… car si je veux que Saint-James survive, je dois élaborer un plan en béton armé. Pour l'instant je n'ai rien d'autre en stock que d'enterrer Livai sous ma terrasse, ou bien de le renvoyer chez lui par colissimo. Tentant, mais malheureusement iréalisable.
On raconte un tas de conneries sur le deuil et ses étapes. Je n’ai jamais adhéré à ces théories. Je reste bloquée sur la colère. C’est le sentiment le plus salvateur que je connaisse pour continuer à vivre quand quelqu’un vous manque.
- Jalil a trouvé votre rencontre très sympathique
J'ai la désagréable impression que Fergus cherche à m'offrir à n'importe quel mâle. C'est hyper désobligeant. Je suis donc un boulet si encombrant? [...]
- Il a l'air gentil, bougonné-je.
Il a l'air gentil, on l'aime bien au village depuis qu'on a perdu le chien. Je me mords la langue pour ne pas laisser cet adage piquant franchir mes lèvres.
Dites, vous allez m’empêcher de travailler pendant combien de temps ?
Votre terre sera sous la juridiction de nos services le temps nécessaire à l’enquête et à l’élucidation de la vérité.
Que répondre à ce genre de tirade ? Sous cette formulation alambiquée, j’entends « tu te tais et tu ne me compliques surtout pas la vie avec tes carottes à la con. Parce que le chef c’est moi, OK la paysanne ? ».
Sur ma tombe, on pourra lire ceci : ci-gît Lola capable de s'endormir avec un prédateur nu dans sa chambre, quelle cruche.
— Votre terre sera sous la juridiction de nos services le temps nécessaire à l’enquête et à l’élucidation de la vérité.
Que répondre à ce genre de tirade ? Sous cette formulation alambiquée, j’entends « tu te tais et tu ne me compliques surtout pas la vie avec tes carottes à la con. Parce que le chef c’est moi, ok la paysanne ? ».Il se peut que mon interprétation soit légèrement exagérée, mais je suis certaine de ne pas être si éloigné que ça de la vérité. Je frémis, prête à aboyer à l’officier que sa réponse n’en est pas une, mais celui-ci se détourne, puis s’éloigne pour rejoindre ses confrères en train de s’agiter au milieu des fanions.
— Tu restes zen, Lou. Un cadavre, c’est déjà un de trop
— Alors ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Je devine l’impatience de la fringante mamie.
— Crois le ou non, j’ai eu la désagréable surprise de trouver un mort dans les Nébulas.
Henrietta reste bouche ouverte face à ce potin de premier choix.
— Noooon, souffle-t-elle.
— Je t’assure, c’est le genre de truc qui te réveille sacrément de bon matin.
« J’aurais dû écouter mon instinct et quitter Prague à la seconde où mes souvenirs ont décidé de se réveiller pour me serrer la gorge jour et nuit. Je ne fais plus partie de ce monde, ni de celui des humains, ni de ma propre espèce. Que quelqu’un me rende mon île, par pitié… »
On raconte un tas de conneries sur le deuil et ses étapes. Je n’ai jamais adhéré à ces théories. Je reste bloquée sur la colère. C’est le sentiment le plus salvateur que je connaisse pour continuer à vivre quand quelqu’un vous manque.
Je devrais la jeter sur mon épaule et l’enfermer à double tour dans ma chambre pour avoir la paix. Mais j’aime à croire que je suis un poil plus évolué qu’un gorille, même si à cet instant j’ai de gros doutes.