Entretien avec Carole-Anne Eschenazi à l'occasion de la rencontre entre l'auteur et les lecteurs de Babelio.com le 22 juin 2018. Découvrez les 5 mots choisis par l'auteur pour évoquer son roman "Et si tu redistribuais les cartes de ta vie ?".
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« En soi, Jeff n’est pas spécialement pour la clope, ou pour la biture, mais c’est vrai qu’il est un peu nostalgique de ces soirées où le monde pouvait être refait, arrondi, adouci, dans les volutes des gitanes et la chaude couleur du whisky. Cela avait un côté feu de camp originel, quelque chose d’un peu archaïque et de fondamentalement viril. Comme si l’absorption de ces substances, et même si elles n’étaient pas bonnes pour la santé, procédait d’une envie de partage, d’une solidarité masculine avérée, d’une fraternité inaliénable. Aujourd’hui, tout est à la fois plus cruel et plus aseptisé. On baigne dans le politiquement correct et dans le socialement insupportable.
Quand Jeff a commencé à désaltérer la gent humaine, ceux qui venaient s’affaler à son bar pour y chercher l’apaisement capiteux, c’était essentiellement des cocus ou des travailleurs ordinaires. Les uns chialaient sur la chiennerie de la nature féminine, les autres sur les difficultés rencontrées avec tel patron, tel collègue, tel client, tel contrôle fiscal.
Anthony est partageur. Quand il baise une nana, il aime bien la refiler ensuite à son meilleur pote. [...] L'odeur du pognon les [les filles] enivre. Elle leur monte d'un coup aux narines tout en leur descendant le string en même temps.
Juste après le repas, elle s'installa dans le canapé, carnet en main, et, en étape préliminaire à l'exercice des ballons, se questionna. Qu'avait-elle besoin de laisser partir dans sa vie? A quels endroits de son existence y avait-il des deuils non achevés-voire non entamés? Avec quels morceaux de son parcours devait-elle aujourd'hui faire la paix? Elle sentit son cœur s'égratigner à l'énoncé de ces questions. Elles étaient d'autant plus difficiles à affronter que la jeune femme avait mis, depuis des lustres, toute son énergie à les occulter.+
Tu te souviens que je t'ai parlé d'un cadeau ? Eh bien, il est là, dans la maison. Il t'attend tranquillement. Je te laisse le trouver. Et si tu n'y arrives pas toute seule, demande à Osiris de t'aider.
Demander au chat ? La drôle d'idée ! Du Lousiane pur !
...
Osiris bougea lentement la patte, dans un auguste mouvement, et sembla indiquer le tiroir de la table sur laquelle il était juché.
Buvant comme un nectar d'Eden chaque mot qu'il avait prononcé, y trouvant la symétrie exacte ce qu'elle-même ressentait, Tara, les yeux flambants, s'approcha de lui. De ses mains, elle lui effleura les joues puis, timidement, avança ses lèvres vers les siennes. Leurs bouches, d'abord indécises, ensuite plus audacieuses, s'offrirent alors l'un à l'autre dans un tourbillon essoufflé. Le baiser s'approfondit, accentua sa houle intime, comme une rose déploie ses pétales. Tara dut s'amarrer aux épaules masculines pour ne pas tomber, tant le vertige la saisissait peu à peu. L'instant dura longtemps, et lorsque leurs lèvres se séparèrent, Tara s'attendit presque à trouver les bougies totalement consumées et le jour revenu.
Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut mais on est responsable de ce que l'on est.
La vie est une mystère qu'il faut vivre et non un problème à résoudre
Oh, bien sûr, j’ai de quoi manger chaque jour (même plus que ma part selon l’avis de ma balance!), j’ai un toit au-dessus de la tête, un boulot stable et sécurisant, une famille dans l’ensemble très supportable, des amis fidèles et un chat compréhensif. Oui, j’ai tout ça. So what? Le fait est que ça ne suffit pas à me rendre véritablement heureuse. Tous ces éléments objectivement positifs de mon existence ne parviennent pas à me faire oublier que ma vie sentimentale est un désert, que ma vie professionnelle est un «faute de mieux», que mon corps est un boulet, et que mes projets à long terme s’appellent nada. Et j’ai beau éplucher tous les magazines féminins exhortant à perdre 5 kilos avant l’hiver ou proposant des tas de méthodes miraculeuses pour devenir un sex-symbol et trouver l’homme idéal, on ne peut pas dire que ces lectures me soient utiles.
J’attends d’un homme qu’il sache à la fois être le prince charmant et l’homme invisible selon les circonstances. Comment voulez-vous qu’il s’en sorte, le pauvre? Alors quand je vois Nina qui trouve pantoufle de verre à son pied, je suis heureuse pour elle, mais ça me rappelle aussi que, pour moi, le conte de fées est loin d’avoir commencé. Si je mets tout ça bout à bout – les kilos en trop, le boulot plan-plan, l’amour absent –, ma vie m’apparaît comme un grand vide.