Conférence animée par François AngelierUn nouveau cycle de conférences invite à une plongée dans les «mauvais genres» littéraires polars, littérature érotique, science-fiction. Cette séance évoque la sensualité, l'érotisme et la pornographie qui innervent l'histoire de la littérature.Avec Christophe Bier, historien du cinéma X et de la littérature populaire, Marylin Jess, ex-star du X des années 1970 et 1980, Philippe di Folco, écrivain et scénariste, et Éric Walbecq, spécialiste de la littérature du XIXe siècle à la BnF.Rencontre animée par François Angelier, producteur sur France Culture, et Monique Calinon, chargée de collections en littérature française à la BnF.Séance enregistrée le 14 novembre 2023 à la BnF I François-Mitterrand.
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Jacques Lebaudy a bâti sa vie comme on écrit un roman monstrueux, un roman-monde, nourri à la fois d'aventure, de picaresque, de vaudeville, de naturalisme de drame sanglant, de "phynances" et de beaucoup de "fausses nouvelles", mais il ne nous a pas donné le "comment j'ai écrit certains aspects de ma vie".
Qui était Jacques Lebaudy, l'homme dont la petite histoire retient le nom parce qu'il s'autoproclama durant l'été 1903 "empereur du Sahara" ? Au cours des années qui suivirent le débarquement dans le Sud marocain et toutes les péripéties qui s'ensuivirent, des centaines d'articles furent publiés de par le monde, le caricaturant parfois assez méchamment, le qualifiant de fou, de mégalomane, d'illuminé, de rêveur... Et puis on l'oublia.
Des couleuvres, par centaines, les gens sont toujours prêts à en avaler. C’est si facile que c’en est désolant.
J'ai un courage, si je n'en ai qu'un : je vis pour réaliser mes phantasmes, ayant su comme d'instinct, et comme tout de suite, que sinon je n'ai pas de vie. N'étant pas un prédateur, m'efforçant, tant bien que mal, de n'être pas un égoïste, je demande. Je retire ma demande au plus léger soupçon de refus, de répugnance, de simple embarras, mais je la produis, partout et toujours. j'ai envie de te voir en petite culotte, puis nue, j'ai envie de te sucer les seins jusqu'au lait, la vulve et le vagin jusqu'à la sève, (...)
Jacques Serguine "De la coupe aux lèvres" 2004
Citons encore le cas de George Parker qui, peu après 1918, à New York, vendit des bâtiments publics à des touristes imprudents. Son choix préféré se portait, comme son prédécesseur McCloundy, sur le pont de Brooklyn, qu’il vendit deux fois par semaine pendant plusieurs mois ! Au début, il s’installait à l’entrée du pont, se présentant comme contrôleur du péage, et empochait les taxes. Par la suite, il se fit passer pour le propriétaire du site. La police l’arrêta plusieurs fois, mais Parker recommençait. Il vendit également le Madison Square Garden, le Metropolitan Museum of Art, le tombeau d’ULysse Grant et la statue de la Liberté. George usait de nombreuses et diverses méthodes pour organiser ses ventes. Pour le tombeau du président Grant, il se présenta comme son petit-fils. Il ouvrit même une officine pour gérer ses escroqueries immobilières. Il produisit quantité de faux titres pour prouver qu’il était le propriétaire légal de tous les biens qu’il désirait vendre.
L'attitude de Jacques était décidément subversive : elle dit en filigrane "je serai le raffineur de ma destinée, je veux conquérir des terres, je suis un héros, je suis l'artiste de ma vie, je suis ma propre loi".
Rio-Buenos Aires est la dernière destination connue de Jacques Lebaudy par les autorités des douanes françaises. Dans les registres, l'employé a même notifié "Rio de Janeiro" suivi d'un point d'interrogation. Jacques agit comme s'il voulait brouiller les pistes. Augustine n'est pas dans la confidence.
Les beaux tableaux de Fernand Legros.
Il fréquente les milieux de « l’art dealing », et s’avise que la cote d’un artiste se construit à hauteur de 20% sur le nom du peintre et à 80 % sur celui du marchand, Rosenberg, Kahnweiler, Granoff, Wildenstein valent donc plus que le nom de Picasso ou Matisse. En même temps, il apprend que des milliers de Corot et d’Utrillo auraient été vendus sur le sol américain. Les faux pullulent. Ces découvertes fascinent Fernand. Il veut en être. Mais comment s’y prendre ? Comment se faire un nom de marchand, un nom qui ait valeur de certificat d’authenticité ?
… Entre temps, il est devenu l’amant du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarsjöld, dont le carnet d’adresses devait servir.
…
On le voit aux côté de Judy Garland, Hary Belafonte. Zizi Jeanmaire et Roland Petit veillent assi au développement artistique de leur cher Fernand. Dans les coulisses des studios, la maman de Zizi est là. Il se trouve qu’elle vend de (vrais) tableaux aux grands pontes des studios. Elle conseille à Fernand d’investir. Il achète donc pour 500 dollars une ébauche, à peine un dessin, signé Picasso, qu’il revend le jour même à l’acteur Bob Hope. La garantie ? Il avait appartenu à la poétesse Gertrude Stein. Ce qui plait à Fernand, c’et la facilité avec laquelle ces échanges ont lieu, mais aussi la conception même des œuvres modernes : la vitesse de production du trait d’un Matisse ou d’un Picasso, sans aucune mesure avec la lenteur d’un Vermeer ou d’un Poussin….
De Façon certaine, Legros et Hory sont en partie la source d’inspiration de l’ultime album inachevé des « Aventures de Tintin », « Tintin et l’Alph-Art ». Dans les croquis, la silhouette de Fernand apparaît sous le crayon d’Hergé. Son nom ? Endaddine Akass (« qu’est-ce qu’on encaisse » en dialecte bruxellois.)
L'ascenseur ART transporte au septième étage d'un immeuble parisien Dennis et Elvire. Au premier, Dennis embrasse la nuque d'Elvire et caresse ses fesses à travers sa robe. Au troisième, sa main contourne ses hanches, soulève le tissu et les doigts se glissent entre les étoffes, jusqu'à son ventre. Au cinquième, le majeur s'insinue plus loin encore entre les chairs humides. Au septième, le doigt s'éclipse après une ultime caresse. La porte va s'ouvrir, Dennis remonte délicatement sa main et ils sortent. L'ascenseur repart aussitôt.
Hervé Letellier "La Chapelle Sextine" 2005.