Jean Merrien : Dictionnaire de
la merDepuis COLLIOURE, dans les Pyrénées-Orientales,
Olivier BARROT présente le livre "Dictionnaire de
la mer, le
langage des
marins, la
pratique de la voile", de
Jean MERRIEN, réédité par Omnibus.
Dessins en banc-titre.
Sinistres pontons ! Si, pendant tout le XIXe siècle, les marins français ont gardé si forte la haine de l’Anglais, c’est par mémoire des pontons. Les pontons sont de vieux navires sans mâture, mouillés ou embossés dans la rade de Portsmouth, à plusieurs milles de la terre. Les marins n’aiment déjà pas être en rade. La vie des prisonniers, enfermés dans l’entrepont, est atroce. Le jour, les sabords sont ouverts, et l’on s’achète fort cher – si l’on a de l’argent - une place auprès d’eux ; la nuit, ils sont fermés, on étouffe dans la puanteur.
p. 307-308
La mer n'est pas seulement un gagne-pain, pas non plus un jouet ni un terrain de sport ; c'est une divinité dont le culte, d'amour comme d'intérêt, exige l'adhésion totale des sens et de l'intelligence, et l'observance du rite ...
Dès que l'assailli est à merci, les règlements veulent que l'écrivain du bord dresse un inventaire des marchandises et appose les scellés sur les panneaux de cales. A l'équipage reste le "petit butin", qui est la rafle de tout ce qui se trouve dans l'entrepont, c'est-à-dire de ce qui appartient à l'équipage adverse. Cela s'effectue à parité de grade : le capitaine a droit à ce qui se trouve dans la chambre de son collègue vaincu, l'aumônier au coffre de l'aumônier pris, le chirurgien au matériel de l'infirmerie adverse, etc.
p. 219
Autrement, je goûtais le délicieux parfum du vent de nuit sur la mer, et sa chanson délicate ...
Toutes les familles françaises ont été secouées par le "vent de terre" de l'occupation et par "le vent de mer" du débarquement et de la libération....
Dans l'eau rapide de l'Aven, une burlesque poursuite du canard par les nageurs fera jaillir les joyeuses exclamations, tandis qu'un peu plus haut, les mousses, à grands déhanchements, courront régate à la godille et briseront des avirons ...
Il y a des voitures sur les routes. des files de voitures.
Des fumées, de la poussière, des chauffards et des gendarmes [...]
Il y a les restaurants à la graisse de baleine, avec rosé à 600 francs la bouteille.
Il y a les hôtels complets [...]
Il y a les villas retenues à prix d'or [...]
Il y a les campings bourrés.
Des trois tentes proches sortent trois symphonies : celle d'un bébé, celle d'une dispute de ménage, et celle d'une radio beuglante, vomissante ou dégoisante.
Il y a les plages au coude à coude ... pardon, au fesse à fesse [...]
Et puis, il y a la croisière.
Notre maison flottante, sans voisins, sans radios, sans gendarmes, sans foules, sans poussière, sans chaleur, notre maison qui, chaque jour, développe ses ailes, et, comme un oiseau, s'en va par les mers à notre guise ...
Envoyé en mission dans le Morbihan - cette région de Bretagne qu'il devait par la suite tant aimer - il s'y rendit suspect par ses propos, dans une auberge proche de Carnac, village où l'affaire de Quiberon avait laissé des traces ... et des policiers.
Sans le savoir, il fut suivi et, à Auray, fouillé.
On n'eût pas de mal à trouver la cocarde blanche.
Arrêté, il fut transféré à Lorient, détenu à l'Amirauté, en attendant qu'un courrier dépêché à Paris rapportât des instructions à son égard ...
Tu as commis la pire des fautes, prendre ce que tu désires pour ce qui est ...
La journée fut splendide, mais chaude.
Sur sa bicyclette, le prêtre cuisait dans sa soutane noire.
"Je ne peux tout de même pas espérer devenir pape pour qu'elle soit blanche ; ni père blanc" ...