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Critiques de Mitsuyo Kakuta (74)
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Lune de papier

Quand s'ouvre le roman, Rika a fui le Japon pour passer la frontière japonaise. La presse titre sur une affaire de détournement de fonds à hauteur de 100 millions de yens ( près de 800.000 euros ) alors qu'elle travaillait dans une banque comme responsable de clientèle auprès de personnages âgées.



Rika est un personnage d'une formidable opacité. Jolie, mal mariée mais épouse modèle, sans enfant, une vie bien banale comme tant d'autres. Mitsuyo Kakuta construit son récit à coup d'analepses pour essayer de comprendre ce qui a pu amener la très réservée et droite Rika à basculer dans l'indignité. Elle focalise l'attention et pourtant, c'est progressivement un petit choeur de femmes ( toutes ont connu Rika ) qui se forme et raconte la condition féminine japonaise et plus largement la société du pays : soumission au mari, emprise des crédits à la consommation, addition à la société de consommation, conformisme social y sont décryptés minutieusement, l'air de rien.



C'est là que le roman se nimbe d'une subtile subversivité avec le récit d'une femme qui s'émancipe en volant des personnages âgées qui lui vouent une confiance quasi filiale. Même si au départ, elle est animée par des motivations superficielles et égoïstes, elle brise une myriade de tabous et contraintes inhérentes à une société japonaise très corsetée et réglementée, comme lorsqu'elle ose inviter son mari dans un restaurant cher, un affront assimilé à une volonté de l'humilier comme s'il n'avait pas les moyens de le faire.



Cette rébellion buissonnière est racontée d'une écriture plutôt lapidaire et froide, ce qui crée une tension, certes légère, mais toujours présente qui fait grandir une sensation de malaise devant cette quête de liberté et d'être soi. Le lecteur flotte au dessus des personnages dans une ambiance à la fois ouatée et violente psychologiquement.Ce n’est pas un roman qui vous fait vibrer d’émotion mais réfléchir. Rika ne suscite certes pas d'empathie, elle reste terriblement hermétique, et pourtant, on a l'impression de la comprendre dans sa dérive qui n'en est d'ailleurs pas forcément une. C'est ce qui fait toute la beauté des dernières pages, consacrées non pas à Rika mais à Aki, son amie, magnifiquement éclairée alors qu'elle aussi a chuté aux yeux des conventions japonaises.



Un roman troublant et subtil.
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Lune de papier

La vie avec un mari distant ne lui apportant pas le bonheur espéré, Rika décide de s’investir dans un emploi. Devenue chargée de clientèle dans une banque, elle visite régulièrement à domicile les personnes âgées qui lui font confiance pour leurs opérations bancaires et la gestion de leur épargne. Sa hiérarchie et ses clients l’apprécient, mais le vide de sa vie privée devient de plus en plus obsédant. Pour tenter de le combler, elle noue une relation extra-conjugale avec un jeune homme et, insensiblement, se retrouve occupée à détourner des sommes de plus en plus importantes…





A travers Rika, mais également les autres femmes du roman, tout aussi ingénument engagées dans une vie maritale dont elles n’imaginaient pas le poids des désillusions, c’est la vacuité du quotidien ordinairement réservé aux Japonaises, que l’auteur nous dépeint ici avec férocité. Au foyer ou employée le plus souvent à mi-temps, avec ou sans enfants, aucune, dans ce récit, n’était préparée à la somme des renoncements qui l’attendait, alors que toutes se retrouvent liées à des époux absents, exclusivement accaparés par leur carrière professionnelle et pétris de la certitude de leur prééminence masculine. Dans cette histoire, aucune communication n’existe au sein du couple, chacun vaque à ses occupations parallèles au détriment même, parfois, de toute intimité conjugale. Les maris décident et disposent sans partage, partent plusieurs années à l’étranger sans se préoccuper de ce qu’il advient à la maison, divorcent rarement, mais alors abandonnent leur ex-conjointe sans ressources pour confier la garde des enfants à leurs propres parents.





Dans ces couples cimentés principalement par le souci des apparences et des conventions sociales, sans doute parce que chacun pense compenser ses manques affectifs par davantage de satisfactions matérielles, c’est finalement autour des questions d’argent que se cristallisent tensions et conflits. Tel mari craint l’ombre d’une épouse capable de gagner sa vie, tel autre est mal considéré par sa belle-famille parce que ses revenus sont insuffisants, le dernier se résout au divorce – si rare au Japon -, en raison des achats compulsifs de sa femme. Quand, depuis les années quatre-vingt, beaucoup de Japonais se retrouvent prisonniers des crédits à la consommation et du surendettement, c’est dans un tout autre engrenage que la si sage Rika, sans intention malhonnête initiale, se laisse happer, dans une irrésistible escalade qui installe un sentiment de malaise et tend imperceptiblement le récit : en rébellion à sa morne et insignifiante existence, la jeune femme succombe elle aussi au mirage de l’argent, en se transformant en improbable escroc. Par ses malversations, c’est de la société japonaise toute entière, de ses hypocrisies et de son corset de convenances, que Rika tente en réalité de s’affranchir…





Au travers de ses personnages féminins, réduits à tromper l’indigence affective de leur couple et à s’inventer un semblant d’affirmation de soi par une surconsommation de biens matériels, Mitsuyo Kakuta pointe du doigt l’écrasante pression sociale qui poursuit les Japonais jusque que dans leur relation maritale, sacrifiée à l’hypertrophie du carriérisme masculin. Une lecture fascinante et troublante, où sous ses apparences lisses et policées, la société japonaise, tout comme cette histoire, se révèle d’une incommensurable violence psychologique.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La cigale du huitième jour

Elle court, court, court dans la rue, le petit matin, la fraicheur de l’aube, le ciel qui vire du noir au rouge… La maison brûle, un bébé qui pleure dans ses bras, fumées noires et flammes rouges. Kiwako, comme prise d’une impulsion, a kidnappé Kaoru, et entame donc une longue cavale à travers le temps et le Japon. De cette action non préméditée, va s’instaurer une étrange relation mère-fille. Pendant des années, elles vont de lieux solitaires en lieux marginaux, pour éviter d’attirer l’attention sur elles. Au moindre doute, Kiwako change de camp et décampe vers un autre horizon, SA petite fille dans les bras, puis main dans la main. Ainsi la petite Kaoru grandira avec cette unique mère de substitution, ballotée d’un univers à l’autre. L’histoire d’une fuite éternelle, lorsque le soleil se couche et que seul le chant des cigales se fait entendre. Comme un air de bossa nova sur l’archipel.



Quelques années après, second acte. Je retrouve Kaoru adolescente, femme, bientôt mère et observe son point de vue, un peu perdue, forcément triste sur la première partie de sa vie avec si peu de souvenirs. Elle a le sentiment que cette femme, cette mère aimée et aimante de la première époque, lui a justement et malheureusement volé sa vie. Kana-kana-kana, le chant des cigales gronde dans le silence d’un procès. Comme les pleurs d’un saxophone soprano sous le bleu de la lune.



Un étrange roman de Mitsuyo Kakuta qui pose beaucoup de questions sur la parentalité, sur la construction de soi après une telle enfance, l’affection ou la peur vers les autres, sur l’instinct maternel et/ou son amour. Au final, un roman à découvrir plus pour sa teneur psychologique que pour son suspens. Une promenade dans la campagne, les îles japonaises, prendre un ferry et s’arrêter à quai. Et à lire pour le chant des cigales qui se confondent à une version plus folle que furieuse d’un jazz funk à la sauce Watanabe.
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La cigale du huitième jour

Après s'être assurée que ce matin-là le père est en route pour son travail et que la mère s'est momentanément absentée, une jeune femme, Kiwako pénètre dans leur maison et après avoir vu leur bébé, prise d'une pulsion, s'en empare et s'enfuit. Commence alors pour elle et la petite qu'elle appelle Kaoru, une cavale dans un Japon à la marge, dans lequel il est plus aisé de se fondre.

Dès les premières pages on sent la fragilité et les réactions imprévisibles de la jeune femme, Mitsuyo Kakuta nous embarque d'abord dans cette fuite au gré des idées changeantes ou de la crainte de la jeune femme d'être reconnue et arrêtée. Attentionnée, débordante de tendresse envers Kaoru, et le temps de sa cavale, elle évoque les évènements qui l'ont conduit à un tel acte... Vingt ans ont passé, c'est maintenant la fille qui raconte son histoire...



La cigale du huitième jour est est un road trip envoûtant, une construction originale à deux voix mais surtout à deux rythmes, celle de la cavale de Kiwako, frénétique, toujours dans l'instant et dans l'instinct, et celle de d'Erina surtout son introspection sur ses premières années - quand elle était Kaoru - et sa construction dans une famille dysfonctionnelle.

Mitsuyo Kakuta soulève une quantité de questionnements sur l'instinct et l'amour maternel, sur la parentalité, la construction affective, le regard de la société sur la victime, la transmission des valeurs familiales, la manipulation mentale.

Une première découverte de l'univers de Mitsuyo Kakuta qui me donne envie de découvrir ses autres romans.
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Celle de l'autre rive

Deux femmes trentenaires, l'une, Sayoko, mariée , un enfant de trois ans, une licence de lettre, décide de retravailler après une pause de cinq ans,.....pour faire des ménages,...l'autre, Aoi, est celle qui la recrute, single, "libre comme l'air". Elles ont fait leurs études dans la même université.

Deux japonaises , deux femmes difficiles à cerner au départ.

L'auteur alterne présent et passé, le récit de leur rencontre avec l'histoire d'amitié que l'une d'entre elles, a vécu dans sa jeunesse avec une fille assez spéciale ,Nannako. Les deux récits en parallèle , sur fond de recherche du sens des relations humaines, relate la vulnérabilité de l'être ( ici des femmes,mais peu importe homme ou femme) face au monde, la peur de "l'autre" et du regard de la société.

"Celle de l'autre rive" est en faites une métaphore , l'autre rive étant nos sentiments refoulés, qu'il faudrait rejoindre avec l'âge pour "choisir de se rencontrer,pour aller de son plein gré vers l'endroit choisi".

J'ai trouvé le personnage de Nannako particulièrement intéressant.Bien qu'elle ne soit pas un des deux principaux protagonistes, elle est à mon avis le pivot de l'histoire.Une personnalité qui aurait certainement intéressé Boris Cyrulnik.

C'est une très belle histoire légère,simple, fluide bien que le sujet s'y prête peu.L' histoire est japonaise,sur fond d'une société en mutation qui peine entre modernité et archaïsme sociaux, mais les questions posées sont universelles.

Kakuta pour ce livre a reçu en 2005, un grand prix littéraire japonais ,le Naoki Prize.
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Lune de papier

Pas facile d'être une femme indépendante au Japon.

Visiblement, la norme c'est de se marier et ensuite de quitter son emploi afin de devenir mère.

Mais qu'arrive t'il à celles qui ne veulent ou ne peuvent enfanter ?

Rika fait donc partie de ces femmes qui ont du quitter leur emploi après s'être mariées, mais le bébé tardant à venir et les journées étant très longues, elle va finalement reprendre un petit boulot, car c'est tout ce qu'elle peut espérer, les postes importants étant réservés aux hommes.

J'ai beaucoup aimé suivre le quotidien de Rika, qui bien qu'occupant un emploi, n'est pas considérée comme une personne à part entière par son mari.

Celui-ci considère qu'elle ne gagne pas grand-chose et que c'est donc lui qui fait vivre le foyer et qui est donc à mème de prendre toutes les décisions relatives au couple, le choix des restaurants, des sorties, des voyages, des achats….

Le travail et l'argent gagné jouent un rôle important dans la place sociale qu'occupent les individus au Japon, et les femmes ne sont donc pas considérées comme des personnes ayant un pouvoir important au sein des familles, elles ne sont bonnes qu'à élever des enfants et à dépenser l'argent de leur mari.

Pas étonnant alors que certaines aient envie de sortir des rails et de mener une vie « hors-norme », histoire de regagner confiance en elle et de pouvoir réaliser leurs rêves.

C'est ainsi que Rika va devenir « hors la loi » et détourner l'argent de ses clients.

Plus que l'histoire d'une voleuse, ce roman est l'histoire d'une femme qui en a eu marre d'être considérée comme un être inférieur et qui a eu envie de se choisir une vie différente, faite de luxe certes, mais surtout de liberté.
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Lune de papier

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Lune de papier, mon dernier coup de cœur littéraire et une lecture qui va rester longtemps dans ma mémoire dans j’ai adoré ce roman.



Dès les premières pages, on sait que le personnage central Rika, a détourné une très grosse somme d’argent dans la banque qui l’employait. Elle est en cavale et se cache dans des pensions miteuses en Thaïlande. Elle va peu à peu nous raconter son histoire et surtout comment elle en est arrivée là. En parallèle, on découvre des personnages qui l’ont connu au lycée ou à l’université et qui s’interrogent eux aussi sur Rika et sa descente aux enfers.



C’est un roman passionnant dans son ensemble. Tout d’abord, la construction qui apporte lentement les différents éléments de l’intrigue mais juste assez pour happer le lecteur et que l’on puisse sentir la tension monter.



Rika est attachante, et malgré son détournement d’argent qui peut sembler un geste complètement fou et incompréhensible, on peut facilement s’identifier à elle. Elle se sent seule, délaisser par un mari qui ne la regarde pas, qui ne lui donne pas d’amour et qui pour combler son manque de virilité a un besoin constant de l’a rabaissé. Et ensuite c’est un enchainement de petites choses qui font que le destin de Rika bascule sans retour en arrière possible.



J’ai adoré découvrir différentes facettes de la société nippone : les relations hommes-femmes que je trouve toujours très compliqués, relations ou l’on communique peu ou pas du tout. Le rapport à l’argent dans le couple, ou il est important pour l’homme de gagner plus que son épouse. Cette société de surconsommation ou prendre un crédit à la consommation est tellement simple. Le rapport à la beauté et au shopping et pour avoir été au Japon il y a quelques années, j’étais déjà extrêmement surprise du nombre de boutique de luxe et de la coquetterie des femmes.



C’était une première rencontre avec l’auteure, Mitsuyo Kakuta et j’ai adoré son style et sa plume. Il est certain que je lirais très vite un autre de ses romans mais une chose est sure c’est qu’elle a placé la barre très haute avec celui-ci et j’espère que je ne serai pas déçue avec les prochains.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Lune de papier

Traduit du japonais par Sophie Refle



Bon, bon, bon, que dire ?

Comment me suis-je retrouvée avec ce livre, je ne m'en souviens pas. Peut-être était-il sur le présentoir des nouveautés à la bibliothèque et que la couverture m'a plu. Je ne sais plus mais peu importe.

Je suis allée jusqu'au bout de ma lecture, mais sans aucun plaisir. Les noms des lieux et des personnages sont impossibles à retenir pour moi, tous se mélangent, sauf celui de Rika, encore heureux.

J'ai trouvé l'histoire banale. Plusieurs personnes ont attrapé la fièvre acheteuse. Ce livre est un tourbillon de yens. Il y est tout le temps question d'argent, de la valeur des choses, de ce qui a été dépensé etc. Quel intérêt ? Aucun.

Ce qui m'a un peu intéressé, par contre, c'est le fonctionnement de la société japonaise et la place des femmes dans cette société. C'est l'unique raison pour laquelle j'ai terminé, laborieusement, ce livre.

Perso, je ne le conseille pas, mais tous les goûts sont dans la nature.
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Celle de l'autre rive

La rencontre entre deux femmes japonaises: l'une célibataire dirigeant une société de services, l'autre mère au foyer souhaitant travailler. Entre eux va naître une amitié. Cette relation fait écho à ce qu'a vécu Aoï, la chef d'entreprise, dans son adolescence avec sa meilleure amie.

L'auteure dresse le portrait de ses deux femmes subtilement en montrant que l'enfance peut laisser des traces dans notre comportement en tant qu'adulte. L'auteure aborde aussi les difficultés rencontrées par les femmes qui souhaitent être mère tout en continuant à travailler. Le poids des traditions, la pression sociale est encore fortement présente dans la société japonaise, même s'il y a des évolutions positives.

Je dois avouer que la première partie du livre ne m'a pas captivé. Mais l'alternance des chapitres entre l'évocation des évènements marquants de la jeunesse d'Aoï et la situation actuelle a suscité du suspens dans l'histoire et m'a permis de découvrir une fin à laquelle je ne m'attendais pas et qui ne m'a pas déçu.

Une fois de plus, je découvre la société japonaise ce qui me permet d'appréhender notre propre société d'une manière différente.
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Je mange bien, ne t'en fais pas

Ces quatre nouvelles, écrites par des auteurs japonais, mêlent à chaque fois un souvenir et un plat.

J’ai bien aimé le format court et le mélange entre le souvenir d’un repas ou d’un plat en particulier à quelque chose de fort émotionnellement, mais j’ai trouvé dommage que les souvenirs en question soient tous négatifs et concernent essentiellement des deuils.

En cette période de fêtes, j’aurais eu envie de souvenirs plus joyeux, là, j’en suis ressortie avec le moral à zéro et l’envie de passer rapidement à quelque chose de plus léger.



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La maison dans l'arbre

La maison dans l'arbre est typiquement le genre de roman que je poursuis persuadée que l'étincelle de la communion avec le lecteur va se produire , et bien non !



Yoshitsugu réalise au décès de son grand-père qu'il ne sait rien sur ses aïeux .

Trois générations cohabitent tant bien que mal dans le restaurant Le Jade mais il n'y a pas véritablement de vie de famille, certes chaque membre de la famille est bien occupé par ses tâches au restaurant mais lorsque les clients sont partis , le noyau familial reste éclaté .



Le jeune homme va tenter de remonter dans l'histoire de ses grands parents et part avec sa grand-mère et son oncle sur le continent en Mandchourie lorsqu'il apprend qu'elle y a vécu avec son époux et leurs premiers enfants lors de l'éphémère état créé par le Japon .

On chemine ainsi dans l'histoire familiale par de longs flashbacks qui se superposent aux événements nationaux du Japon.

En fait , c'est l'histoire de gens simples qui ont toujours voulu faire de leur mieux, mais qui ne comprennent pas grand chose à ce qui les entoure, et lorsqu'ils se trouvent dépassés préférant alors la fuite sans parvenir à reprendre racine ailleurs , même le restaurant ne reste qu'un lieu de passage que les enfants et petits enfants n'auront de cesse de vouloir quitter à leur tour .



On ne sent aucune tendresse entre eux alors qu'ils sont attachés les uns aux autres .



Triste constat d'impuissance qui m'a laissé insatisfaite malgré une écriture délicate .
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La cigale du huitième jour

Délaissée par son amant, Kiwako se retrouve seule, après avoir accepté d' interrompre sa grossesse .



Lorsqu'elle apprend que cet homme a eu un enfant, elle pénètre dans son appartement et prend dans ses bras le bébé qui pleure : débute alors une cavale qui va durer trois ans avec cette petite fille qu'elle va prénommer Kaoru et bien sûr faire passer pour son enfant avec en permanence l'angoisse d'être démasquée.



De rencontres hasardeuses et de petits boulots en fuites à répétition, elle arrive à créer pour cet enfant une bulle d'amour et un semblant de famille et pense se mettre à l'abri en rentrant dans une sorte de secte baptisée Angel home qui n'accepte en fait que les femmes et les enfants .



Fin de l'aventure au bout de trois années où lors d'une ultime fuite, elle est arrêtée et la petite fille rendue à sa famille .



La seconde partie du roman se déroule quelques vingt ans plus tard, racontée par Kaoru redevenue Erina , et nous apprenons ce qui s'est passé au moment de l'arrestation lorsqu'une ancienne camarade d 'Angel Home retrouve Kaoru .



Comme souvent avec la littérature japonaise, on est transporté dans une ambiance particulière : mélange de coutumes ancestrales et de moeurs modernes qui sont souvent antagonistes, de sentiments toujours exprimés avec retenue avec une beauté de l'écriture , légère comme le souffle d'une petite brise sur les fleurs de cerisiers .

Quant à l'histoire de la cigale , il faut la découvrir par soi-même en lisant ce livre et méditer sur la signification de ce fameux huitième jour ...



Ce roman aborde des thèmes sensibles entre maternité et perte de l'enfant que ce soit la décision d'un avortement ou un enlèvement d'enfant et mon coeur paradoxalement ( mais c'est ce que voulait sans doute l'auteur ) s'est plus porté vers la ravisseuse que vers la mère biologique, même si l'acte du rapt du bébé est odieux, on lui trouve des excuses et on tremble avec elle lorsque elle croit être démasquée : les liens d'amour les plus forts ne sont forcement ceux du sang.
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Lune de papier

L'intérêt de la littérature étrangère est de découvrir de nouveaux pays, des styles différents, d'autres modes de vie. Avec la littérature Japonaise, on découvre un monde à part.



Le Japon bénéficie dans l'imaginaire Français d'une image idyllique. Pas ou peu de violence, de crime. Des relations sociales apaisées avec beaucoup de politesse et de respect des règles.



Ce livre écorne cette image en relatant l'histoire de plusieurs hommes et femmes et de leurs relations à l'argent. Cette obsession de l'argent que ce soit en dépensant ou en le rognant, des achats, du paraitre est oppressante.



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Celle de l'autre rive

Sayoko élève sa fille de 3 ans, mais sa condition de femme au foyer ne la comble pas du tout, elle s'ennuie et regrette l'époque où elle occupait un poste intéressant. Elle va donc tenter de retrouver du travail et c'est ainsi qu'elle fera la connaissance de Aoi, sa future patronne, une femme au passé sulfureux.

Ce court roman parle de la condition des femmes au Japon, qui doivent souvent démissionner dès lors qu'elles se marient, alors qu'elles se sont démenées pour faire de grandes études.

Les femmes japonaises sont ainsi poussées à quitter leurs emplois pour élever leurs enfants, même si elles n'en ont pas vraiment envie et cela crée bien sûr de la frustration et les rend plus vulnérables en cas de séparation.

L'auteure nous raconte aussi une histoire de harcèlement et d'amitié.

Ces deux histoires sont donc racontées en parallèle, les chapitres sont entremêlés.

J'ai lu ce roman car j'aime les ambiances japonaises, mais l'intrigue est finalement assez mince et sans grand intérêt et le lien entre les histoires de Sayoko et de Aoi est assez mal amené et prévisible.



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La maison dans l'arbre

La maison dans l'arbre est une saga familiale qui s'étend sur trois générations et revisite l'histoire japonaise depuis 1940. Mitsuyo Kakuta se penche sur la question des racines et de la transmission à travers des personnages inoubliables qui, pour les plus anciens, ont fait table rase du passé et l'ont tu à leurs enfants, parce qu'ils regrettent les erreurs qu'ils ont commises tout en sachant qu'ils ont fait de leur mieux pour choisir la meilleure voie. Le livre commence avec le voyage de l'aïeule et de son petit-fils, vers la Mandchourie, état fantoche créé par le Japon, là où l'histoire de la famille prend sa source. Peu à peu, à l'aide de flashbacks remarquablement agencés, les secrets inavouables, les drames et les ruptures vont nous faire remonter le temps jusqu'à l'époque moderne. La maison dans l'arbre est incroyablement romanesque et permet de découvrir les évolutions sociales du Japon de la guerre au tremblement de terre de Kobé en passant par la rébellion de la jeunesse dans les années 70. Tous les protagonistes du livre fuient d'une façon ou d'une autre : la pauvreté, les souvenirs, les conventions, la réalité. Une famille dysfonctionnelle, déchirée par une tragédie, divisée par les non-dits, rassemblée parfois par la mort car les liens de sang sont les plus forts. Le style limpide de Mitsuyo Kakuta donne à cette fresque une légèreté inattendue, un sens de l'absurde prégnant qui prend le pas sur toutes les souffrances que la vie inflige, sans les faire oublier pour autant. Un grand roman, subtil, délicat et drôle, tel est La maison dans l'arbre.





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Lune de papier

Si l'argent est une source d'angoisse pour vous alors un conseil, ne lisez pas ce livre !

Ce fut une très bonne lecture pour moi, une lecture qui met en lumière l'emprise que l'argent a sur les gens et le rapport exigu que les personnages ont avec lui.

Lune de papier, c’est un roman polyphonique, et qui peut paraître par moment caricatural.

Tout le monde pourra se retrouver dans ce récit, car Kakuta décrit à merveille les comportements psychologiques que déploient les gens vis à vis de lui qui dévoile certains traits qui nous fondent.

De l’économie de bout de ficelle, jusqu’à l'escroquerie, de l'avare à l'escroc. 



L'ARGENT OBSÉDANT :

Il en faut beaucoup...

pour s'acheter de beaux costumes de marque qui donnent de l'élégance, qui fournissent de l'assurance, engendrent de la part d'autrui du respect.

Pour acquérir des déguisements comme une cachette, vivre dedans des vies rêvées...ces illusions.

Un billet pour se faire pardonner, ou donner un peu de bonheur. Être soulagé. Combler l'absence.

Mitsuyo Kakuta nous montre aussi la place du salaire dans le couple japonais et par extension dans le couple universel.

Le fric pour donner envie, pour plaire, pour séduire… la poudre aux yeux. 

Qui dit que ce sera facile ? 

L'argent pour se plaire à soi-même. Pour se trouver, se retrouver ? La confiance en soi. 

Se perdre finalement. 

La liberté qu'il procure à ceux qui en ont beaucoup à dépenser. La réussite professionnelle. L'échec aussi.

Ce livre parle aussi des simples dépenses alimentaires, des dépenses compulsives, de petites économies du quotidien et des grandes économies de toute une vie.

Les crédits à la consommation, cet argent que l’on voudrait mais que l'on a pas… qui rend impatient.

Le travail et ce qu’il nous coûte, et ce que l'on perd. La futilité, le dur labeur, le courage, le sacrifice et l'abnégation. 

Ce et ceux que l’on retient.

L'argent comme une grande comédie collective. Comme une illusion individuelle.

La facilité et les leurres qu'il procure dans le récit de Kakuta dans les relations amoureuses et maritales. 

Pour fuir, s'échapper du monde, se cacher, cacher sa faute… pour aller trouver 

l'ambiance éthérée que procure l'argent : un monde entier doux et aimable, qui paraît-il est si léger. 

Et si il était là, comme une source intarissable ?

L'argent : Liberté ?

Argent : Addiction … 

Jusqu'à l'erreur fatale de Rika.

L’argent comme une maladie mortelle transmise par la société de consommation, qui rend anxieux, qui rend mauvais et qui dégoûte.

Enfin le vol, le détournement, l’escroquerie, ceux qui sautent le pas, comme l’héroïne de ce roman.



Rika UMEZAWA elle même incapable de dire qui elle est, va tomber dans une spirale infernale, et va commettre un bon nombre de graves méfaits, pour gagner toujours plus en liberté.

Son rapport à l'argent est pathologique, elle se cherche en lui. Plus elle en a, plus elle a l’impression de vivre dans la réalité et ce qui devrait être la vie réelle, est pour elle une vie “ fausse”.

Elle est insaisissable, elle ne parvient jamais à savoir qui elle est. Très distante d'elle-même pendant tout le récit. Qui est Rika ?

C'est un personnage qui m'a fait de la peine pendant tout le récit, où le pathos n'est jamais envisagé par l'autrice. 

Kakuta a façonné un personnage vraiment peu ordinaire, un personnage froid, distant, glacial qui sans en avoir conscience veut aller vers la lumière, la chaleur, elle suit instinctivement la petite lueur comme un papillon de nuit. 

C’est ce qui est très intéressant dans ce roman entre autres.

Cette Rika qui n’arrive pas à se saisir, et à se ressaisir, sa descente aux enfers, vertigineuse.

Ces actes qu’elle va anticiper, cette grande escroquerie qu’elle va organiser, sans jamais se sentir concernée.

Qu'est-ce que toute cette fortune a enlevé ou a donné à Rika ?



J’ai hâte de lire la cigale du huitième jour qui est dans ma Pal depuis quelques mois. J’ai eu l’opportunité d’emprunter Lune de papier à la médiathèque, voilà pourquoi il est passé avant lui.



“C’est ça avoir commis un crime, en vint-elle à penser. Cela ne libérait pas mais enfermait dans un lieu bien plus exigu que soi-même.”

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Celle de l'autre rive

J’ai aimé ce récit tout en finesse sur la condition de la femme japonaise et sur le harcèlement scolaire.



J’ai aimé que ce roman se déroule sur deux époques différentes : l’actuelle avec Sayoko et sa fille Akari qui n’arrête pas de pleurer ; et pendant l’enfance de sa patronne Aoï.



J’ai aimé Sayoko qui impose son travail à son mari, acceptant d’être femme de ménage pour sortir du statut de mère au foyer qui ne lui convient pas : elle qui ne sait pas comment faire au parc pour que sa fille joue avec d’autres enfants ; elle qui ne parle pas à d’autres mères.



J’ai aimé l’amie de Aoï, Nanako, indépendante et n’ayant peur de rien, même pas de rester seule au collège puis au lycée. Demandant à son amie Aoï de la rejoindre loin des yeux de leurs camarades.



J’ai moins aimé Aoï elle-même, devenue patronne inorganisée qui s’impose dans la vie privée de Sayoko.



J’ai aimé que ce roman parle de solitude : celle de la mère de famille, celle de l’adolescente qui ne veut pas rester en marge.



J’ai aimé que Sayoko se rende compte qu’il faut dire, expliquer à quelqu’un les choses qui nous tracasse pour que celles-ci deviennent comique.



J’ai aimé deviner pourquoi le vide intérieur tant décrit de Nanoko : elle qui vit seule avec sa petite soeur dans un petit appartement social.



J’ai découvert qu’au Japon, on pouvait manger pour pas cher dans des discothèques, ce que font Aoï et Nanoko lorsqu’elles fuguent, dormant dans des love-hôtel pas cher.



J’ai découvert que certains appartements japonais pouvaient être ultra-crades du sol au plafond : apparence, quand tu nous tiens.



J’ai aimé que l’auteure décrive le processus de mise à l’écart du groupe : on s’invente une ennemie fictive contre laquelle on se ligue pendant un certain temps. Mais cette union est fragile.



J’ai compris la préoccupation obsessionnelle de Sayoko pour que sa fille se fasse des amis.



J’ai aimé les couleurs changeantes des ciels du japon à toutes les heures de la journée.



Un roman riche de sujets, mais tout dans le feutré, à la japonaise.



L’image que je retiendrai :



Celle de l’expression « Sucré/piquant niveau 5 » : du piquant pour se défouler après le travail, du sucré pour se réconforter, le tout en fonction du niveau de stress.
Lien : https://alexmotamots.fr/cell..
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Lune de papier

La question est: pourquoi suis-je incapable d'envoyer paître un proche qui me recommande ce que je sais être une bouse ? Dans Lune de papier, tout est dit dans la 4ème de couverture et le roman est construit de manière à ce que le lecteur connaisse la fin. Rika est une épouse japonaise sans histoire et sans perspective. Sa seule satisfaction est d'être une chargée de clientèle très appréciée de ses clients âgés. Son mari la délaisse et méprise son travail alors elle va sombrer dans la surconsommation et l'adultère. A la fin, elle est démasquée et fuit en Thaïlande. Ce n'est pas moi qui spoile !!! On l'apprend dès le 1er chapitre.

Bon alors, dans l'ordre: la langue ? - Mauvaise, sèche, sans style

Les personnages ? Plats, inintéressants, sans psychologie (On ne saura jamais pourquoi son mari la délaisse ni ce que son amant ressent pour elle).

L'histoire ? De mon point de vue totalement inintéressante. On se croirait dans L'Accro du shopping. Toutes les pages parlent de fringues et de ce qu'elles coûtent. Comme en plus c'est en yen, je n'y comprends rien.

Je ne comprends vraiment pas comment des lecteurs ont pu apprécier ce livre. Les personnages féminins sont bêtes à manger du foin. Les personnages masculins sont des machos, des profiteurs ou les 2. Les gens ne sont victimes que d'eux-mêmes, de leur stupidité, de leur cupidité. Je n'ai aucune empathie pour eux. Au contraire, je méprise profondément celle qui a dépensé les économies destinées aux études des enfants en fringues. Ce n'est pas une critique de la société japonaise. La société ne force pas les gens à être cons. Bref c'est NUL NUL NUL et je m'en veux d'avoir lu ça, d'avoir perdu mon temps. Heureusement que je n'ai pas payé.
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La maison dans l'arbre

Critique un peu spéciale : je vais dire ce que m'a interpelé et ensuite quel écueil il faut surmonter.



Ce que le roman m'a inspiré : des questions ...



Que lègue-t-on à sa famille ?

Et je ne parle pas de bien matériel,de paroles ou même de souvenirs. Je parle de l'attitude que l'on a face à la vie.



Est-ce que l'on fuit ou est-ce que l'on fait face à l'adversité ? Cette fuite ou ce combat vont-ils marquer ma famille alors que plus aucun souvenir de mon attitude n'existe encore ?



Est-ce important d'avoir des racines ? de quoi se coupe-t-on en partant loin de son cercle familial ? Mais que "retire" t-on à ses enfants en coupant certains ponts ?



Tout cela est provient de "La" question centrale du roman :

Est-ce la fuite face à la guerre des grands-parents en Chine pendant la Seconde Guerre mondiale qui conditionne encore le destin et l'attitude de leurs petits-enfants ?

Peut-on en sortir ? Faut-il trouver son salut en fuyant soi-même cette famille de "fuyeurs" ?

Et plus profondément sur quoi fonder une famille ?



L'écueil de cette lecture vient de la famille elle-même : cette famille est un peu spéciale. Les liens sont ... ténus. Dans le restaurant familial, on va, on part, on revient, on reste sans travailler, on aide au service ... peu importe.

On ne questionne presque pas ceux qui reviennent. Souvent j'ai eu envie de dire, mais secouez-vous ! parlez-vous ! non ton frère ne va pas bien parle lui ! En fait ils ne se connaissent pas.



C'est ce qui rend la lecture pénible au début : on ne comprend pas cette famille. Mais on finit par les cerner après quelques chapitres quand la grand-mère décide de retourner en Chine.



Avec des flashbacks on discerne petit à petit l'histoire personnelle des grands-parents, parents, oncles et tantes et on comprend.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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La cigale du huitième jour

Joli coup de coeur pour ce roman qui ne ressemble à aucun autre.

Le livre s'ouvre sur un kidnapping. Sans l'avoir le moins du monde prémédité, Kiwako s'enfuit avec le bébé que son ex-amant vient d'avoir avec son épouse légitime.

Dans cette fuite improvisée, la jeune femme abandonne tout derrière elle car très vite, seul l'enfant compte.

Mitsuyo Kakuta dépeint avec sensibilité le lien qui se tisse dans un environnement forcément menaçant et égrène les indices sur le pourquoi du geste de Kiwako.

Jusqu'au bout, le récit réussit le tour de force de faire cohabiter la noirceur et la tension avec une sérénité qui surgit là où on ne l'attend pas.

Une très belle lecture !

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