Alors voilà, je suis un menteur.
Et un menteur a toujours une bonne raison de mentir. La peur, la compassion, l'envie. Protéger les siens, s'empêcher de souffrir ou de faire souffrir. Ne pas heurter, ne pas abandonner, ne pas lâcher.
Or mentir, c'est avant tout se perdre. Le mensonge nous désoriente dans son labyrinthe. On ne peut être soi-même dans le mensonge. Il ronge et pourrit nos consciences. Il détruit nos amitiés, gâte nos familles, flétrit nos amants.
L'histoire de sa vie se résumait-elle à une supercherie puérile orchestrée par deux adolescents attardés pour qui l'amour n'était qu'un jeu ?
- Il n'est pas parfait, mais je serai riche grâce à lui ! avait répondu Loulou, tentant elle-même de se persuader.
- Riche, mais malheureuse, l'argent ne fait pas le bonheur !
- Oui, mais le bonheur ne remplit pas l'assiette !
Et ils avaient ri de bon cœur.
Il se disait, aux lueurs de l'aube, que l'esprit humain était décidément plein de ressources et que les vies rêvées pouvaient être à la fois extrêmement précises et réalistes.