Le cinquième roman de Kaouther Adimi, « Au vent mauvais », publié aux Éditions du Seuil, nous raconte l'histoire de Tarek, Saïd et Leïla, 3 algériens qui grandissent dans le même village, le hameau d'El Zahara, jusqu'au jour où la guerre, la Deuxième Guerre mondiale, les sépare brutalement.
Tarek servira sa patrie du mieux qu'il peut, en faisant face aux injustices en Allemagne, en France, à l'incompréhension, et trouvant miraculeusement refuge dans une villa hors du temps à Rome, avant de rejoindre Leïla son amour de jeunesse, en Algérie.
Saïd choisira l'écriture, il deviendra écrivain et se servira de son passé, de ses amis, pour conter une autre forme de réalité, quitte à trahir, blessé dans son amour-propre dans ce triangle amoureux, un prétexte en somme pour asseoir son art.
Kaouther Adimi a reçu le Prix du roman des étudiants France Culture Telerama, en partenariat avec le CNL.
#SonLivre : un podcast réalisé par Pauline Carayon du CNL et Romuald Boivin.
Illustrations par l'artiste plasticienne Fanny Michaëlis.
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Que vas-tu faire des livres ?
– Le propriétaire veut que je les jette.
– Les jeter ? Tu ne vas pas les jeter. Jeter des livres ? Tu te rends compte de ce que tu dis ?
– Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?
– Donne-les, garde-les, peu importe mais ne mets pas des livres à la poubelle.
Un livre, ça se touche, ça se sent Il ne faut pas hésiter à corner des pages, à l’abandonner, à y revenir, à le cacher sous l’oreiller…
... nous nous rendons compte de nos richesses qu'une fois que nous les perdons !
Hommage de Jules Roy :
"Charlot fut un peu notre créateur à tous, tout au moins notre médecin accoucheur. (...) Nous fûmes son rêve. C'est là que le sort le trompa injustement, comme se lève une tempête sur une mer calme. A la bourrasque, il tint tête tant qu'il put. Je ne l'entendis jamais protester contre l'injustice ni maudire l'infortune qui l'accablait. Par moments, il m'arrive de me demander si nous avons été assez dignes de lui."
Leïla murmura :
- C’est la démocratie. On ne peut rien faire.
- Non, maman, ce n’est pas la démocratie. Les islamistes ont très clairement annoncé la couleur : ils veulent prendre le pouvoir par les urnes puis modifier la constitution pour supprimer les urnes.
Foule de blouses bleues, roses, blanches, jaunes, à carreaux, à rayures, de couleur unie avec un petit détail, courtes, longues. les écoliers rejoignent leur maison, sautent à pieds joints dans les flaques, éclatent de rire, se poursuivent. Ils font comme tous les enfants du monde : profiter du plaisir d'être libérés de l'école le temps de la pause-déjeuner, courir derrière les chiens errants, se poursuivre, le cartable sur le dos.
- Ce que vous permet l’art, c’est d’avoir le sentiment d’être à la fois éternel et mortel, c’est quelque chose d’effrayant et de douloureux mais aussi un sentiment extraordinaire. Admirer une œuvre, c’est repousser la mort, c’est permettre à la vie de gagner.
Les gens pensent que quand on a fait la guerre et qu’on a survécu, c’est terminé. Moi, j’ai fait deux fois la guerre, deux fois je suis rentré chez moi mais je suis plein de poussière et je n’arrive pas à m’en débarrasser. Elle est entrée ²dans ma tête et dans mon cœur. C’est le vent mauvais qui l’apporte, cette fichue poussière qui jamais ne me lâche.
Ils s’installèrent dans la caserne Denfert, rue Satory. Huit cents Nord-Africains et Sénégalais logeaient déjà dans ce bâtiment en piteux état où les vitres des fenêtres étaient brisées, les murs crasseux, les douches condamnées et où il n’y avait qu’un seul robinet d’eau courante pour la toilette de l’ensemble des hommes.
(page 46)
Sa mère était capable de sentir un mauvais coup à des kilomètres à la ronde. Il se demandait parfois si elle ne lui avait pas mis une puce dans le corps, capable de le géolocaliser, d'analyser la moindre de ses émotions et de lire dans ses pensées. Cette manière qu'elle avait de toujours tout savoir et de connaître chaque détail de sa vie était insupportable.