"_ Mère, accouche-moi !
_ Et comment accoucher de toi, puisque tu n'es pas encore à terme ?
_ Eh bien ! Je m'accouche tout seul", fit l'enfant au premier chant du coq.
Ceux qui sont morts ne sont pas morts...
Les morts ne sont pas sous la terre.
Ils sont dans l'arbre qui frémit.
Ils sont dans l'eau qui coule.
Ils sont dans l'eau qui dort.
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule.
Les morts ne sont pas morts.
Le feu du bois que l'on a soi-même abattu et débité semble plus chaud qu'aucun autre feu...
Lorsqu’il s’agit d’épouses, deux n’est point un bon compte. Pour qui veut s’éviter souvent querelles, cris, reproches et allusions malveillantes, il faut trois femmes ou une seule et non pas deux. Deux femmes dans une même maison ont toujours avec elles une troisième compagne qui non seulement n’est bonne à rien, mais encore se trouve être la pire des mauvaises conseillères. Cette compagne c’est l’Envie à la voix aigre et acide comme du jus de tamarin.
« À QUOI TIENT L'AMOUR » ?
Pour René FLORIO
Aux mots, à leur accent, aux choses,
Aux mille questions que l'on pose,
Au lourd silence inopportun,
Aux rêves qui fuient un à un ;
Aux sanglots réduits au silence,
Au lourd silence fait de souffrance,
Aux souffrances faites d'aveux
Qu'on ne dit plus dès qu'on est deux ;
À l'aspect des lieux que l'on hante,
Aux mots qu'on ne dit pas, aux mots
Aux mots qu'on a dits peut-être trop tôt,
Aux nerfs sensibles d'une amante
Et à l'énervance de l'air
Un soir trop parfumé, trop clair.
Point n'est besoin d'un gros appât pour piéger une grosse bête.
Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Fin d’année
Le ciel est grisâtre et froid
Pâle le soleil grelotte ;
Morne mon rêve sanglote,
Tout désir est mort en moi.
Seule auberge au fond d’un bois,
Mon cœur héberge un seul hôte
Qui démolit et lui ôte
Tout ce qui fut autrefois.
Tout est mort et tout est cendres,
Les doux baisers, les mots tendres
S’estompent au fond du cœur.
Goutte à goutte choient les pleurs
Et l’Espoir trop las d’attendre
S’éteint loin de la rumeur.
Vivre seul et se moquer d’autrui, se moquer d’autrui, de ses soucis comme de ses succès, c’est là, sans conteste, un sage et raisonnable parti. Mais ignorer absolument les rumeurs, les potins, et les cancans, cela peut amener parfois des désagréments au solitaire.
Le souffle des ancêtres Birago Diop
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s’entend
Entends la voie de l’eau
Ecoute dans le vent
Le buisson est un sanglot :
C’st le souffle des ancêtres
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule,
Les morts ne sont pas morts.
Ce poème du Sénégalais Birago Diop est connu de tous les écoliers africains, et cité dans Congo, une histoire de David Van Reybrouck.