Le XIXè siècle est traversé par trois grands courants littéraires, le romantisme, le réalisme et le symbolisme. Ils ont donné naissance à trois écoles, à trois conceptions de l'art, mais chacun d'entre eux correspond, d'une façon beaucoup plus large, à une vue originale sur l'homme et sur le monde.
[François Coppée] L'allée est droite et longue, et sur le ciel d'hiver
Se dressent hardiment les grands arbres de fer
J'ai vécu d'aimer, j'ai donc vécu de larmes
(Marceline Desbordes-Valmore)
[Heredia] L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
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La littérature française du XVIe siècle, considérée dans son ensemble, laisse avant tout l'impression d'un prodigieux foisonnement, d'une richesse et d'une variété étonnantes : la richesse et et la variété de la vie qui n'est jamais identique à elle-même. Car cette littérature est d'abord un hymne à la vie, qui donne au mot Renaissance sa signification la plus belle et la plus profonde ; c'est le naturalisme de Rabelais, l'épicurisme de Ronsard, l'animisme d'Agrippa d'Aubigné. "Pour moi donc j'aime la vie", conclut Montaigne, ou encore : "Nature est un doux guide". Il y a là un enthousiasme communicatif, un élan exaltant, une sève débordante qui confère à la langue même saveur et vigueur.
Ce torrent à tant de force que son cours n'est pas toujours limpide : les qualités grecques de mesure et d'harmonie font parfois défaut aux œuvres les plus représentatives. Écrivains et poètes sont en général des tempéraments puissants qui se livrent à leur verve, et Ronsard divinise l'inspiration. Le XIVe siècle ressemble un peu à une forêt vierge, si on le compare au jardin à la française qu'est le XVIIe.
Chrétien de Troyes n'a pas le sens du mystère, mais en revanche il excelle à peindre la vie matérielle. Dans l'irréel des légendes bretonnes et l'artifice de ses intrigues, cet observateur a su insérer beaucoup de la réalité de son temps. Il sait voir et décrire tout l'extérieur de la vie : châteaux, vêtements, meubles, cérémonies, tournois, coutumes, tout un aspect documentaire de la vie raffinée qui devait ravir les lecteurs contemporains.
L'erreur longtemps commise a été de rejeter en bloc une période aussi longue et aussi complexe. Sans doute certains traits se perpétuent tout au long du Moyen Age : c'est une époque de foi, c'est l'âge de la féodalité ; c'est pour notre langue, notre littérature, une période de croissance, d'instabilité : l'enfance et la jeunesse avant la maturité classique.
L' Albatros Baudelaire
L'idée initiale de ce poème, paru seulement en 1859, remonterait à un incident du voyage à La Réunion (1841). Pour symboliser le poète, Baudelaire ne songe ni à l'aigle royal des romantiques ni à la solitude orgueilleuse du condor, décrite par Leconte de Lisle.
Il choisit un symbole plus douloureux : l'albatros représente la dualité de l'homme cloué au sol et aspirant à l'infini : il représente surtout le poète, cet incompris, celui qui, dans le poème en prose intitulé l'Etranger, répond aux hommes surpris de voir qu'il n'aime rien ici-bas : "j'aime les nuages...Les nuages qui passent...là-bas, là-bas...Les merveilleux nuages ! "
Toujours draps de soie tisserons
Jamais n'en serons mieux vêtues.
Toujours seront pauvres et nues
Et toujours faim et soif aurons ;
(p.69)
Complainte des tisseuses de soie, Chrétien de Troyes
[Heredia]
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.