J'ai retrouvé une mémoire qui me décrit seule dans le temps. Sans Fritz, mais pas non plus comme une tache noire. Peu à peu, je recommence à prendre couleur. Je collecte mes infimes moments de bonheur telles des petites perles d'amour.
Maintenant, habille-toi tout de suite, sinon je pique une crise.
- Tu ne peux pas !
- Quoi ?
- Tu ne peux pas piquer une crise. Il n'y a que moi qui peux piquer une crise.
- Ah! tu crois ça ? Regarde-moi bien alors...
- (...) Je veux mettre ma robe de princesse.
- Il fait bien trop froid !
- Mais non !
- Mais si !
- Mais non !
- Bon, sors sur le balcon si tu ne me crois pas.
![](/couv/sm_CVT_LHOMME-DE-MES-REVES-suivi-de-POUR-LETERNITE_1692.jpg)
[...] Ça doit être une blague mais soudain ça a l'air vrai.
"J'ai eu une histoire il y a deux semaines, dit Charlotte en regardant au loin par la fenêtre. Je ne sais pas si on peut même appeler ça une histoire. On s'est rencontrés au supermarché. Il attendait derrière moi au rayon charcuterie. Rencontrés, ce n'est pas non plus le mot exact. On s'est regardés, on est allés à la caisse et puis à sa voiture. C'était une vielle Ford. Très spacieuse. Nous n'avons pas parlé. Je ne sais même pas comment il s'appelle." Charlotte me regarde. "En plein jour, sur le parking du supermarché " dit-elle, avec des yeux étonnés. Elle me prend une cigarette. Je lui donne du feu.
"Normalement, je ne fume plus du tout à la maison, dit-elle en chassant la fumée. Robert ne supporte pas l'odeur du tabac." Naturellement, Monsieur Propre, me dis-je.
"Je sais ce que tu en penses, dit-elle, mais ce n'est pas ça du tout." Que croit-elle donc que je pense ? Elle aspire la fumée sans l'avaler, ça fait très débutante.
"Avec un enfant, on se met à penser beaucoup plus à la mort, dit-elle sans transition.
- Comment cela ? dis-je.
- Tu peux le perdre, tout perdre d'un coup, dit-elle très vite, voila pourquoi. "
Elle se lève et nous sert du café. [...]
../...soudain j'entends les oiseaux. Je les entends comme si on venait juste de m'accorder des oreilles. ......Je n'entends pas leur chant, selon mon habitude, comme un gazouillis accessoire : au contraire, il me semble que c'est un événement exceptionnel, qui ne se répètera jamais sous cette forme là. Ce concert d'oiseaux ne se produira ainsi qu'une seule et unique fois, ici et maintenant, et si je ne l'entends pas ici et maintenant, jamais plus je ne l'entendrai.