Gaza, Israël et médiamensonges - conférence de Michel Collon du 17 décembre 2023 à Molenbeek
De toute façon, l'idée de créer un Etat juif a échoué : l'idée était de créer un havre de paix pour les juifs ; or, Israël est sans doute l'endroit où les juifs sont le moins en sécurité.
Et elle a échoué, parce qu'en réalité, personne n'est capable de définir ce qu'est un Etat juif. Le fait qu'il n'y ait pas de constitution, l'impossibilité de définir ce qui est juif et ce qui ne l'est pas... Pour ceux qui ont pensé qu'on pouvait créer un Etat juif, je pense que c'est un échec total. Ce qu'on a créé, c'est un Etat occidental colonial.
Lorsque des non-juifs veulent s'exprimer, ils s'abritent souvent, si on peut dire, derrière une organisation ou des personnalités juives progressistes, pour qu'on ne puisse les accuser d'antisémitisme. Mais tenter de répondre à une accusation avant même qu'elle ne soit lancée signifie qu'on a, en quelque sorte, intériorisé cette accusation. En 1968, on appelait à se libérer du "flic dans la tête" ; aujourd'hui , il faudrait peut-être se libérer du "sioniste dans la tête".
Jean Bricmont
C’est Kadhafi qui a sorti les Libyens de la misère. Le pays avait été colonisé et pillé. D’abord l’Italie qui bombarda férocement en 1911 et fit inscrire à l’entrée de certains quartiers de Tripoli : « Interdit aux chiens et aux Libyens ». Puis par la Grande-Bretagne qui s’appuyait sur un roi-marionnette, Idriss, et sur les tribus de l’Est, autour de Benghazi (les mêmes qui se soulèvent aujourd’hui). Dans ce régime, British Petroleum s’enrichissait copieusement alors que le peuple libyen était un des plus pauvres du monde. Mais, en 1969, un groupe de neuf officiers très jeunes, inspirés et soutenus par Nasser (qui venait de libérer l’Égypte du colonialisme), renverse le roi Idriss, ferme les bases militaires US et britanniques, nationalise le pétrole et entreprend d’utiliser l’argent du pétrole pour donner une vie décente à tous les Libyens.
Aujourd’hui, pratiquement tous les Libyens, même immigrés, possèdent un logement, une voiture… Le niveau de vie est le plus élevé de toute l’Afrique. Éducation et soins de santé (y compris à l’étranger) sont gratuits, l’électricité aussi, l’essence et le pain ne coûtent quasiment rien. Chaque Libyen reçoit une allocation de 500 dinars (300€) par mois alors qu’on peut vivre décemment avec 300. Le gouvernement a lancé de grands projets pour industrialiser le pays et développer les emplois. 500.000 logement étaient en construction avant la guerre.
En 2007, la romancière camerounaise Calixthe Beyala confie au Figaro : « Je n’ai point rencontré d’homme affamé, mourant sur les trottoirs. Tout au contraire, j’ai été dans des hôpitaux gratuits, ultramodernes, où chaque citoyen avait accès aux soins ; j’ai rencontré des hommes heureux de me dire qu’à vingt-cinq ans, chacun d’entre eux avait automatiquement droit à un appartement climatisé avec eau et électricité. » On était donc à l’exact opposé de Ben Ali et Moubarak qui livraient les ressources de leurs pays aux compagnies étrangères et condamnaient leurs peuples à la pauvreté. (pp. 135-136)
L'hypocrisie des Etats-Unis est particulièrement remarquable. Quand ils avaient libéré Cuba de la domination espagnole, en 1906, ils avaient aussitôt annulé la dette de l'île envers la Couronne espagnole. Au motif qu'elle avait été imposée à la population. Ils ont même fait reconnaître ce principe en droit international sous l'appellation de "dette odieuse". Mais, à présent, les Etats-Unis sont devenus les plus grands artisans de la dette odieuse.
Chapitre 7 : Les 7 fléaux de l'Amérique latine.
La démocratie est dangereuse quand on ne représente en réalité que les intérêts d’une toute petite minorité sociale.
Une guerre ne se décide pas à la dernière minute, mais après une analyse approfondie et de longs préparatifs stratégiques. Ensuite, si cette guerre avait vraiment été déclenchée par compassion humanitaire ou solidarité démocratique, il aurait fallu attaquer depuis longtemps le Bahreïn, le Yémen et toute une série de dictateurs arabes et africains ultra répressifs. Que non seulement les grandes puissances n’attaquent pas, mais protègent, arment, financent. Car ce sont de bons partenaires, dociles pour les multinationales.
AllenDULLES
Avocat d'affaires, agent, puis directeur de la CIA.
IL EST DE NOTRE CÔTÉ, C'EST TOUT CE QUI COMPTE.
(à propos de Reinhard Gehlen, chef de l'espionnage et des escadrons de la mort d'Hitler, libéré, protégé et embauché par la CIA)
Georges KENNAN (1904-2005)
Diplomate et politologue US.
Nous avons environ 50% des richesses mondiales mais seulement 6,3% de la population. Cette disparité est particulièrement importante entre nous [les États-unis] et les peuples d'Asie. Dans cette situation, nous ne pouvons manquer d'être l'objet de l'envie et du ressentiment. Notre tâche réelle dans la période à venir est de concevoir un ensemble de relations qui nous permettront de maintenir cette position de disparité sans réel détriment pour notre sécurité nationale.
Pour ce faire, nous devrons nous dispenser de toute sentimentalité ou rêve éveillé. Nous ne devons pas avoir l'illusion que nous puissions nous permettre le luxe de l'altruisme et du bien-être mondial.
Chaque guerre apporte son lot de « nouveautés » et la science de la désinformation ne cesse de « s’améliorer ». Même des progressistes avertis nous ont avoué s’y être laissés prendre dans un premier temps.
En 1970, après avoir « brillamment » servi dans la répression des mouvements anticoloniaux au Kenya, en Malaisie, à Chypre, le général britannique Kitson est nommé en Irlande, avec pour mission d’y coordonner la répression. Cette expérience, il va la relater dans un livre exceptionnel, et très cynique, intitulé « Opérations de basse intensité - Subversion, insurrection et maintien de la paix ». Livre publié en 1971 et très vite retiré de la circulation. Kitson y expose toute sa doctrine de la « guerre spéciale ».
Tout général qu’il soit, Kitson considère que la répression militaire et policière classique n’a aucune chance de réussir sans une « campagne pour gagner les cœurs et les esprits » qu’il appelle « guerre psychologique stratégique ». Que recouvre ce terme mystérieux ? Cela se clarifie quand on examine l’ensemble des méthodes prônées, et utilisées, par Kitson :
- Former tous les cadres importants des ministères (Armée, Affaires étrangères…) aux techniques de « psy ops » (manipulations psychologiques de l’opinion).
- Monter de « pseudo-gangs » qui recueilleront un maximum d’informations. Mais qui, surtout, en menant des « coups » attribués à l’ennemi, permettront de le discréditer.
- Employer les « forces spéciales » (SAS) pour réaliser des attentats qui seront attribués à l’ennemi afin d’augmenter la tension et justifier la répression.
- Créer des diversions, par exemple en provoquant une « guerre de religions ». - Fabriquer de faux documents (« black propaganda ») qui seront attribués à l’ennemi afin de le discréditer.
- Infiltrer des agents ou recruter des traîtres (par chantage ou corruption) au sein des organisations de l’adversaire, toujours afin de le discréditer voire de provoquer des scissions.
- Militariser l’info de la BBC et y censurer totalement le point de vue adverse.
- Filtrer l’information à destination de la presse internationale et s’y assurer des complicités.
- Fournir des documents photographiques pour influencer l’opinion.
- Utiliser des journalistes comme espions sur le terrain.
- Utiliser la musique pour attirer des jeunes avec un message apparemment « dépolitisé ».
- Mettre en place et populariser de faux mouvements « spontanés » présentés comme neutres et indépendants, en réalité financés et téléguidés afin de diviser et affaiblir le soutien au camp adverse.
Nous avons décrit cette expérience du major Kitson dans notre texte « Portrait de la pieuvre ». Elle est très éclairante pour comprendre certaines guerres et certains événements de la période contemporaine. Je considère Kitson comme le père spirituel de toutes les opérations de la guerre psychologique pratiquée depuis par la CIA et d’autres services. Il est frappant de voir que les médias n’en parlent jamais. (pp. 242-244)