Elle déplia la partie supérieure du paquet et sentit avec délectation l'arôme fort et puissant du café moulu. Charlotte savait que cela ne durait que quelques secondes, mais elle adorait ce court instant de volupté olfactive.
J'ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles.Les histoires sont originales et très agréables à lire. Aucune ne se ressemblent. Je recommande vivement de lire ce livre.
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— Oh les filles ! Vous ne devinerez jamais le prénom que j’ai trouvé !
— Ah non ! Ça, je suis sûre qu’on ne va pas deviner ! Dis-nous ! lui répondit Shaïna.
— Dommage que ce soit un prénom de garçon, mais je le garde de côté, on ne sait jamais !
C’est Basilisc !
— Tu ne vas quand même pas donner un nom de légume à ton enfant ? demanda Emma.
— Ce n’est pas Basilic, mais Basilisc ! Il y a une nuance ! Une lettre de différence ! Le basilic d’ailleurs, ce n’est pas un légume, mais une herbe aromatique.
— Enfin, quand même…
— Bon, s’il y a un S en plus… nota Shaïna, essayant de comprendre Cunégonde.
— Attention ! Une lettre, ça peut faire toute la différence ! argumenta cette dernière. Cher et chier, ça ne veut quand même pas dire la même chose ! essaya Cunégonde.
— Cuné et ses argumentations si fines ! remarqua Emma, en haussant les sourcils de désapprobation. Elle n’aimait pas lorsque Cunégonde était grossière.
— En tout cas, on peut dire que les deux nous escagassent ! souligna Shaïna, en souriant.
— Ah ! Ah ! approuva Cunégonde. J’adore cette expression.
Bref ! Il y en a bien qui donnent des noms de fruits à leurs filles ! Cerise, Clémentine ! Et on ne leur dit rien à ces parents !
— C’est quand même pas pareil…
— On est plus habitués…
— On n’a quand même jamais rencontré quelqu’un qui s’appelait Radis ou Courgette.
— Elles sont trop petites, continua à se lamenter le petit Melchior, tout en mettant les chaussures.
— Mais non, ce n’est pas possible. Tu les mettais encore il y a deux mois, se plaignit Cunégonde.
— Mais si, c’est serré !
— Fais voir ! C’est quelle pointure ?
— Quarante-deux mille !
— Si c’est du quarante-deux mille, c’est parfait, c’est ta taille, mentit la mère. Allez ! Force un peu !
— Ça y est ! J’ai réussi !
— OK. On y va maintenant.
Zoé, l'une des petites filles, s'enfuit en hurlant :
— Elle vient pour nous faire rôtir !
— Comme des andouillettes ! ajouta son frère Jules.
— Bonjour Zoé ! Je t’ai fait des côtelettes…
à la savonnette ! lui annonça-t-elle joyeusement.
— Oh ! Non ! Non ! Non ! répondit la petite fille
en riant. Ce n’est pas une recette ça !
— Ah bon ? lui demanda la petite sorcière, surprise.
Tu ne veux pas en manger ?
— Non merci sœurette, lui répondit Zoé. Mais par contre,
je veux bien t’apprendre à faire des recettes !
Une fois que les devoirs furent finis, il lui fallut batailler cette fois-ci avec le plus petit pour que ce dernier aille prendre son bain.
— Tu n’es pas Jacquouille ! Tu dois te laver ! Viens prendre ton bain !
Mais contrairement à ses attentes, le petit Melchior lui répondit :
— Si ! Ze suis Zacquouille la Fripouille !
— Oui ! Eh bien ! Jacquouille aussi, il prend son bain !
— Ze veux faire comme lui ! Tout habillé !
— Certainement pas !
— Et pleins de cotons aussi !
— Et puis quoi encore ?!
— « I » fait comme ça dans le film !
— Oui… bah… c’est un film ! Ce n’est pas la vraie vie…
— Je veux faire comme Monsieur Oooouuuiiillle ! se mit à hurler le petit garçon comme s’il avait été le héros d’une bande dessinée.
Et là, Cunégonde se demanda pourquoi elle avait fait référence à Jacquouille La Fripouille.
— Bon alors, un SWAP, c’est quoi ?
— Un échange de colis !
— Ouais ! Bonne mémoire !
— J’ai plutôt intérêt dans mon métier ! lui répondit Amandine, en souriant.
— Bon maintenant… Attention !... C’est plus difficile ! Il y a deux mots : « Wish List », c’est quoi ?
— Euh !... Facile quand on parle anglais… Attends un peu… Oui, je sais ! Les livres qu’on a envie d’avoir !
— Yes !
— Maintenant en français ! PAL ?
— Ce n’est pas de la nourriture pour chiens ça ?
Sophie éclata de rire.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
Puis, la mémoire lui revint et elle s’exclama : Ah oui ! Tu as raison ! La pub avec le chien qui court !
— Pedigree Pal ! s’écrièrent-elles toutes les deux en chœur.
Le soir même, lorsque Cunégonde retourna chez elle, à quelques maisons de là, elle était heureuse d’avoir célébré Halloween dans les traditions.
La plupart du temps, peu de personnes aimaient la période automnale. Pourtant, c’était sa saison préférée. Elle aimait les couleurs changeantes des feuilles, faire pousser des coloquintes et des citrouilles dans son jardin, juste pour décorer. Des créatures fantomatiques et de gigantesques toiles d’araignées apparaissaient même fin octobre devant sa maison. Certains voisins, qui restaient fermés à la mixité des cultures, trouvaient cela complètement idiot, mais elle s’en fichait. Cunégonde aimait l’automne et les festivités d’Halloween.
Elle commença à chercher le numéro de Mathieu sur le répertoire de son téléphone, sélectionna son nom et appuya sur le téléphone vert, signe que l’appel allait se faire à l’instant même. Son cœur battait à tout rompre.
— Allo ? répondit-il. Arwen, c’est toi ?
— Euh… Oui… hésita-t-elle.
C’est vrai, je suis Arwen, je ne suis pas Amandine, pensa la jeune femme. Il ne me connait que sous le pseudo d’Arwen…
— On est devant le stand de Babelio. Il y a un monde fou ! Dépêche-toi, on t’attend !
— Je… je… je ne peux pas venir. J’ai la grippe, dit-elle sans réfléchir.