"Je ne dois pas oublier la souffrance de chaque abandon, cette sensation que mon coeur s'arrête, que ma poitrine menace d'imploser et que mes poumons s'embrasent à chaque respiration. Cette impression de mourir en même temps que ceux que j'aime."
_ Sérieusement, tu trouves beaux tous ces néons aux couleurs criardes ? [...]
_ Ça a son charme, et c’est surtout l’ambiance qui est magique. C’est une période où les gens sont plus aimables , font preuve d’entraide et de générosité.
_ C’est surtout une fête commerciale. On m’en volontairement aux enfants, on se gave de pudding alors que personne n’aime ça et on s’offre des cadeaux juste parce que c’est une obligation.
_ Peut-être, mais ça n’enlève pas le charme des marchés de Noël, des gâteaux aux épices, des chorales, des déguisements, des rires des enfants ! Regarde, pour ta nièce tu es même capable de faire des efforts !
[...]
_ Je suppose qu’acheter un sapin de Noël n’est pas suffisant ?
_ Bien sûr que non ! Il faut décorer la maison, faire des activités tous ensemble, préparer les cadeaux, le repas du réveillon... [...] Pourquoi n’aimes tu pas cette fête ?
_ Je te l’ai dit, c’est purement commercial et dénué de sens, pourquoi les gens ne s’entraideraient-ils pas le reste de l’année ? Tu crois que, pour nos sans-abri, ça leur change la vie que subitement les gens pensent à eux? C’est toute l’année qu’ils ont besoin d’aide, pas juste pendant un mois.
_ C’est vrai, mais aider ne serait-ce qu’une fois c’est mieux que rien, non? Il faut voir le côté positif !
Pendant un instant, j'oublie que je suis devant une de ces figures de Noël que je déteste tant, mon coeur s'apaise, mes peurs s'envolent et je profite juste de l'instant.
Aujourd’hui, ça fait exactement un an que mes parents sont décédés. [...] la culpabilité me fait trembler. Comment ai-je pu oublier une telle date? Je me mords l’intérieur de la joue et essaye de reprendre mon sang-froid.
_ J’avais oublié.
_ C’est une preuve que tu as plus pensé aux vivants qu’aux fantômes, c’est une bonne chose.
Je plonge mon nez dans son cou, ses cheveux me caressent le visage, son parfum m'enivre et la douceur de sa peau m'ensorcelle. Je suis au Paradis !
Cassie se pelotonne contre le torse ferme et chaud d'Elliott et laisse les rires réchauffer son cœur.
Elle est enfin à sa place !
Abruptement, elle redevient la vieille femme bourrue que j'ai toujours connue. Sans lui demander son accord, je me penche vers elle et l'étreins avec force. Son corps frêle enserré entre mes bras, j'essaie de lui communiquer un peu de chaleur humaine, un peu de tendresse, de compassion et de gratitude. Un peu d'amour.
Elle a ce pouvoir dangereux et bien trop excitant de me faire oublier toutes mes règles.
" Je me suis assurée qu'Elliott ne te vole pas ce remontant spécial cœur brisé ! "
Tu sais, ma puce, les gens à qui on vient en aide vivent dans des conditions très difficiles, surtout avec l'hiver qui arrive, et même pour nous, parfois, c'est triste à voir. Ce n'est pas un spectacle pour les enfants.