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4.28/5 (sur 9 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Lausanne , 1958
Biographie :

Docteur en sciences religieuses
Titre de la thèse : Recherche sur le sacrifice au ciel à l'époque des Han antérieurs par Marianne Bujard sous la direction de Kristofer Marinus Schipper - Paris, EPHE Sciences religieuses. Soutenue en 1994.

Diplômée de la faculté des Lettres de l'université de Lausanne en 1986, Marianne Bujard a étudié le chinois à l'université de Genève et à l'université de Pékin (1981-1983). Elle a poursuivi ses études à Paris où elle a obtenu son doctorat de l'EPHE en 1994. Engagée à l'EFEO, Ecole française d'Extrême-Orient en 1995, elle a d'abord été responsable du centre EFEO de Taipei (1995-1997), puis du centre de Pékin de 1999 à 2002, et de 2006 à 2011. De 2003 à 2006, elle a enseigné à l'EPHE et à Lyon 2. Réaffectée en France en 2012, elle a été nommée le 1er octobre 2014 directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, dans la section des Sciences religieuses ; l'intitulé de sa conférence est "Histoire de la pensée et de la religion dans la Chine ancienne".

Ses recherches portent sur la religion de la Chine ancienne, autant sur l'élaboration et le fonctionnement de la religion impériale que sur les cultes locaux et les rites privés.

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Source : www.efeo.fr
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
(Pourquoi les grandes philosophies de l'époque Han sont-elles si contradictoires ?)
Parfois ces contradictions s'expliquent par un opportunisme politique et des rivalités de circonstance ... Pourtant ces motivations intéressées n'expliquent pas tout. Il faut se souvenir constamment que l'on se meut alors dans un "régime de vérité" différent du nôtre, où la raison ultime des choses n'est pas l'être et le non-être, mais le mouvement du Tao qui se déploie dans l'alternance du yin et du yang et des cinq agents. Il n'y a pas de vérité ailleurs que dans ces combinaisons qui maintiennent un équilibre perpétuellement mouvant. Quand à la morale, elle est partie prenante du système, comme le sont les lois et les règlements. Une pensée aboutie sera celle qui intégrera harmonieusement tous ces aspects de l'existence humaine dans un discours cohérent et efficace. Rarement, les penseurs de cette époque se sont contentés de la pure spéculation : ils ont presque toujours visé l'action, préoccupés comme tous l'ont été d'améliorer le sort des hommes.

p. 334
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Comme homme, Liu Bang était réputé bon, jovial et généreux, il aimait le vin et les femmes. Arrivé au faîte du pouvoir par la voie des armes, il se souciait peu de doter la cour d'institutions propres à traduire la grandeur de son règne. Le plus habile rhétoricien de son temps, Lu Jia, le lui reprocha :
"Lu Jia n'arrêtait pas de parler des Classiques à l'empereur Gaozu. Agacé, celui-ci demanda : J'ai conquis l'empire à cheval, quel besoin ai-je de ces Classiques ? Lu Jia répondit : C'est à cheval qu'on le conquiert, est-ce à cheval qu'on le gouverne ? Les rois Tang des Shang et Wu des Zhou ont certes pris le pouvoir de haute lutte, mais c'est par l'harmonie qu'ils l'ont conservé. Savoir manier à la fois les armes et la culture, voilà l'art de durer."
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Une autre section de ce même manuscrit dévoile l'extrême variété des esprits malfaisants et des démons susceptibles de nuire à tout un chacun. À côté des malemorts – mort prématurée sans sépulture, mort-nés ou par noyade – on y trouve pêle-mêle pas moins de deux douzaines de démons parmi lesquels le démon au poignard, le démon aguicheur, le démon triste, le démon victime d'une injustice, ou le violent, l'affamé , le féroce, le vagabond ; redoutables encore les esprits du chien, de la fourmi, des insectes, des jujubes, du yin, du yang, du tambour et des tourbillons. Pour les combattre, on recourt de façon récurrente au jet de chaussures, de fèces de chiens ou de cailloux blancs ; on peut aussi utiliser de la terre, de l'eau ou de la cendre, tandis que les bois de pêcher, de jujubier stérile, de mûrier ou le bambou ont des vertus démonifuges avérées.
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La plus haute peine à l'époque Han consistait dans l'extermination du condamné et de sa parenté. Celle-ci incluait les parents du coupable, vraisemblablement aussi ses grands-parents paternels, sa femme, ses enfants, peut-être ses petits-enfants, ses frères et sœurs. Pour rester en accord avec le cycle de la nature auquel étaient censés s'adapter les actes humains, les exécutions capitales devaient avoir lieu à l'automne et en hiver, saisons de déclin et de mort. Une exécution au printemps eût entravé le processus de la nature et causé des catastrophes. Il était bon, par contre, de pardonner et de gracier au printemps.
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Répression des lettrés et destruction des livres en - 213.
Le rejet du passé est sans conteste le point de rupture le plus net entre les conceptions légistes et la pensée traditionnelle représentée par les lettrés confucéens. Lorsque ces derniers plaidèrent pour le rétablissement du système féodal et la distribution de fiefs aux membres de la famille impériale, ils se heurtèrent à l'opposition farouche de Li Si (premier ministre de l'empereur Qin) qui se fit fort, afin de mettre un terme à leurs visées réactionnaires, de leur interdire de critiquer le présent en se servant de l'exemple du passé, ce qui constituait depuis toujours le ressort rhétorique favori des lettrés. Toute la tradition exégétique confucéenne est fondée sur la conviction que derrière les propos du Maître s'exprime une vérité cachée. Cette herméneutique s'était exercée avec la plus grande subtilité sur les récits historiques, et avant tout sur la "Chronique des printemps et des automnes". Pour ses exégètes, derrière l'énoncé de chacun des faits rapportés se dissimulait en réalité un enseignement critique relatif à l'art de bien gouverner. C'est sans doute la raison pour laquelle, au nombre des ouvrages dont Li Si réclama l'holocauste figure, à côté du "Livre des Odes" -- recueil aussi inutile à un empire totalitaire que la peinture, la poésie ou le théâtre l'étaient à la République platonicienne -- le "Livre des Documents", avec lequel les lettrés jugeaient la valeur des hommes du présent à l'aune de ceux du passé.

p. 286
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Actif ou manipulé, l'empereur Qin ou Han vivait telle une divinité, protégé au sein de son palais et soumis à des prescriptions rituelles qui le séparaient du commun des mortels. Il était seul à pouvoir utiliser certains types de vêtements, de voitures, de parures, conçus spécialement pour lui. Seul qualifié pour assumer certains devoirs religieux, il jouait en quelque sorte le rôle de grand pontife. Son nom personnel était tabou, son image ne circulait pas. Nous ne possédons aucune effigie d'empereur Qin ou Han, aucune représentation sculptée ou peinte, alors qu'on sait que des images peintes de partisans fidèles, de grands hommes ou des portraits imaginaires des rois de l'Antiquité décoraient les palais. En réalité, les empereurs Qin et Han, fils et émanation du Ciel, n'avaient aucun besoin de visibilité, de propagande directe ; ils n'avaient pas à solliciter le suffrage de leur peuple pour continuer à régner ou pour transmettre leur pouvoir.
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Les eunuques, par leur statut hors-norme (et méprisable) au sein de la société, leur origine souvent plébéienne, ont traditionnellement occupé en Chine un rôle essentiel auprès des souverains. Ils étaient en effet les seuls à avoir un accès direct, intime et continu à l'empereur, dont ils dépendaient totalement, et à ses femmes, puisque aucun homme ne pouvait pénétrer dans les appartements privés du palais. Possédant souvent une culture lettrée, ils étaient les seuls à pouvoir oeuvrer dans les deux espaces du palais, l'intérieur et l'extérieur, le privé et l'officiel. Tout en servant d'intermédiaires obligés, les eunuques maintenaient une distance, quasiment une barrière mystérieuse, entre la personne divine de l'empereur et le commun des mortels.

p. 139
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C'est sans doute durant les Han, avec la restriction de la liberté d'expression qui marqua le passage du statut de conseiller du prince, circulant librement (mais non sans risque) entre les cours princières d'avant l'empire, à celui de fonctionnaire salarié par l'état, que s'est forgé le rapport ambivalent du lettré au pouvoir, rapport qui perdurera tout au long des dynasties futures. De nos jours encore, les intellectuels parviennent difficilement à imaginer leur action de manière autonome. Si la contestation reste par nécessité en dehors du système, les opposants ont souvent pour seul horizon le service du prince (empereur ou secrétaire du Parti), tant il leur semble improbable d'atteindre leurs objectifs par une autre voie.

p. 427
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Si les fondateurs des Qin et des Han durent à leurs forces armées le succès de leur entreprise, leurs successeurs prirent très rarement la tête des campagnes militaires. Ils laissèrent à leurs généraux les longues marches et l'engagement dans les batailles. Le général vainqueur était, au mieux, récompensé par une charge ou l'octroi d'un titre de "marquis à l'intérieur des passes (guanneihou)", mais le vaincu, quelles qu'aient pu être les causes de sa défaite, ou de sa non-victoire, était condamné à mort ; la peine pouvait parfois être rachetée par une amende, le condamné perdant alors tous ses titres et devenant roturier. Aucune tradition d'héroïsme militaire ne se développa sous les Qin et les Han et aucun exploit glorieux n'ouvrit à son auteur les portes du pouvoir, avant la fin du II°s de notre ère. De même, l'état-major n'y eut jamais l'importance qu'il connut à Rome où il pouvait choisir un empereur. Il n'y eut d'ailleurs, de la part du gouvernement, que peu de reconnaissance pour ce qu'il devait aux exploits militaires, aucun effort pour stimuler l'enthousiasme au combat ou même pour valoriser l'habileté dans le maniement des armes. La suprématie du civil sur le militaire restait intacte.

p. 193
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(Vers un monothéisme chinois sous les Han ? )
Le culte dédié à Taiyi (le Grand Unique) et sa transformation progressive en un culte adressé au Ciel furent sans doute une première tentative pour placer au sommet du panthéon impérial une divinité suprême, dominant toutes les autres, sorte d'alter ego de l'empereur dans le monde divin. Les lettrés confucéens en érigeant le Ciel au rang de principe cosmologique et de modèle moral tentèrent bien d'établir un isomorphisme parfait entre le panthéon et l'état. Ce dispositif idéal, aussi vaillamment défendu qu'il le fût par des générations de lettrés, ne parvint pas à s'imposer dans les faits. La religion impériale continua d'osciller entre l'adoption des dispositifs religieux adoptés par les lettrés confucéens à partir d'ingénieuses exégèses des Classiques et la réintroduction subreptice dans le rite impérial de cultes particuliers, soutenus à la Cour par leurs adeptes. Le fait que le culte de Houtu (parèdre de Taiyi, déesse de la Terre) fut malgré tout associé à celui de Taiyi, puis celui de la Terre au Ciel, indique d'ailleurs que l'idée d'un dieu suprême unique ne pouvait aboutir complètement. Il faut peut-être y voir l'influence des conceptions cosmologiques de l'époque, largement fondées sur l'alternance créatrice et régulatrice des forces yin et yang. On observe de fait une sorte de résistance à l'émergence d'une divinité suprême unique. Soit qu'un parèdre lui fût régulièrement associé, soit qu'une multitude de divinités en partageât les offrandes, ainsi que ce fut le cas dans les premiers sacrifices au Ciel des Han orientaux.

p. 351
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