Même à cet instant, j’ai peur qu’elle remarque quelque chose, dans mes traits, qui l’alarme. Si elle alerte quelqu’un, je ne sais pas ce que l’homme serait capable de lui faire. À elle, et à tous les autres.
Alors je garde les yeux rivés sur mes pieds nus, par sécurité.
Ce n’est pas étonnant qu’il règne en suprématie sur la ville. Pourquoi ils le haïssent autant, mais n’osent pas l’affronter directement.
Seul un idiot se mettrait en travers du chemin d’un tel homme.
Et seule une idiote ressentirait de l’attirance pour lui.
Mais, de la même manière que maman aime à me le rappeler chaque fois que nous parlons au téléphone, nous, femmes Dunn, avons toujours eu un faible pour les hommes dangereux.
Elle est folle de jalousie, cette salope. Ça ne lui aurait pas plu. Et je n’avais pas envie de mettre Xena en colère et de risquer de mettre Belle en danger. Comme Christo l’a si bien dit, Xena pourrait profiter de m’avoir au téléphone pour torturer Belle. Juste pour le plaisir.
Non, il vaut mieux conserver l’avantage de la surprise. Même si ça veut dire que j’y vais en aveugle, sans la moindre idée de ce qui m’attend.
Mon sexe tressaille simplement en pensant à son petit corps efféminé, tout trempé et glissant de savon quand elle prenait sa douche.
Chaque fois que je ferme les yeux, je revois son intimité satinée, ses seins fiers et la courbe de son ventre.
Et je ne désire rien de moins que la revoir nue devant moi à nouveau.
Et je ne veux rien de moins que la baiser jusqu’à ce qu’elle se soumette à moi.
Notre monde est laid et, au sein de ce dernier, vit la lie de la société, des hommes tels que Mickey : affamé de pouvoir, obsédé par l’argent et le control et se moquant de tout le reste.
N’étant séparés que par quelques centimètres, je peux voir l’abondance de ses poils de nez dans ses narines proéminentes. Il me rappelle un taureau en rut.
Elle a les yeux les plus bleus qu’il m’ait un jour été donné l’occasion de voir. Ils forment un contraste saisissant avec sa peau pâle et ses cheveux sombres. Ses yeux en amande sont étrécis, en colère.
J’aperçois l’éclat de défiance en eux et, à cette vue, une concupiscence charnelle jaillit en moi.
Les chefs de mafia ne dorment pas. Autrefois, je désirais cela : la perspective de dormir jusqu’à pas d’heure, la perspective de rêver.
Mais quand les rêves se sont transformés en sombres cauchemars sept ans plus tôt, j’ai arrêté de désirer dormir.
Être insomniaque ne me dérange plus.
À l’époque, je pensais que c’était une coïncidence si elles s’étaient retrouvées captives des hommes de Giorgos. Je pensais que les Grecs surveillaient ma maison. Mais je n’avais peut-être pas sauvé la vie de Belle ce soir-là.
Peut-être que j’avais interrompu leur cavale.
Le regard de la femme alterne entre moi et l’homme, comme si elle essayait de comprendre quelque chose. Pendant ce temps, je sens mes tripes se nouer. Lorsqu’elle sort de la chambre avec l’infirmier, je me rue sur mon téléphone et compose le numéro de Nikolai.
Mon infirmier est bizarre. Il est trop gentil, genre… vraiment trop. Je dois avoir l’air complètement folle, de me plaindre que mon infirmier soit trop gentil. Mais je t’assure, quelque chose ne va pas, il faut que tu viennes. J’ai vraiment besoin de toi.