L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat
Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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Des fois, je me dis que c'est pour ça qu'on ne progresse pas aussi vite chez nous que dans d'autres régions. Les gens, perdent tellement de temps à en lyncher d'autres, ils dépensent tellement d'argent en corde et en essence, à se cuiter par avance et autres choses essentielles, qu'il ne reste plus guère d'argent ni de main-d'oeuvre disponible pour les travaux courants.
Un client pouvait avoir une Ford de n’importe quelle couleur, à condition qu’elle soit noire.
Une phrase d’Henry Ford sénior, à l’époque de la Model-T, qui fait le bonheur d’Allen, le noir au milieu de tous ces blancs.
- Tiens ! Mais c’est ce vieux « Noir-sur-Blanc » soi-même !
Il parlait sans qu’on voie bouger ses lèvres :
- Comment ça se fait que tu t’amènes pas ta jolie maman blanche avec toi, bâtard ? […]
J’ai fait trois entailles dans son cuir chevelu, légères naturellement. Juste assez pour lui faire savoir de quoi j’étais capable, au cas où ça me prendrait. Il s’est débattu et a esquissé un swing dans ma direction. Esquissé c’est tout. Parce que ma lame de rasoir reposait sur sa pomme d’Adam, toute prête à lui la sculpter en cas de faux mouvement.
- T’es rapide, mon gars, a-t-il coassé. Foutrement rapide.
- Et méchant, j’ai dit. Rapide et méchant.
- Et méchant. Je retire ce que j’ai dit sur ta mère ! […]
On s’est grimacé un sourire. J’ai enlevé le rasoir et on s’est serré la main.
Allen, lycéen noir, au contraire de sa mère blanche et Dan un « nouveau camarade » de Lycée, noir également au milieu de tous ces écoliers blancs.
Et quoi faire d'autre que dormir et manger ? D'autant que pendant qu'on dort ou qu'on mange, on se tracasse pas pour des trucs contre quoi on ne peut rien. Et qu'est-ce qu'on peut faire d'autre, à part rigoler et blaguer... Comment, autrement, supporterait-on l'insupportable ?
(...), j'en ai connu pas mal de son espèce. De ceux qui cherchent une solution facile aux problèmes compliqués. De ceux qui mettent leurs ennuis sur le dos des Juifs ou des gens de couleur. Qui ne sont pas fichus de comprendre que, dans un monde comme le nôtre, c'est forcé qu'il y ait des trucs qui ne tournent pas rond. Et en admettant qu'il y ait une réponse à la question de savoir pourquoi c'est comme ça (et il n'y en a pas toujours), eh bien, ce n'est probablement pas une seule, mais mille réponses .
Dans le temps, pensait Ike King, un ami était quelqu’un qu’on n’aurait pas tué, même si on en avait l’occasion, et vice-versa.
Un ami était quelqu’un pour lequel on aurait tué, vice-versa.
- Dis donc, ma cocotte, je lui fais, on devrait pas attendre un peu ?
- Attendre ? Elle dit en fronçant les sourcils. Pourquoi foutre ?
- Ben, écoute... Tu viens juste d'être déclarée veuve, officiellement.... Ça me paraît pas très convenable de se fourrer dans les draps avec une femme qu'est veuve depuis à peine une heure.
- En voilà une affaire ! Tu couchais bien avec moi avant que je le sois, veuve, non ?
- D'accord. Mais ça tout le monde le fait. ...
- Ah, vous travaillez pour l’agence Talkington ! Eh bien, bon sang, je peux vous dire que j’en ai entendu parler, de votre agence ! Voyons un peu… C’est bien vous qui avez mis fin a la grande greve des cheminots ? – C’est exact. (Il me montre sa dent de nouveau.) La greve des cheminots, c’a ete une de nos missions. – Ah, sur ce coup-la, il vous en a fallu, du cran ! Quand je pense a ces cheminots qui vous bombardaient de morceaux de charbon et qui vous arrosaient a pleins seaux d’eau, alors que vous, les Talkington, vous n’aviez rien d’autre pour vous defendre que des fusils de chasse et des Winchester semi-automatiques ! Oui, vraiment, je vous tire mon chapeau !
Juger les gens ? Avec toute l’objectivité dont j’étais susceptible ?
Et pis quoi, encore ? Ça va, la tête ?
Bien sûr que je les juge. Et même, pour être franc, je les juge tous coupables et les condamne à être pendus par les couilles jusqu’à virer au rouge vif (ou toute autre chaleureuse couleur). Bien sûr qu’ils sont coupables. Nous le sommes tous.
Nous naissons bourrés jusqu’à la gueule de merdeuse culpabilité et, avant de marcher vers la gloire, il nous faut d’abord la dégueuler toute, c’est écrit noir sur blanc dans les Evangiles.
- J’ai des questions à vous poser.
- Hein des questions ? Artie déglutit péniblement. […]
- Le Marshall n’aura qu’à patienter avec ses questions ou faire ce qu’il voudra !
- Faire quoi, selon vous ? dit Thompson.
- Aller vous faire cuire un œuf !
[…]
- Ce que vous venez de dire a servi d’épitaphe au dernier type qui m’a sorti la même chose, dit le Marshall. Je me demande si vous avez envie que ce soit aussi la vôtre.
Critch secoua la tête.