"J'avais vingt ans et Monique Lévi-Strauss, dont la mère était une amie de la mienne, m'avait invitée à dîner avec les Lacan, Les Merleau-Ponty et les Queneau. J'y suis allée, intimidée et grisée, je venais de lire Tristes tropiques, et j'étais persuadée d'apprendre et de comprendre le monde grâce à eux. Au cours du dîner les conversations roulèrent sur des échanges d'appartements, des adresses de plombiers, des recettes de cuisine. Pas un mot de culture. Ce soir-là, j'en tirai la leçon qu'il valait mieux lire les œuvres et ne pas tout attendre."
Homme de l'écrit, il habitait chez ses livres. Sa maison en abritait plusieurs dizaines de milliers. Il l'avait achetée pour eux, en découvrant, lors de sa première visite, une pièce si vaste qu'elle pouvait tous les contenir. [...]
Enfant, je ressentais dans ce sanctuaire une appréhension parmi cette masse de volumes reliés dans de fines peaux rouge, bleu marine ou chamois et gravés au bas de chaque tranche à son nom de plume, Pierre Hamp. (p. 28-29)
A peine engagée, patatras, la PMD émergea sans crier gare de son état de Belle au bois dormant avec un appétit de cannibale. Ma pauvre mère n'était plus seulement une femme très malade, mais une femme très malade, doublée d'une d'une femme très âgée, ce qui revenait à cumuler la peste et le choléra, à ajouter la misère à la misère. (p. 115)
Davantage qu’aux énigmes familiales, je m’intéressais à l’origine et à la nature du mal obscur qui endommageait ma mère.
Au départ, pourtant, entre ma mère et moi le courant passait...
Des séries d'électrochocs, tout au long de sa grossesse, nous y avaient beaucoup aidées. (p. 11)