Bande-annonce de la BD Ludwig : Lettre a l'Immortelle..
Tu ne sais pas voler, tu vas tomber, tu es maladroit, l’air n’est pas pour toi, balourd, n’a-t-on cessé de lui crier. Et l’oiseau eut peur. Il n’a pas osé. Il est resté sur terre tristement. Et il a haï l’azur, et il n’a jamais vu les hauteurs.
Chaque pomme est une fleur qui a connu l’amour.
On n’écoute que ceux qui exagèrent.
Les œuvres se font dans des cachettes. On ne voit pas les oiseaux pondre sur des terrasses.
On s’embarque à bord d’un livre comme à bord d’un bateau pour des traversées houleuses, sereines, ou interminables.
Les belles idées ne sont pas sur la grève. On se fait piétiner sur la grève.
La neige qui fond, l’étang dans son petit lit qui boit le soleil, la scie ronde qui chante chez le voisin, la corneille qui est revenue, une hache, un tas de bois à bûcher, la moutonne qui a eu ses petits, la semence qu’on sort des greniers, les premiers pissenlits sur les buttes, l’odeur de l’érable… S’il n’y a pas de ces matins-là au Paradis, ça va jaser du côté des habitants.
Préface – Il y a 31 ans déjà que Félix nous a quittés, mais nous ne sommes pas près de l’oublier. Disques, livres, pièces de théâtre ; il nous a laissé une foule de souvenirs pour la mémoire. Avec les années, on constate que l’œuvre de Félix inspire encore la jeunesse. La preuve : ce nouveau récit graphique de Christian, superbement illustré. Il nous fait revivre une fois de plus la vie de Félix, cette vie qui nous anime dans plusieurs directions. Bien sûr, il y a la musique, mais aussi l’écriture qu’il aimait par-dessus tout… Montons donc dans ce train du nord pour vivre des nouvelles aventures avec Christian. – Martin Leclerc, en 2019.
On quitte son pays pour les mêmes raisons qu’on quitte la maison de son père. […] Je n’ai pas vu toutes les merveilles du monde, mas j’ai sûrement vu la plus belle et c’est mon pays. Où que je sois sur Terre, je l’emporte dans ma guitare. Librement, je me suis engagé à vivre ici. Maintenant que j’y suis, je ne suis plus libre puisque je me plie aux exigences de vivre ici. S’engager librement est donc faux, si on s’engage pour constater qu’on n’est plus libre.
Avant-propos – lors de mon passage à Gaspé, en 2015, j’ai eu le bonheur de visiter l’exposition Un hamac dans les voiles – La mer de Félix Leclerc, au musée de Gaspésie. J’ai été fortement inspirée et impressionnée par la mise en valeur de la relation que Félix Leclerc entretenait dans son œuvre avec le territoire québécois. Le ludisme des balançoires ainsi qu’une impression de grands espaces m’ont tout de suite inspiré des images. La parole de Félix. Comment traverser l’œuvre écrite et musicale de Félix tout en évoquant les moments marquants de sa vie ? Utiliser sa parole écrite dans la narration du livre m’a semblé une chose naturelle dans un médium comme le récit graphique. J’ai donc sélectionné de nombreux extraits de son œuvre pour le faire parler, afin que les lecteurs puissent avoir accès directement à sa pensée. Ces maximes de Félix se trouvent dans les phylactères et cartouches bleus, couleur du ciel et de la mer, des grands espaces présents dans ses chansons. Je voudrais ici souligner l’aimable collaboration des éditions Fides qui m’ont donné la permission d’utiliser ces paroles de Félix, sans quoi ce livre n’aurait pu présenter le sujet de façon si personnelle. Chaque fois que le lecteur ouvre ce livre, il s’expose à la vie de Félix, mais aussi à certaines de ses œuvres. En effet chaque double page a été conçue en fonction d’une pièce musicale. C’est ainsi que les guitares deviennent des érables entaillés dans Hymne au printemps, que Paul Rose apparaît dans L’alouette en colère, et que l’île d’Orléans est illustrée à la toute fin, dans Le tour de l’île. Vous trouverez à la page 54 la liste des pièces musicales évoquées. […]