En regardant les photographies d'Edward Lee, j'ai été frappé par le côté funèbre de leur mise en scène : il n'y a pas un être vivant, pas un oiseau dans le ciel ; même les portraits sont figés, mortifères. Je me suis dit que ce qu'il a photographié, ce n'est pas tant l'Amérique, mais quelque chose de complètement personnel : ce sont des autoportraits.
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J'ai pris appui sur cent de ces photos. A chacune, dont j'empruntais le titre, j'ai substitué trois énoncés fragmentaires, amputés de leur début comme de leur fin.
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Ce qui me séduisait, avec le risque de l'illisibilité et du non-sens, c'était de déplacer le rapport habituel que l'on a du sens et de sa transmission par des phrases : le fait de proposer un texte sans que le référent soit donné me paraissait intéressant. Cela crée un hors champ qui reste mystérieux. Le plus souvent, j'ignorais moi-même l'antécédent de mes phrases.
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S'il y a pour moi une prise de risque, c'est justement dans la recherche de la maîtrise formelle. Une fois qu'elle est définie, je m'y tiens. Mais la maîtrise du sens, quelle horreur ! Je lâche toujours un texte avec un grand point d'interrogation.
Histoire n’est pas si causante qu’on pourrait le croire, et quand tout de même elle parle elle utilise le geste et la mimique autant sinon davantage que les mots. J’aime les silences d’Histoire. J’aime aussi sa voix – qu’elle soit rare, qu’elle ait à s’émanciper de l’organisme pour devenir elle-même, et l’entendre résonner simultanément dans le monde extérieur et en moi, comme si par exception l’ailleurs avait lieu ici et qu’une autre existence coïncidait avec la mienne.
Léaud aime faire l'acteur et ça se sent. Il joue l'acteur, il joue à l'acteur. De là qu'auprès de ses partenaires sa présence dans le cadre introduit toujours une touche étonnante l'hétérogénéité.