sa propre langue au milieu de gens qui en faisaient autant. De ces quatre racines, le lieu, la communauté, la culture et la langue, il en avait perdu trois.
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Ce que l'on apprend à l'école n'est pas toujours ce que l'école croit vous enseigner.
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Il se battait contre le fait qu'on puisse tuer quelqu'un à cause de ses idées et contre la prétention d'une religion à imposer une limite à la pensée
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J’ai appris que le monde était infini dans sa beauté mais aussi implacable, impitoyable, cupide, lâche et cruel. J’ai appris que l’amour est la plupart du temps absent et que lorsqu’il se manifeste il est généralement sporadique, fugace et finalement peu satisfaisant. J’ai appris que les communautés bâties par les hommes sont basées sur l’oppression de la multitude par une minorité et je n’ai pas compris. Je ne comprends toujours pas pourquoi la multitude accepte cette oppression. Peut-être parce que quand elle ne l’accepte pas et qu’elle se révolte, il s’ensuit une oppression plus sévère que celle qu’elle a renversée. J’ai commencé à me dire que je n’aimais pas beaucoup les êtres humains mais que j’aimais les montagnes, la musique, les forêts, la danse, les larges fleuves, le chant et bien sûr la mer. La mer est mon foyer. Mais en fin de compte j’ai appris que le monde peut vous arracher votre foyer sans aucun remords.
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Et puis du temps a passé et cela calme les passions. D’ailleurs les gens oublient. L’histoire est le résultat non seulement de l’action des gens mais aussi de leur oubli.
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Ainsi étaient les hommes, se disait Pampa Kampana. Un homme philosophait à propos de la paix mais dans sa façon de traiter la pauvre jeune fille sans défense qui dormait dans sa grotte, il n’agissait pas conformément à sa philosophie.
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Mes ennemis engagent des types médiocres qui bourrent les oreilles du peuple ignorant de vilaines histoires sur mon compte et le peuple ignorant gobe ça comme du petit lait. C’est pour cette raison que je me suis adressé à vous, éloquent monsieur Rachid. Vous allez raconter des histoires heureuses, qui dégagent de la bonne humeur et le peuple vous croira, il sera heureux, et il votera pour moi.
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En fait de vérité, ce que vous avez dans ces millions de petits volumes, c’est ce que Stephen Colbert a qualifié du terme inoubliable de “véritude”. Si la vraie vie n’est pas assez sexy, la solution – une solution très romanesque, il faut le dire – consiste à la rendre plus sexy. Ou pour le dire d’une autre façon, à mentir.
J’ai connu un jour un écrivain adepte de la “véritude”, un menteur consommé, un menteur vraiment brillant au point d’en être majestueux. Qui, lorsqu’on le confrontait à la fausseté évidente de ses déclarations, répondait d’un air impassible : “C’était une métaphore pour montrer combien j’étais malheureux.” Ne pas faire la différence entre une métaphore et un mensonge est une des définitions de la folie.
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