Oui, nous sommes tous de la poussière d'étoile, dit-il. Nous brillons de mille feux, avant de nous éteindre et de disparaître.
Celui qui a inventé les chemises d'hôpital - surtout celle qu'on noue dans le dos et qui vous laissent les fesses à l'air - mériterait des baffes.
Pour moi, je connaissais de Chance tout ce qui importait vraiment. Chance était l'étrangeté et la fantaisie incarnées. Il était notre ami, à Ashlin et à moi, un ami à nul autre pareil.
Chance était notre été.
Puis Chance se lève et va embrasser notre père et Isobel. Puis il me regarde. Et que faire, sinon sourire quand il se jette à mon cou, me serrant fort contre lui, m'embrassant sur la joue ?
Pas tant sur la joue qu'un peu plus bas, le long de la mâchoire.
Deux centimètres de différence qui multiplient par dix l'intimité de son baiser.
Voir souffrir quelqu’un qu’on aime... c’est terrible. Mais en même temps, on s’accroche au moindre moment, à la moindre heure, à la moindre seconde qu’on a, à lui dire les choses qu’on a jamais pu lui dire. À quel point il a changé votre vie, et quelle merveilleuse personne il est.
La vérité est dans les yeux de celui qui écoute. Les mensonges ne sont-ils pas que de simples variations de la vérité? Un fait qu'on étire jusqu'à le transformer?
Rallumant l'appareil, je fais défiler les photos prises ce matin. Il n'y en a qu'une seule de Hunt et de Chance ensemble, ils sourient, et Chance a ce noeud débile collé sur le front et Hunter sur la joue. Ils ont l'air si heureux. Naturels. Comme s'il s'agissait de l'ordre normal de l'univers, et que rien d'autre n'avait d'importance.
Mais où est notre place, à Rachel et à moi, dans ce plan cosmique?
- Je ne manquerai à personne. Tu verras.
Ecartant grand les bras, elle avait sauté.
Je ne l’avais pas vu toucher l’eau ; elle s’était évanouie dans le brouillard.
Jessica avait raison. J’ai consulté les journaux, papier et sur Internet, cherchant la mention du suicide d’une jeune fille qui s’était jetée d’un pont. Aucun avis de recherche, aucune nécrologie, aucun corps retrouvé, nada. La Terre continuait de tourner. Jessica la plongeuse dans le vide était morte, et tout le monde s’en fichait. Et pourtant, elle avait semblé si paisible. Reconnaissante de pouvoir quitter ce monde pour un au-delà, quel qu’il soit. Ses souffrances étaient terminées.
La magie qui existe entre nous est de celles qui ne se dissipent pas
- J'ai peur.
- De quoi ? De vivre ? Ce n'est pas si mal.
- Non. J'ai peur que tu meures.
Elle soupire. Je ne vois pas son visage.
- Oui, murmure-t-elle. Moi aussi.