A l'occasion de la parution de 'Comme une famille' (Nathan), l'autrice Rachel Corenblit nous présente en quelques mots son livre, à travers la critique d'une lectrice Babelio.
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Il sait où il va. C'est rare, dans la vie, de connaître la bonne direction. En général, on flotte, on se laisse porter par les événements. On rencontre une fille, à un repas de famille, un mariage et la fille est belle, elle a des yeux et des seins magnifiques, un sourire incroyable et on a envie de la serrer dans ses bras, de l'aimer tout de suite mais on n'a rien décidé. Il y a une minute, on ne savait pas qu'on allait la trouver. C'est la vie qui ordonne. Qui dispose. On navigue à vue de nez. La fille, on l'aime. Où est la part de soi dans les décisions qu'on prend ? Dans les sentiments qu'on éprouve ?
On s'en fiche, des Arabes et des Juifs. Des guerres de religion, des guerre de territoire. Des histoires pourries que les autres inventent pour se rentrer dedans.
On vante les mérites de la beauté intérieure. Je commencerai à y croire quand on assistera à l'élection de Miss Monde Beauté Intérieure.
Vingt-cinq ans qu'ils [papa et maman] sont ensemble. Parfois, je me dis que pour vivre avec quelqu'un un quart de siècle, il ne faut pas être humain. Nos parents sont des extraterrestres qui n'ont pas compris que la monogamie, c'était valable quand les hommes avaient une espérance de vie réduite. Comme pendant l'Antiquité ou au Moyen Âge. Tu vivais jusqu'à quarante ans maxi, tu n'avis pas le temps de laisser s'effriter ton amour. Tu pouvais y croire encore. De nos jours, tu as le temps d'expérimenter cinquante façons d'aimer. Cinquante histoires d'amour. C'est mathématique.
Dans cette fraction d'instant, il se dit qu'il est mort le jour de sa naissance.
Que le souffle perdu de sa mère était le sien, en vérité.
Le reste, c'est un mensonge. Un mirage.
Ma mère est athée, elle déteste les religions, la religion et elle affirme que Dieu, c'est comme le Coca, beaucoup de pub pour un truc qui contient beaucoup d'air.
Elle a commencé par dire que c’était le passé. Que le passé, on le laissait dans un trou et qu'on le recouvrait de terre et que c’était inutile de vouloir le déterrer. Rien de bon ne sortait du chaos. Et son passé c’en était un, de chaos, immense.
A dix-sept ans, Clara Bauman n'était jamais tombée amoureuse.
Jamais.
Pas le moindre souvenir d'un garçon pour lequel elle aurait laissé ses pensées dériver plus que de raison et ces fameuses histoires de battements de cœur, de rouge aux joues, de frissons parfaits, la faisaient ricaner. Elle ne parvenait pas à comprendre comment c'était possible, d'aimer.
A quoi pouvait ressembler l'amour ?
On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois mais j'ai aimé.
*** attention, spoil sur les thématiques de l'histoire ***
L'année dernière, rappelle-toi, tu étais venue passer quelques jours à la maison. Le grand événement ! On sourit tous les quatre [sur la photo], dans le jardin. Tu as les pupilles comme des soucoupes volantes et nous des tronches de désespérés. A la fin, tu t'es barrée avec la carte bleue de maman. Il a fallu la déclarer volée pour pas que tu vides le compte. Notre terreur suprême. Que tu profites de toutes les économies familiales pour les diluer dans tes veines. Papa a juré que jamais, jamais, il ne voulait te revoir. Que tu n'étais plus sa fille. Reniée, rayée de son testament. Tu pouvais crever la seringue plantée dans le bras, la cervelle cramée, dans les toilettes d'une gare, sous un pont, il s'en foutait. Dans sa chambre, enfermé comme un ado qui boude, je l'ai entendu pleurer. Il est radin, papa, et il ne tient pas ses promesses. Dès que tu appelles, il te demande si tu veux passer à la maison. Presque, il te supplie. Il oublie tous les sales coups que tu as pu nous faire, les coups tordus, les mensonges, la carte bleue, la télé, les bijoux, les téléphones.
(p. 11-12)