#10marsjelis, le Quart d'heure de lecture national
En 2022, la lecture est Grande cause nationale. L'auteur Emmanuel Guibert est ambassadeur de cette cause. Il la porte haut et fort et participe, le 10 mars à 10h, au Quart de lecture national : le rendez-vous de lecture simultané organisé partout en France.
Sous le #10marsjelis, parlez-en autour de vous, postez vos meilleurs moments, et surtout
lisez !
Tout savoir sur #10marsjelis, le Quart d'heure de lecture national : https://centrenationaldulivre.fr/actualites/le-cnl-appelle-a-un-quart-d-heure-de-lecture-national-le-10-mars-2022-a-10h
Suivez le CNL sur son site et les réseaux sociaux :
Site officiel : www.centrenationaldulivre.fr
Facebook : Centre national du livre
Twitter : @LeCNL
Instagram : le_cnl
Linkedin : Centre national du livre
+ Lire la suite
Le smog est venu.
La pollution atmosphérique.
On ne connaissait pas le mot « smog » avant guerre.
Je n’avais aucune idée que ça pouvait arriver.
L’air était clair et merveilleux.
Le matin absolument superbe.
Je n’ai pas grande facilité à décrire physiquement ma mère.
Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’elle était belle. Elle était très sympathique. Elle avait le visage un peu fatigué, même quand elle était jeune.
Elle ne se maquillait pas, ou à peine.
Elle n’était pas contre, mais nous n’avions pas d’argent et je pense qu’elle ne voyait pas la nécessité d’acheter du fard.
D’ailleurs, à l’époque, énormément de femmes ne se maquillaient pas.
Ça commençait tout juste.
(page 30)
À l’époque, il (le séquoia General Sherman) approchait des quatre-vingts mètres de haut. Il a dû continuer à grandir, puisqu’il vit toujours.
Il faisait une dizaine de mètres de diamètre et vingt-cinq de circonférence. On lui donnait cinq mille ans. Entre temps, il paraît qu’on lui en a enlevé la moitié. Tant mieux pour lui.
(page 70)
À l’époque (entre les deux guerres mondiales), si on avait de l’argent, on se soignait.
Si on n’en avait pas, on ne se soignait pas.
On restait malade et on attendait de mourir.
(page 35)
On était en France. Pour autant que je le sache, au Havre. La ville était complètement détruite.
On a vu comment avait été la guerre avant que nous arrivions. À l’époque, évidemment, les Allemands étaient loin.
(page 85)
Richard Strauss, par exemple, a été mis à l’index par les Américains pendant quelque temps après la guerre. Gerhart (Muench) l’avait croisé dans les années trente et disait de lui :
« Cet homme ne connaissait que la musique, il aurait mieux fait de fermer sa grande gueule quand il s’agissait de politique. Il n’y comprenait rien. »
(page 28)
Nous étions de gentils garçons, pas très expérimentés. On s’est un peu forcé à aller dans les maisons et à piller. Certains trouvaient ça amusant, d’autres pas. Cependant, on rencontrait de temps en temps des soldats d’autres unités qui avaient fait plus de guerre et qui nous parlaient souvent de pillage. C’était une chose qui se faisait beaucoup. En principe, de petits vols chez les gens pour avoir un ceci ou un cela qu’on voulait.
(page 56)
Vera n’était pas belle non plus. Mais je l’ai trouvée belle, comme j’ai trouvé d’autres femmes belles dans ma vie, ma grand-mère Cope, Martha et quelques autres qui, je le savais, n’étaient pas belles. Vera avait une beauté qui m’attirait et qui venait certainement de l’âme, quelle que soit la façon dont on définit ce mot.
C’est une chose beaucoup plus profonde que le caractère ou le sang, chez une personne. Et ça la rend belle. Il y a des gens qui sont jolis et qui pourtant, ont une beauté qui ne vous frappe pas, ou d’une façon très superficielle.
(page 77)
De toute façon, je n’étais pas matière à faire un officier.
Je n’étais pas suffisamment militaire, j’étais davantage rêveur.
(page 59)
Toute cette réaction que j’ai eue à la mort de ma mère est assez curieuse.
J’ai pleuré pour bien des choses qui m’ont attristé dans ma vie, mais pour ma mère, non.
C’était trop grand.
Il y avait une étrange beauté dans cet effet que le destin peut avoir sur la vie d’une personne.
Je ne le raisonnais pas, bien sûr.
À 11 ans, je ne pouvais pas raisonner de la sorte.
C’était plutôt un sentiment que j’avais devant ce grand malheur.
(page 157)