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Citations de Frederika Amalia Finkelstein (76)


"L'absence de solution n'est pas exprimable"
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Perdre la mémoire de son passé, c'est avoir la possibilité de démarrer à zéro: vivre libre. Libre mais hanté par l'ignorance de ce qui, un jour, a été. Je voudrais faire de mon ignorance ma grande occasion d'espérer.
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"Le nom de Hitler n'est pas loin d'être aussi célèbre que le nom Jésus-Christ et que le nom Michael Jackson. Nous mettons tous les noms de l'Histoire dans un grand sac puis nous les confondons. Parfois, je me demande si nous sommes encore en état de faire la distinction entre les bons noms et les mauvais noms: si réellement nous la faisons. Il y a une forme d’indifférence. Je pense qu’aujourd’hui Hitler est un mythe au même titre que Jésus-Christ … et … Mickael Jackson … : nous ne pouvons pas oublier ces noms parce qu’ils sont ancrés dans notre mémoire. Les 14.000.000 d’êtres humains exterminés entre 1933 et 1945 ne sont pas des mythes : nous ne connaissons pas leurs noms. Ils sont poussière, ils sont chiffres. Que cela soit juste ou pas, là n’est pas la question. La morale est comme le fait de gagner : elle est une illusion.
Voilà ce que nous avons fait. Nous avons fait des victimes un amas de chiffres, puis nous avons fait des bourreaux un amas de mythes."
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Je suis un peu morose aujourd'hui. Cela m'arrive un jour sur trois ; un jour sur deux peut-être. Pour parer à l'angoisse et à la mélancolie, je fais du sport. Je vais courir trois fois par semaine dans un stade municipal près de la porte de Pantin. J'ai adopté une méthode pour rythmer mon pas : je récite mentalement des listes entières de morts. Plus précisément, j'apprends par cœur des listes de massacres et d'attentats meurtriers sur Wikipédia, et je me les récite dans ma tête tout en faisant des tours de stade. Ce n'est pas plus difficile que d'apprendre des poèmes, et cela me permet de m'abstraire de la peine engendrée par l'effort. [...] Inutile de dire que je sue abondamment, et c'est sans doute pour cela que je cours : c'est comme cela que je pleure, par les pores de la peau (pp. 31-32).
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Je n'ai jamais aimé Edgar. Je voulais simplement que lui, il m'aime. N'est-ce-pas à celà que servent les chiens : à donner de l'affection.Nous adoptons ou achetons un chien pour recevoir de l'affection ainsi qu'une certaine forme de fidélité. Car, je le répète, nous sommes seuls au monde.
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Ma canette était froide. J'ai aimé ce Pepsi, il m'a rendu le plus grand des services : il m'a désaltérée.
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J’éprouve un léger haut-le-cœur; il faut purifier son cerveau des horreurs qui le parsèment, comme des traces d’excréments sous les semelles de ses chaussures. Je dois éliminer ce qui obstrue mes émotions. Il faudrait que je pleure. Cela fait si longtemps. Il le faudrait. J’étais au Drugstore des Champs-Élysées hier matin et je n’ai pas réussi. J’aurais aimé pleurer devant le bar, ou devant les livres, ou devant le rayon frais, mais je ne pensais qu’à Daft Punk et à mon soda, et aussi je pensais à la mort, je pensais à l’horreur qu’on nous a fait vivre ici-même il y a quelques années, à Paris : les rafles, les trains à bestiaux qui ont contenu des Juifs. Ma canette était froide. J’ai aimé ce Pepsi, il m’a rendu le plus grand des services : il m’a désaltérée. »
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Je n'ai pas connu la faim. Je n'ai pas connu la drogue. Je n'ai pas connu la torture. Pour moi la violence se limite aux images, et à l'endurance dont je dois faire preuve pour chaque jour les ingurgiter : ne pas succomber aux écrans. Garder un lieu dans ma tête, si infime soit-il, un lieu dénué de bruit, d'agitation, un lieu dépourvu de haine. Pour l'instant les livres me protègent.
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Il y a pire que le fait de ne pas pouvoir oublier, il y a le second fait de ne pas pouvoir comprendre
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J'ai enfoui mes souvenirs dans les débris de ma mémoire... Grand-père, aide-moi, raisonne-moi, tu ne vois pas que je me perds ? Est-ce qu'au moins, les morts nous voient? Je tue le temps par le souvenir de ton absence.
Le monde a changé, c'est sans retour. Le monde, je le vois rouge cinabre.
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Enchantée,je m'appelle Alma,j'ai entre 20 et 25ans.Alma-Dorothéa est mon véritable prénom,mais tout le monde m'appelle Alma depuis l'adolescence lorsqu'on me demande "comment tu t'appelles?" je me contente de répondre :Alma et de cacher le reste.On m'appelait Dorothéa dans mon enfance mais je veux oublier l'enfant que j'étais pour toujours car nous voulons oublier ce qui en nous se déchire;appelez-moi comme bon vous semble,je vous laisse me nommer.
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Je suis à la recherche d'une solution à mon existence qui n'a jamais été possible pour la simple raison que je suis immergée dans un monde sans solution au problème posé. Il se peut cependant que je me trompe, et que la solution existe mais qu'elle soit sans visage. Comme un n dans une opération arithmétique. Je me dis qu'un tel n pourrait être la solution au problème de mon existence, soit potentiellement n'importe quel chiffre correspondant à un entier naturel. Le chiffre caché derrière le n existe mais jamais il ne pourra être dévoilé parce que sa possibilité est infinie. Dans une telle configuration la solution serait donc cette absence. C'est une pensée que je pourrais admettre car elle me convient. Je pourrais envisager le monde à partir de cette lettre. Je pourrais dire : j'ai trouvé la solution au problème majeur de la vie, à ce mot ingrat qui ne satisfait aucun raisonnement : à la naissance, à la mort, à ce lieu maintenant, à moi, à vous. La solution peut être nommée, elle s'appelle n mais son visage est une ombre. Là-dessus, je ferai silence, nous n'avons pas besoin d'en savoir plus car nous ne le pouvons pas.
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Est-ce donc cela vieillir, laisser son destin se compromettre puis en dresser froidement le procès-verbal ? (p. 119)
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J'aurais ordonné à un SS de sentir mes tennis, je lui aurais ordonné, sur-le-champ, de me dire si l'odeur de mes chaussures avait un quelconque lien avec l'odeur caractéristique d'une chambre à gaz après le travail accompli, vous pouvez être certains que j'aurais obtenu une réponse détaillée. (chap. 3)
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Après l'illusion de la course, il y aura l'illusion du retour. Mes souvenirs reviendront à la surface, à nouveau je voudrai les oublier. Je chercherai ailleurs. Et j'irai d'étourdissement en étourdissement, de secret en secret, de solitude en solitude, de signe en signe, de sourire en sourire, de jeu en jeu, d'abandon en abandon, de travail en travail, d'amertume en amertume, d'attachement en attachement, de trace en trace, [...] de brou de noix en brou de noix, de visage en visage, [...] de robe en robe, de tee-shirt en tee-shirt, de chemise en chemise, de chaussure en chaussure, [...] de magazine illustré en magazine illustré, [...] de Pepsi en Pepsi, [...]
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Les cadavres de la Seine sont les déchets de Paris.Ils constituent probablement une deuxième ville .
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Et voilà que j'ai pensé à la chose la plus simple ; à un mot que je connais depuis l'enfance. J'ai pensé au mot oubli. NOTRE MONDE VIT DANS L'OUBLI Avant le 30 avril 1945, il y avait deux lieux : la Terre et le ciel. Il y avait le monde des vivants et le monde des morts. Le jour du suicide d'Adolf Hitler, le jour où Hitler a fait échec et mat sur notre humanité, nous nous sommes évanouis l'espace d'un éclair, et quand nous nous sommes réveillés, nous étions dans un nouveau monde : nous étions dans le monde de l'oubli. Nous y sommes Dans l'oubli, le réel et le virtuel s'entrechoquent ; les vivants et les morts se côtoient. La technologie et les corps se confondent. Le mot humanité a changé : la science, les machines et les hommes se rencontrent : ils fusionnent. Le réel et l'imaginaire, le visible et l'invisible, la mémoire et l'oubli, tous ont la même place. Le passé et le présent se rejoignent : le temps n'est plus une courbe, une frise qui défile dans la mémoire. le temps est comme le monde : il fonctionne selon le modèle du cercle. je lis Lolita, je joue à un jeu vidéo, j'écoute Bach, j'oublie, je me souviens, je regarde un match de baseball, j'écoute Michael Jackson, et je suis incapable de vous dire qui est le premier à avoir vu le jour dans mes pensées et dans l'Histoire. D'ailleurs, cela ne m'intéresse pas : je passe de l'un à l'autre. Tout va dans l'oubli : mes peurs, ma fatigue, mon grand-père, les 6 000 000 de juifs exterminés, les 8 autres millions, les miraculés de la guerre et des génocides, les exilés, et puis mes joueurs de baseball, et aussi les nazis, mon enfance disparue, le meurtre d'Edgar, les chevaux sacrifiés sur les champs de courses. Les morts, les vivants : nous sommes tous dans ce même espace où la mémoire, sans cesse, s'évanouit. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est là une chance et une condamnation. Perdre la mémoire de son passé, c'est avoir la possibilité de démarrer de zéro : vivre libre. Libre mais hanté par l'ignorance de ce qui, un jour, a été. Je voudrais faire de mon ignorance ma grande occasion d'espérer.
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Il est vrai que je profite des transports en commun pour entrer dans les vies : je vole des indices aux existences qui m'entourent, existences dans lesquelles je ne suis pas censée entrer, et que je ne côtoierai probablement pas (c'est statistiquement vraisemblable, je vis dans une métropole) ; mais si précaire et limité que soit cet instant, je m'en réjouis : cela fait partie des joies minuscules que je m'octroie chaque matin, et il faut que je l'avoue, plus les années avancent, moins j'ai de raisons de me réjouir de quoi que ce soit dans cette vie. J'apprends donc l'humilité. Tous les jours : l'humilité (pp. 15-16).
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Ce matin dans la rue, j'ai voulu jeter mon téléphone : l'envie m'a pris de le fracasser contre le trottoir. Rompre la corde invisible qu j'ai autour du cou. Renoncer aux objets. Renoncer aux réseaux. Partir. Recommencer. Mais pas en tuant, pas en massacrant, pas en crachant de la haine.
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La vérité n'est pas une histoire de faits; elle est tout ce qu'elle veut être
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