Olivier Bérenval nous parle du roman
Superluminal de
Vonda McIntyre, autrice lauréate des prix Hugo et Nebula.
***
... Des vaisseaux qui voyagent plus vite que la lumière.
... Des pilotes qui les guident au-delà de nos trois dimensions familières.
... Et Laenea qui sacrifie son coeur humain pour une machine bionique, afin de pouvoir entrer dans les rangs des voyageurs interstellaires.
Une histoire d'amours étranges et de pérégrinations fantastiques. L'amour de Laenea Trevelyan et de Radu Dracul et leurs extraordinaires voyages vers d'autres espaces, d'autres dimensions, de nouvelles terres et de nouveaux océans. Des êtres à la fois proches et lointains aux- quels l'autrice sait donner vie et consistance psychologique.
***
Superluminal de
Vonda McIntyre, le 17 juin en librairie.
+ Lire la suite
Au bout de quelques jours, la routine avait repris ses droits. Et c'était terrible de penser que la vie, avec sa force butée, irrépressible, effacerait tout, et que, bientôt, le souvenir même de leurs défunts pâlirait...
p.144
Giana éprouva un élan de solidarité féminine : la jeune voltigeuse devait régulièrement se défendre contre les attaques de Vandivier qui semblait avoir des vues sur elle. Cette histoire finirait un soir par une agression vicieuse du grenadier, et par un coup bien placé dans son bas-ventre (c'est ce que Giana espérait) de la part de Franko.
Les affaires se concluaient souvent de la sorte : des conscrits rompus à toutes les formes de guerre totale, coupés de leur attaches personnelles, abrutis par des entraînements inhumains, ne constituaient pas des candidats naturels aux histoires sentimentales... Un bon coup de botte blindée valait mieux que de longues romances pour signifier son refus à un partenaire potentiel.
Je voulais savoir si ces stupidités séparatistes s'accompagnaient aussi de croyances hérétiques, l'un allait souvent avec l'autre.
"Non, ils n'adhèrent pas à la religion officielle. Leurs mythes font intervenir toute une galerie de divinités, mais c'est assez complexe et je ne m'y suis jamais vraiment intéressée..."
Hérésie donc. Je ne pouvais qu'approuver le désintérêt de Creek : une religion bien pensée ne devait servir qu'au contrôle des populations, sinon elle était inutile, voire dangereuse... Toutefois, je n'aurais osé exprimer l'idée à voix haute, même si mes supérieurs auraient été amusés par mon pragmatisme iconoclaste...
P.125
"- Je suis désolé de t'avoir fait perdre ton temps. Si l'objectif de la soirée était de m'inciter à partager vos croyances, je suis encore indécis...J'apprécie vos efforts en tout cas."
Luten me considéra avec un petit air en coin.
"Un sceptique, n'est-ce pas ? sourit-il. Comme ceux que les anciens de Mère-nourricière devaient convaincre... Lorsque les hommes n'adoraient pas encore Cao Dai, mais l'une de ses composantes dispersées : l'Étoile-Triangle, le Croissant-de -Lune, le Sage-qui-Sourit, le Dieu-Cloué..."
De plus en plus de Citoyens masculins choisissaient des prénoms de femme, à leur majorité, pour manifester leur soutien totale à la parité des sexes.
Lorsque vous êtes en infériorité à dix contre un, évitez l'ennemi. A cinq contre un, harcelez-le. A deux contre un, divisez-le. Si vous êtes de force égale, vous pouvez engager le combat.
[Enseignements de l'Académie des janissaires]
L'ennemi qui vous entoure n'est pas le plus féroce : celui qui réside en vous est bien pire. [...].
[Enseignements de l'Académie des janissaires]
Fût-ce en mille éclats
Elle est toujours là -
La lune dans l'eau.
[Texte inconnu, fragments mémoriels de Mère-Nourricière]
En vérité, bien loin d’être un progrès, le langage nous a mutiles par des excès, par sa performativité qui a rigidifié les structures sociales de nos clans. C’est une mort lente qui s’est insinuée dans nos esprits, distillant son poison, et qui a rendu nos esprits uniformes, gommant les différences individuelles dont nous étions ri riches, une tour de Babel à rebours.
Je donnerais tout pour l’oublier, pour retrouver le monde enchanté des sensations, des connivences interpersonnelles, des frontières perméables entre réalité et intériorité, sans la barrière des mots figés.
"Voyons à quoi ressemblent nos chers révolutionnaires variants…"
La mestre s’interrompit soudain, fixa le burg pendant plusieurs dizaines de millimes – presque une minute – puis regarda Giana d’un air désemparé, sans avoir refocalisé, les yeux encore perdus au loin.
Sa vision s’accommoda de nouveau et elle lui demanda : "Vous avez vu ? Ces Acanthes, ils sont…
— Ils sont très différents de nous. Des Variants de stade trois au minimum. Nous n’avions pas eu cette information, en effet."
Giana laissa la mestre du camp accuser le coup puis observa à nouveau les formes mouvantes dans la brume, ces êtres humains dont les membres démesurés flottaient comme des cerfs-volants des temps anciens et qui semblaient vouloir les défier.