Benjamin Lesage présente
Corentino, son nouveau roman inspiré d'une histoire vraie.
Corentino les regarde, obnubilé. Le plus grand, celui qui a une barbe lui parle. Il a compris le mot "Français". Ça veut dire qu'il est bien arrivé en France, un sourire apparaît sur son visage, il ouvre son sac et en le livre du Petit Prince.
Malgré ses maigres moyens, Mohammed nous offre du thé et des biscuits le lendemain matin. Impossible de refuser, même si nous savons que Mohammed est bien plus pauvre que nous. Je me sens très gêné, j’ai l’impression de commettre une injustice. Mais j’apprends aussi que la nature humaine peut être généreuse, que les gens ont plaisir à donner et qu’il faut savoir recevoir avec humilité.
Il est des moments comme ça, où l'on ne contrôle plus rien, où l'on devient aveugle, inconscient, sourd à toutes les précautions ou les messages de raison ...C'est ce qui nous est arrivé ce soir-là, sur la route de Rabat.
Nous faisons connaissance avec les serveurs. Ils dorment sur place, travaillent douze heures par jour, quinze jours d'affilée. Ensuite ils bénéficient de deux jours de repos, avant d'entamer à nouveau quinze jours de travail. Le tout pour 510 réaux par mois, à peine plus de 200 euros.
(Recife, Brésil)
Notre projet, ce serait d’aller en stop de La Haye au Mexique, sans argent et en laissant derrière nous l’empreinte écologique la plus faible possible ! Nicola n’était pas emballé à l’idée de partir les poches vides.
« Pourquoi sans argent, quel intérêt ? objecta-t-il. C’est un bon outil si on l’utilise bien. Pourquoi s’en priver ?
— Parce que si l’on veut que le voyage soit le plus écologique possible, il faut consommer le moins possible, fut la réponse de Raphael.
La nuit tombe quand nous finissons par arriver chez des amis de Mohammed, où nous sommes fraîchement accueillis. Notre hôte est dépité et gêné. Du coup, nous découvrons qu'en réalité, il n'a pas de chambre et qu'il vit en haut d'un escalier, devant la porte qui mène au toit. Il s'est installé sur des cartons avec ses seules possessions : quelques vêtements et des livres. Notre nuit se passera à ses côtés, sur les larges marches de l'escalier. Malgré ses maigres moyens, Mohammed nous offre du thé et des biscuits le lendemain matin. Impossible de refuser, même si nous savons que Mohammed est bien plus pauvre que nous. Je me sens très gêné, j’ai l’impression de commettre une injustice. Mais j’apprends aussi que la nature humaine peut être généreuse, que les gens ont plaisir à donner et qu’il faut savoir recevoir avec humilité.
(Rabat, Maroc)
Il faut profiter de cette capacité d’indignation propre à la jeunesse ! Je me souviens des manifs, j’avais 15 ans et j’étais émerveillé. Quelques années plus tard, c’était à mon tour de descendre dans la rue, j’étais engagé dans les grands mouvements antinucléaires de l’époque. »
Si c’était de l’argent volé qu’il s’apprêtait à restituer, pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Si… et avec ce si, l’espoir revint, petit à petit ; si c’était vraiment l’argent volé. Qui pouvait l’affirmer avec certitude ? L’argent avait la couleur de l’argent, les chevaux trigueños étaient marron foncé et l’un comme l’autre pullulaient à la surface du globe.
Il nous reste à en tirer les leçons : il est essentiel de prendre son temps, de bien réfléchir avant de s’engager dans un projet de ce type. L’un des moments les plus appréciés par nos visiteurs est la réunion du soir, qui permet à chacun de s’exprimer, de lever les tensions ou les non-dits, et qui crée la notion de groupe. – Benjamin, p. 232
Quelques jours parmi nous leur permettent de s’extraire de la société, de prendre du recul, de réfléchir sur leur vie et finalement d’avancer. Offrir une expérience différente et provoquer le changement, c’est exactement l’objectif que nous voulions atteindre. – Benjamin, p.117