Les lettres de mon jardin
J'ai beau zieuter avec zèle la zone définie par mon jardin, pas un animal ni une plante commençant par Z. A moins de faire le zigoto ou de se croire au zoo, zéro zèbre, zébu ou zorille. Pas même un malheureux zinnia. Je ne parierai pas un zloty d'y voir également une belle zibeline.
Pourquoi ne pas profiter de la tiédeur d'une nuit d'été et découvrir la vie nocturne des hôtes du jardin? Vous pourrez croiser le crapaud commun en quête de vers de terre, tout comme le hérisson ou la musaraigne. En levant la tête, vous assisterez au ballet des chauves-souris ou surprendrez le vol lourd d'un lucane cerf-volant.
Protégée par son manteau de fourrure, la reine bourdon ne craint pas le froid. Il lui suffit de battre des ailes à 200 battements par minute pour se réchauffer. Après avoir patientée sous terre, elle doit partir à la recherche du meilleur endroit pour y installer sa future colonie.
Le dernier insectivore à fréquenter le jardin n'est pas le plus aisé à observer. Il s'agit de la taupe. Je ne l'ai jamais vue, mais ses nombreuses taupinières sur la pelouse attestent indubitablement de sa présence. Au nom de la biodiversité, j'accepte de bon gré ces petits monticules de terre, qui donnent à la pelouse un air d'adolescent en proie à une poussée d'acné.
A la recherche d'un abri pour passer l'hiver, une punaise se promène sur vos murs. Si la situation, lui convient, elle émettra alors un message chimique, dit "phéromone d'agrégation", pour avertir ses consœurs que l'adresse est bonne! Celle-ci ne manqueront pas de rappliquer. Alors, n'attendez pas pour remettre gentiment l'intruse dehors.
Ce haut niveau de spécialisation et d'interrelation entre végétal et animal n'est qu'une petite illustration de la forte interdépendance des espèces et de leur fragilité quand un mailmo' de la chaîne vient à disparaître. La bryone, à elle seule, représente donc un condensé des enjeux liés à la préservation des milieux naturels pour protéger notre biodiversité.
Plus nous croyons avancer dans la connaissance, plus fréquemment reviennent ces questions face à l'extrême diversité du vivant.
...mais ses nombreuses taupinières sur la pelouse attestent indubitablement de sa présence. Au nom de la biodiversité, j'accepte de bon gré ces petits monticules de terre, qui donnent à la pelouse un air d'adolescent en proie à une poussée d'acné.
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A la sortie de l'hiver, une petite plante à fleurs bleues montre le bout de son nez un peu partout sur la pelouse. Elle en serait même un brin envahissante, mais j'aime cette délicate annonciatrice du printemps et la laisse donc prospérer.
Certains peuvent voyager à travers le monde et ne rien voir. Pour parvenir à sa compréhension, il est nécessaire de ne pas trop en voir, mais de bien regarder ce que l'on voit.