Pour parler de l'islam des origines, l'historien d'aujourd'hui doit se prévaloir d'un droit de total et libre inventaire, même si la religion vivante des musulmans contemporains tente trop souvent de lui refuser ce droit. Il ne s'agit pas d'empêcher des hommes d'aujourd'hui de croire, mais de tenter de dire le passé tel qu'on peut supposer qu'il a été vécu par les hommes d'autrefois.
C'est en se fixant, par voie de conquête, sur la terre des autres et finalement en se laissant acculturer par eux, dans une mesure dont on sous-estime fortement l'ampleur, que l'islam devient la grande religion intégratrice de l'empire médiéval des califes, les « successeurs » de Mahomet, selon le sens banal du mot arabe (khalîfa).
L'histoire des religions n'est pas une contre-religion, ni un succédané de religion. Elle demeure extérieure à la foi. Tout au plus permet-elle à des croyants soucieux de maintenir un lien entre leur religion et leur culture de prendre conscience de la richesse d'un monde et d'un passé parfois occultés
Dans son milieu d’origine, le Coran présente souvent la caractéristique de fournir par ses répliques et ses objurgations une sorte de physionomie collective de ses interlocuteurs directs comme sur un négatif photographique. La société première était tribale et patriarcale.