L'hypothèse de Norman Berlaug était la suivante : l'augmentation de la production dans les terres gérées selon les principes de la révolution verte permettra non seulement d'améliorer la situation des agriculteurs mais aussi d'épargner d'autres terres qui pourront ainsi être réservées pour la protection de la nature. Malheureusement, en voyant aujourd'hui comment les zones agricoles artificialisées de la révolution verte continuent de s'étendre et d'empiéter sur les terrains non cultivés et les zones protégées, on ne peut que conclure que l'hypothèse n'est pas confirmée. Et c'est ici qu'intervient l'agroforesterie : au lieu d'épargner la terre, il fallait la partager. La partager entre des objectifs de production et de protection. Ce partage est au cœur de la démarche agroforestière, qui permet d'associer au même endroit une production agricole et la protection de la biodiversité. Cette vision de partage de l'usage de la terre entre des objectifs apparemment contradictoires a été conceptualisée sous le terme de "land sharing" (partage de la terre), qui s'oppose à "land sparing" (épargne de la terre). L'agroforesterie, c'est du land sharing. Pas comme la révolution verte.