Alors j'accepte ce qu'il s'apprête à me dire, car je n'ai plus peur.
— Je t'aime.
Un gémissement m'échappe quand ces mots s'insinuent en moi avec une force si grande et si vive. J'ai la sensation de mourir et de renaître en une seconde. Un tourbillon d'émotions brûlantes se déchaîne dans ma poitrine et les larmes envahissent mon visage. Je me sens si puissant, et en même temps si vulnérable. J'arrive à ouvrir mes yeux humides et m'abandonne dans son regard.
— Je t'aime aussi...
D'une voix vacillante, je scelle mon destin. Je fais don de mon immortalité pour le seul être sur cette terre que je n'ai jamais aimé.
Malgré mon trouble, je n’oublie pas la chorégraphie. Ma caresse dévie le long de son bras et nos doigts se rejoignent. Il tourne à nouveau et termine son mouvement face à moi. Je l’enlace, ma paume se nichant dans la cambrure de ses reins pour le ramener vers moi. Nos bassins se fondent l’un contre l’autre. Nos peaux s’effleurent. J’en veux plus, j’ai besoin de plus. Alors, je positionne ma main libre entre ses omoplates et l’attire un peu plus près, toujours plus près. Ses doigts s’enroulent autour de mon cou et nous continuons à nous mouvoir lentement, nos regards liés.
Je découvre enfin pleinement sa saveur, ses lèvres onctueuses et veloutées que j'ai si souvent désiré embrasser. Et c'est cent fois, mille fois mieux que dans mes rêves. Il a le goût du bonheur, de l'espoir, du renouveau. Il a le goût de l'avenir...
Nous naissons et nous mourrons.
Entre ces deux extrémités de la vie, la nature nous accorde du temps et l'amour en est le tempo.
J'ai choisi d'écourter les années qui m'ont été offertes, car le tempo de ma vie, c'est Gil...
« La terre est la seule à m’accepter pleinement, sans faux-semblant. » Alexandre Poitiers