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4.27/5 (sur 487 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Vendée , 1986
Biographie :

Pauline Hillier est une écrivaine et activiste.
C’est en Vendée qu'elle débute l’écriture à l’adolescence. Durant ses études d’arts du spectacle à Bordeaux, elle écrit et met en scène pour le théâtre, avant de partir deux années à Barcelone où elle écrit son premier roman "À vivre couché" (2014).
Membre du mouvement international Femen de 2012 à 2018, elle participe à de nombreuses actions.
Elle est emprisonnée en 2013 en Tunisie avec deux autres membres de son groupe après une action topless menée pour réclamer la libération d'une militante tunisienne. Son roman "Les contemplées" (2023) lui a été inspiré par son séjour en prison.
Elle est coauteure avec Inna Shevchenko d’"Anatomie de l’oppression" paru au Seuil en février 2017 et contributrice du "Manifeste Femen" (2015) et de "Rébellion" (2017).

Twitter : https://twitter.com/pauline_hillier?lang=fr
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Source : www.onlit.net/
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Bibliographie de Pauline Hillier   (3)Voir plus

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Dans ce nouvel épisode de notre podcast, Julien, Adeline et Nolwenn, tous trois libraires à Dialogues, partagent leurs derniers coups de coeur ! Bibliographie : - Un roman : Les Contemplées, de Pauline Hillier (éd. La Manufacture de livres) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21602004-les-contemplees-pauline-hillier-manufacture-de-livres - Une bande dessinée : le Coeur en braille, de Joris Chamblain, Pascal Ruter et Anne-Lise Nalin (éd. Dargaud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21948894-le-coeur-en-braille-joris-chamblain-pascal-ruter-anne-lise-nalin-dargaud - Un recueil de poésie : le Déversoir, poèmes minute, d'Arthur Teboul (éd. Seghers) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21717697-le-deversoir-poemes-minute-arthur-teboul-seghers

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Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
L'infidélité d'une femme, réelle ou supposée, en plus de ruiner sa réputation, jette souvent l'opprobre sur sa famille tout entière. Les parents, les frères et les sœurs de Samira, s'estimant salis par son crime, lui ont tourné le dos. Quant à son mari, il ignore ses courriers et la prive de nouvelles de ses enfants. La communication rompue, tout espoir de libération anticipée s'est envolé, car il est le seul à pouvoir la faire sortir d'ici. Un courrier de sa part et Samira serait libre. Tel est le pouvoir olympien des maris sur leurs épouses. D'un pouce dans l'arène, ces petits césars scellent le destin des femmes qu'ils possèdent. Ils sont nombreux à utiliser cette loi pour se débarrasser d'elles et obtenir la garde de leurs enfants.
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Seule la chasse aux insectes me sort parfois de ma léthargie. C'est le sport national de la Manouba. Le plus souvent, ce sont les mouches qui font s'agiter les détenues. On voit leurs bras se balancer dans la pièce comme des queues de vache dans un pré. Balayage à droite, balayage à gauche, c’en est devenu machinal. Je chasse les mouches comme je ramène mes cheveux derrière mes oreilles, sans y penser. Quand un cafard s'approche, en revanche, c'est une autre histoire. Je bondis comme une chatte. C'est une cohabitation à laquelle j'ai plus de mal à me faire. Ils ne sont pas très gros mais téméraires, ils n'hésitent pas à grimper sur les lits. Ils respectent toutefois un Code de la route assez strict en n’empruntant la plupart du temps que les boulevards des barreaux en métal. Il faut vraiment qu'il se soit égaré pour qu'on en retrouve un dans les chemins de traverse de nos draps. Mais si un pied ou une main leur barre la route ils n'hésitent pas à gravir l'obstacle et les vols planés des pichenettes que nous leur infligeons ne semblent aucunement entamer leur détermination. Leurs carapaces épaisses et leurs petites pattes élancées les protègent en cas d'accident. Sitôt atterris, ils sautent sur leurs pieds et se remettent en route. Les occupantes des couchettes inférieures souffrent encore plus de ces envahissants colocataires, car les cafards circulent sans vergogne au-dessus de leurs têtes sur les sommiers en métal qui semblent constituer les centres névralgiques de leur petit réseau routier. Jour et nuit, ils sont là qui se promènent, échangent des informations olfactives, transportent un paquet, font la course, s’accoudent à un barreau, grignotent un morceau de rouille, s'accouplent sous nos yeux puis repartent en sifflotant, les antennes dans les poches. Leurs vies sont bien plus trépidantes que les nôtres. Il n'y a pas d'autre choix que de se résigner à assister à ce spectacle décadent. Le temps d'en chasser un, cinq autres apparaissent. Les lits éloignés des sanitaires sont plus préservés. J'ai tôt fait de comprendre pourquoi les lits superposés attenants aux toilettes sont cordialement laissés aux primo-arrivantes. À nous les odeurs, les bruits et les cafards. Les anciennes ont déjà donné.
(p.63-64)
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Les après-midi sont de longues pages blanches durant lesquelles il faut affronter l’ennui comme on peut. Le premier objectif de la journée reste de la passer. Ce sera déjà une bonne chose de faite. Une de plus, une de moins. 
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Toutes mes visions du bien, du mal, de la justice, de la morale, sont remises en question. Les cartes de la vie sont rebattues, tout est à revoir. Je me défais peu à peu des préjugés moraux que je brandissais jadis avec l'arrogance d'un petit prêtre. Je désapprends. L'humanité s'est présentée à moi nue, dans ce qu'elle a de plus brut et de plus sincère, sans rien dissimuler de ses contradictions et de ses zones grises, faisant voler en éclats tous mes repères et me poussant à une introspection philosophique que je n'avais pas vue venir. Quand je promène mes yeux dans la pièce, je ne suis plus capable de distinguer les bonnes des mauvaises, les innocentes des coupables, les gentilles des méchantes. Ça ne marche plus comme ça. Et je comprends que la vie non plus ne marchera plus jamais comme ça.
(p.110)
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Je me souviens alors d'une promesse faite à Boutheina, un soir au-dessus d'un verre de Fanta orange, alors qu'elle me disait sa peur d'être oubliée de tous et effacée du monde. Je lui avais promis de ne jamais l'être de moi. À présent nous y voilà, le temps est venu de tenir ses promesses. Si je n'ai pas le pouvoir de libérer la vieille Boutheina, de réparer les drames et les injustices, de ressouder toutes les ailes et tous les petits bréchets cassés de la terre, ou de renverser les lois et le pouvoir des hommes (en tout cas pour l'instant), il en est un que j'ai et que personne ne peut m'enlever, celui, modeste et pourtant immense, de faire exister le temps de quelques pages ces femmes que plus personne ne voulait voir, sauf moi. Et de les rendre ainsi indélébiles.
(p.177)
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Une question obsédante tourne en boucle dans mon cerveau, à laquelle j’avais toujours cru savoir répondre dans mon manichéisme obtus de post-adolescente, mais qui aujourd’hui me laisse complètement désarçonnée. Où sont les bourreaux où sont les victimes ? Je ne sais plus. Les concepts de culpabilité et d’innocence me deviennent de plus en plus flous, poreux.
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Une question obsédante tourne en boucle dans mon cerveau, à laquelle j’avais toujours cru savoir répondre dans mon manichéisme obtus de post-adolescente, mais qui aujourd’hui me laisse complètement désarçonnée. Où sont les bourreaux où sont les victimes ? Je ne sais plus. Les concepts de culpabilité et d’innocence me deviennent de plus en plus flous, poreux.
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Mais en acceptant de jouer selon ses règles je finis par en apprendre un peu plus sur cette Jacques Mesrine en djellaba, aux cent conquêtes et mille roublardises, embobineuse de gardiens, gouailleuse des cellules, facétieuse, drôle et si pleine de vie.
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J'ai écrit ce livre, pour que tout ne disparaisse pas à jamais sous la poussière. Le temps de quelques pages j'ai voulu faire exister celles qui avaient été injustement oubliées. Ce roman d'adieu est pour elles. Aux femmes de la Manouba. À toutes les prisonnières. Aux rejetées. Aux rebues. Aux innocentes. Aux coupables. À mes sœurs du Pavillon D, pour qui je n'ai pas eu le temps d'apprendre à dire au revoir. Besslama. p. 180
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Ilest vingt heures, le soleil se couche sur Tunis. Dans la voiture, un flic me met en garde: là où je vais ça ne va pas être facile, il va falloir rester sur mes gardes et me méfier de tout le monde. Je ne sais pas où l'on me conduit, personne ne m'a expliqué. Des gens ont parlé en arabe autour de moi toute la journée, des officiers de police ont passé des coups de fil, d'autres m'ont observée gravement pendant de longues minutes avant de pousser de grands soupirs, une avocate a fait un passage éclair, toute en sueur, l'air affolé, une pile de dossiers sous le bras et des lunettes de soleil sur la tête, m'assurant qu'elle ferait tout son possible pour me sortir de la, mais personne ne m'a exposé le programme. Ça a eu l'air de leur sembler évident. Pourtant, plus les heures passent et plus rien pour moi ne l'est. Mon cerveau colle en vrac des images sur les mots que le flic prononce: « Il y a des tueuses. Il faut faire attention. Il ne faut pas leur faire confiance. Elles te dépouilleront, elles te frapperont, ou même pire. Il y a des folles là-bas. »
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